Changement climatique : un virage à 180 degrés de Biden sur l’Accord de Paris peut-il susciter des actions ?

Responsabilité sociale - Le marché des obligations vertes et sociales, qui continue de croître, d’évoluer et de se diversifier, reste un outil utile pour promouvoir le développement durable. Analyse des implications pour les investisseurs avec Andrew Howard, Responsable de l’investissement durable chez Schroders.

La 26e Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 26) aurait dû se tenir en novembre à Glasgow, en Écosse, mais elle a été reportée en raison de la pandémie de coronavirus. Les dirigeants mondiaux devaient proposer des mesures plus strictes et plus détaillées pour soutenir l’Accord de Paris.

Bien que la COP 26 ait été repoussée à 2021, nous observons depuis quelques mois un alignement des astres favorable à des actions beaucoup plus sévères et plus rapides pour réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Quatre indices d’un changement rapide à venir

La hausse de 3,8 °C au-dessus des niveaux préindustriels suggéré par notre dernière mise à jour du Tableau de bord du changement climatique est en baisse par rapport à la hausse de 3,9 °C enregistrée en milieu d’année, mais elle est encore loin de la limite « inférieure à 2 °C » inscrite dans l’Accord de Paris sur le climat. Toutefois, des signes de renforcement des mesures se profilent.

Il n’y a pas de solution miracle à la menace que pose le changement climatique. Elle nécessite, entre autres, des politiques agressives, une réallocation rapide du capital et des incitations financières fortes. Mais quatre indices nous portent à croire que nous pourrions être sur la voie d’un changement rapide, notamment l’élection de Joe Biden aux États-Unis.

Ensemble, ces indices dressent l’image d’une pression croissante sur le statu quo. En supposant que les déclarations d’intention se traduisent en actions, la hausse de la température à long terme prévue par notre Tableau de bord du changement climatique pourrait continuer à baisser.

1) Reprise post-Covid et objectifs climatiques en Europe

Premièrement, de nombreux gouvernements se sont engagés à veiller à ce que la reconstruction de leur économie soit alignée sur leurs objectifs climatiques à long terme. Il est largement admis que la reprise post-coronavirus est l’occasion de construire des économies plus durables et de lutter contre le changement climatique.

Le Green Deal de l’UE est au cœur de la reprise en Europe. Approuvé en 2019, il s’agit d’un cadre politique et d’un ensemble de mesures qui visent à transformer l’économie européenne, avec pour objectif principal d’atteindre la neutralité climatique d’ici 2050.

Dans le même temps, la Commission européenne a annoncé en mai un instrument de relance appelé Next Generation EU, qui s’inscrit dans un budget à long terme révisé pour l’UE. Ce mois-ci, le Parlement européen et les États membres de l’UE sont parvenus à un accord sur une enveloppe de 1 800 milliards d’euros, dont 30 % consacrés à la lutte contre le changement climatique, soit la plus grande part du plus grand budget européen de l’histoire.

2) USA, virage à 180 degrés de la politique climatique

Deuxièmement, la présidence de Joe Biden devrait entraîner une transformation de la politique climatique américaine. Le jour où les États-Unis ont officiellement quitté l’Accord de Paris sous le régime de Donald Trump, Biden a promis de revenir dans l’Accord une fois élu. Il a tweeté le 5 novembre : « Aujourd’hui, l’administration Trump a officiellement quitté l’Accord de Paris sur le climat. Et dans exactement 77 jours, une administration Biden le rejoindra. »

L’administration Barack Obama est entrée dans l’Accord de Paris en 2015. L’engagement de Biden de rejoindre l’Accord et d’engager les États-Unis à atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050 devrait entraîner d’importants investissements dans les industries et les technologies vertes.

Il a présenté un plan d’énergies propres et d’infrastructures de 2 000 milliards de dollars. La réglementation des secteurs les plus émetteurs, notamment le pétrole et le gaz, les services aux collectivités et l’automobile, devrait également être renforcée.

3) Asie, nouveaux engagements en faveur du net zéro

Troisièmement, il y a eu une série d’engagements nationaux en faveur du net zéro. Depuis octobre, les dirigeants chinois, japonais et coréens ont tous pris un engagement net zéro.

4) Objectifs mondiaux de réduction des émissions des entreprises

Quatrièmement, un nombre croissant d’entreprises ont pris des engagements publics ambitieux en faveur de la décarbonation. Au cours des dernières années, le nombre d’entreprises ayant rejoint l’initiative Science Based Targets (SBTi) a explosé.

Le SBTi est un partenariat entre le fournisseur de recherches sur le climat CDP, le Pacte mondial des Nations Unies (UNGC), le World Resources Institute (WRC) et le Fonds mondial pour la nature (WWF).

Plus de 1 000 entreprises travaillent aux côtés de la SBTi pour se fixer des objectifs scientifiques et rendre compte des progrès réalisés sur un an. L’année dernière, ce chiffre était inférieur à 400.

Changement climatique : un virage à 180 degrés de Biden sur l’Accord de Paris peut-il susciter des actions ?

Au total, les pays ou les États américains représentant plus d’un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre et près de la moitié du PIB ont désormais pris un engagement net zéro.

Changement climatique : un virage à 180 degrés de Biden sur l’Accord de Paris peut-il susciter des actions ?

L’Accord de Paris en bref

L’objectif central de l’Accord de Paris est de renforcer la réponse mondiale à la menace du changement climatique en maintenant au cours de ce siècle une hausse de la température mondiale bien en dessous de 2 degrés Celsius au-dessus des niveaux préindustriels. Les signataires visent même à limiter la hausse de la température à 1,5 degré Celsius.

Tableau de bord du changement climatique de Schroders

Schroders a élaboré le Tableau de bord du changement climatique pour suivre les progrès induits par un certain nombre de facteurs, allant des prix du carbone aux énergies renouvelables en passant par les capacités de capture et de stockage du carbone. Le tableau de bord a été élaboré mi-2017.

Changement climatique : un virage à 180 degrés de Biden sur l’Accord de Paris peut-il susciter des actions ?
Changement climatique : un virage à 180 degrés de Biden sur l’Accord de Paris peut-il susciter des actions ?
Changement climatique : un virage à 180 degrés de Biden sur l’Accord de Paris peut-il susciter des actions ?

Le deuxième graphique ci-dessus présente l’évolution de chaque indicateur par rapport à la dernière mise à jour (deuxième trimestre 2020). Enfin, le troisième graphique ci-dessus illustre l’évolution de chaque indicateur depuis le lancement du Tableau de bord du changement climatique mi-2017.

Andrew Howard - Schroders

Voir tous les articles de Andrew