2 milliards de personnes sans accès à des services financiers

Responsabilité sociale - La Banque Mondiale a relevé dans son enquête FINDEX 2015 que 2 milliards d'adultes n'ont aucun accès à des services financiers formels.

La bonne nouvelle est que le nombre des personnes adultes exclues a diminué de 500 millions par rapport  à l’enquête précédente réalisée en 2011. Bien sûr la simple détention d’un compte auprès d’institutions financières formelles, y compris les institutions de microfinance, est un critère rudimentaire d’inclusion financière. Il ne rend compte ni de l’usage effectif ni de la facilité d’accès aux services, ni des bénéfices que retirent réellement les plus pauvres d’une relation bancaire ou quasi-bancaire. En effet l’inclusion financière va très au-delà de l’accès au crédit ou à un compte. Tout aussi déterminant est l’accès à des produits d’épargne pour faire face aux imprévus et d’assurance pour réduire les risques.

Malgré ces limites, l’enquête donne la mesure du défi de l’inclusion financière à l’échelle mondiale. Elle révèle aussi plusieurs sources d’inégalité devant l’inclusion financière. Cette inégalité intervient d’abord en fonction des pays : le « taux de bancarisation » est en moyenne de 14 % au Moyen-Orient et de 34 % en Afrique Sub-Saharienne, à comparer à 62 % en moyenne dans le monde. Ensuite, le genre est aussi source d’écart de traitement. Ainsi, le taux de bancarisation des femmes est inférieur de 9 points à celui des hommes dans les pays en développement. Enfin, il y a une inégalité entre urbains et ruraux, en raison de la difficulté d’accès, malgré le développement du « mobile money », notamment en Afrique sub-saharienne où 12% des adultes détiennent un compte de ce type.

L’Afrique Sub-Saharienne / Moyen-Orient, les femmes, et le milieu rural sont précisément les trois axes prioritaires de la politique d’investissement et d’accompagnement choisis par la Fondation Grameen Crédit Agricole et que reflètent les chiffres de fin 2015. A cette date, les 46 institutions partenaires de la Fondation comptaient 3,2 millions d’emprunteurs actifs, dont 84 % sont des femmes. Ces bénéficiaires finaux vivent pour 78 % d’entre eux en zone rurale et pour 24 % en Afrique subsaharienne.

Une autre enquête réalisée en 2015 par le CGAP révèle qu’après plusieurs années de croissance régulière, le financement international de l’inclusion financière s’est stabilisé en 2014 à 31 milliards de dollars, dont 72 % de financement public et 28 % de financement privé. On peut observer que l’allocation de ces ressources internationales entre les régions du monde est loin de refléter leur situation relative en termes d’inclusion financière : ainsi l’Europe de l’Est et l’Asie centrale captent 31 % des financements, alors que l’Afrique et le Moyen-Orient ne bénéficient que de 24 % de cette manne, bien que leurs taux de bancarisation de 34 % et 14 % soient très inférieurs au taux de 51% observé en Europe de l’Est et Asie centrale.  Si les agences de coopération et les Institutions Financières Internationales partagent notre conviction que l’inclusion financière est une des clés du développement, il serait urgent qu’elles révisent l’allocation de leurs ressources pour donner la priorité aux régions et aux secteurs les plus en retard.

Jean-Marie Sander - Fondation Grameen Crédit Agricole

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