Marie Janoviez – Caravel : PER éthique et solidaire, « nous pouvons retracer ce que finance l’argent de nos clients »

Responsabilité sociale - Six Français sur dix accordent de l’importance aux impacts environnementaux et sociaux dans leurs décisions de placements. Comment donner du sens à son épargne dans l'enveloppe fiscale d'un Plan Epargne Retraite (PER) ? Marie Janoviez, co-fondatrice de Caravel, répond en exclusivité au Courrier Financier.

L’épargne-retraite se met au vert. D’après un sondage publié en septembre dernier par le Forum pour l’Investissement Responsable (FIR), six Français sur dix accordent de l’importance aux impacts environnementaux et sociaux dans leurs décisions de placements. La fintech française Caravel — spécialiste de l’épargne-retraite « éthique et solidaire » — propose trois enveloppes de Plan Epargne Retraite (PER) en partenariat avec l’assureur APICIL. Ces complémentaires incluent notamment des fonds labellisés Finansol (Plan Solidaire) et Greenfin (Plan Climat). Marie Janoviez, co-fondatrice de Caravel, répond en exclusivité au Courrier Financier.

Le Courrier Financier : Aujourd’hui, qu’est-ce qui différencie un PER éthique et solidaire d’une complémentaire retraite classique ?

Marie Janoviez - Caravel : PER éthique et solidaire, « nous pouvons retracer ce que finance l’argent de nos clients »
Marie Janoviez

Marie Janoviez : La transparence et la traçabilité ! L’une des raisons pour lesquelles nous avons créé Caravel, c’est justement pour apporter de la transparence et de la traçabilité dans un secteur très opaque. Notre PER — que nous qualifions d’éthique et solidaire — propose des fonds uniquement labellisés (Greenfin, Finansol), qui excluent les énergies fossiles et répondent à des critères extra financiers très sélectifs.

Ainsi, nos clients ont-ils accès depuis leur espace personnel aux secteurs et aux projets qu’ils financent. C’est un point fondamental pour nous, sachant que des milliards sont investis en épargne retraite chaque année. La grande majorité du temps, ces investissements ne sont pas du tout en accord ni avec nos valeurs, ni avec les efforts que nous pouvons réaliser au quotidien — manger moins de viande, se déplacer à vélo, etc.

C.F. : Vous promettez une performance nette de 5 % par an jusqu’à la retraite. Quel sera l’impact de l’inflation sur les performances à long terme de vos placements ?

M.J. : Nous ne promettons pas une performance nette. Il s’agit d’un objectif de performance pour nos clients. Il se fonde sur une moyenne réalisée par les fonds que nous avons sélectionnés sur les cinq dernières années. Elle est de 5,2 % aujourd’hui avec des années beaucoup plus hautes et des années plus basses. Comme le dit le mantra financier « les performances passées ne présagent pas des performances futures ».

En revanche, nous promettons de gérer l’argent de nos clients en adaptant le risque selon leur âge, et ce jusqu’à leur retraite. Un client qui ouvre son compte à 30 ans ou à 50 ans chez Caravel n’aura pas les mêmes allocations, et donc pas le même risque associé. Nous sécurisons les fonds à l’approche de la retraite. Il pourra être revu en fonction de l’évolution du contexte macro-économique, avec toujours en première ligne la défense de l’intérêt de nos clients.

C.F. : Comment se compose l’enveloppe fiscale de votre plan climat ? Y a-t-il des frais de gestion pour les épargnants ?

M.J. : Nous avons conçu des plans thématiques afin de permettre à chacun de nos clients de financer les causes qui lui tiennent à cœur. Notre plan climat finance à 100 % la lutte contre le réchauffement climatique et la protection de l’environnement. Il est composé de fonds labellisés Greenfin. Ce label a été créé par le ministère de la transition écologique afin de garantir la qualité verte des fonds d’investissement et est le plus exigeant d’Europe.

Ce plan est composé de cinq fonds, très diversifiés en optant pour de nombreux différents supports (ETF, actions, obligations, SCPI, private equity). L’allocation au sein de ces fonds varie selon l’horizon d’investissement. Sur la partie tarifaire, nous avons fait le choix de n’appliquer aucun frais optionnel — les frais d’entrée, de versements, d’arbitrages, etc. sont de 0 %. Les seuls frais qui s’appliquent sont les frais de gestion, que nous retrouvons sur tous les contrats. Nous sommes globalement 2,5 fois moins cher qu’un acteur traditionnel.

C.F. : Dans quels secteurs Caravel investit-elle pour lutter contre le réchauffement climatique ?

M.J. : Grâce au travail de nos équipes, nous pouvons retracer ce que finance l’argent de nos clients. Si nous reprenons l’exemple du plan climat, vous financez par exemple la gestion des déchets, la construction durable, les transports propres, l’agriculture et la gestion durable des forêts. Vous ne financez pas l’exploitation de combustibles fossiles, l’exploitation forestière, etc. mais également élargissant à tous secteurs géographiques (Europe, US, Asie, etc.) et 8 éco-activités (eau, énergie, immobilier, services, etc.)

C.F. : Dans E-S-G, le « S » de social fait parfois figure de parent pauvre. Comment adressez-vous cette problématique avec votre plan Solidaire ?

M.J. : Nous partagions ce point de vue, c’est pourquoi nous avons voulu proposer cette thématique dédiée avec Caravel. Les fonds sélectionnés dans ce plan sont tous labelisés FAIR (ex-Finansol) ce qui garantit de façon indépendante que l’épargne contribue réellement au financement d’activités génératrices d’utilité sociale et/ou environnementale.

Par exemple, financer l’accès à l’emploi, au logement, le soutien à l’agriculture biologique et aux énergies renouvelables ou encore à l’entrepreneuriat dans les pays en développement. Il est d’actualité de parler d’impact, d’éthique. Nous souhaitons vraiment proposer une solution qui s’engage et qui va plus loin que ce que vous trouvez aujourd’hui en majorité sur le marché.

C.F. : Comment allez-vous développer votre offre en épargne-retraite responsable, d’ici fin 2023 ?

M.J. : Notre raison d’être consiste à garantir une retraite à tous dans un monde vivable. Cotiser des années pour détruire la planète était totalement exclu pour nous. Nous évoluons dans un contexte réglementaire et technique très particulier, mais nous avons la volonté d’aller toujours plus loin.

En 2023 nous ferons évoluer l’espace client dans cette logique d’apporter toujours plus de transparence et de traçabilité. Nous aimerions aussi financer des projets plus locaux. Enfin nous souhaitons nous engager toujours plus en tant qu’entreprise, par exemple en allant chercher une certification B-Corp.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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