Joseph Choueifaty – Goodvest : « Les forêts gérées de manière durable sont essentielles pour notre planète »

Responsabilité sociale - En France, 31 % du territoire est recouvert de bois et forêts. Comment investir dans les entreprises de la filière forestière ? Quel rendement attendre de ce placement responsable ? Joseph Choueifaty, co-fondateur de Goodvest, répond en exclusivité au Courrier Financier.

Lancé en 2021, Goodvest — courtier en assurance et conseiller en investissement financier — s’investit dans la transition écologique. La fintech compose des portefeuilles de fonds en adéquation avec l’Accord de Paris. Son assurance vie GOODVIE permet ainsi de réduire l’impact carbone de ses investissements. Ce lundi 3 octobre, Goodvest a intégré un septième thème d’investissement dans son portefeuille de fonds : les forêts. Dans ce cadre, le fonds actions Pictet Timber investit directement dans la filière forestière et bois. Joseph Choueifaty, co-fondateur de Goodvest, répond en exclusivité au Courrier Financier.

C.F : Quel rôle la forêt joue-t-elle dans la lutte contre le réchauffement climatique ?

Joseph Choueifaty – Goodvest : « Les forêts gérées de manière durable sont essentielles pour notre planète »
Joseph Choueifaty

Joseph Choueifaty : Les forêts gérées de manière durable sont essentielles pour notre planète. Elles protègent les sols, stockent l’eau, et sont les habitats naturels les plus importants pour la biodiversité. Les forêts constituent un capteur naturel de CO2 dans la mesure où elles permettent de ralentir le réchauffement climatique ! 

C.F : Que représente la filière forestière et bois en France, d’un point de vue économique ?

J.C. : La France détient la quatrième surface forestière d’Europe, avec une surface boisée qui couvre 31 % du territoire. Elle compte plus de 190 espèces d’arbres. D’un point de vue économique, la filière Forêts-Bois représente aujourd’hui plus de 1 % du PIB français. Néanmoins, cette filière est vouée à prendre de plus en plus de place dans notre économie. L’offre de bois ne cesse de diminuer, alors que la demande augmente fortement.

La part des forêts primaires dans le monde ne cesse de se réduire, passant de 30 % aujourd’hui, à 10 % d’ici 2030. En 50 ans, le poumon vert amazonien a perdu 17 % de sa surface. Les politiques de réduction carbone à travers le monde incitent les entreprises à intensifier l’utilisation du bois. L’exploitation et la multiplication des usages du bois sont un véritable atout dans la transition environnementale : ameublement, construction écologique neutre en carbone, emballages recyclables et compostables, etc.

C.F : Pourquoi la fintech Goodvest s’intéresse-t-elle au thème de l’investissement en forêt ?

J.C. : Les forêts sont indispensables à notre environnement et le phénomène de déforestation s’aggrave chaque année. Ce qui s’est passé l’été dernier, en France, en Europe, partout dans le monde nous conforte dans l’idée que les forêts jouent un rôle clef dans la lutte contre le réchauffement climatique. Dans un contexte de nécessaire réduction de nos émissions de gaz à effet de serre, l’absorption massive du CO2 par les forêts leur confère un statut de véritables puits de carbone.

En Europe, ce puits primaire de carbone s’élève à 400 millions de tonnes par an. Il est nécessaire de s’y intéresser, afin de promouvoir et soutenir les entreprises fortement impliquées dans la gestion de ces forêts. Dans le prolongement de notre offre et de notre souhait de démocratiser l’investissement responsable, cette thématique offre également une exposition très positive au développement durable.

C.F : Quelles sont les caractéristiques du fonds actions Pictet Timber ? Pourquoi l’avez-vous choisi pour investir en assurance vie ?

J.C. : Le fonds Pictet Timber est aujourd’hui le seul fonds au monde géré activement, qui investit dans des sociétés cotées tout le long de la filière du bois. Pictet AM est reconnue pour son expertise thématique. La particularité de ce fonds est qu’il nous offre une exposition à l’ensemble de la chaîne de valeur du bois : de la plantation et la gestion de forêts à la production et la distribution de produits dérivés du bois — utilisation du bois dans la construction, dans la production d’emballages, et dans le remplacement des produits fabriqués à partir de plastique, pâtes à papier, etc.

Investissant principalement dans la filière bois, tous les secteurs sont concernés. Cela nous permet d’offrir une forte diversification à nos clients. Par ailleurs, cette classe d’actifs est traditionnellement illiquide. Ce fonds, a fortiori en assurance vie, permet d’offrir une forte liquidité à nos épargnants qu’ils ne pourraient pas obtenir via un investissement forestier en direct. Nous avons également sélectionné la part institutionnelle du fonds, qui est deux fois moins chère qu’ailleurs et sur laquelle nous ne percevons aucune rétrocession. Cela nous permet de réduire considérablement les frais pour nos clients.

C.F : Quel rendement l’épargnant peut-il attendre de ce placement ? Quelle est la durée d’investissement conseillée ?

J.C. : Depuis sa création en 2008, le fonds offre une performance d’environ 9 % par an. Bien évidemment, cela ne présage pas des performances futures. Néanmoins, ce thème apporte une diversification intéressante sur le long terme. Il nous permet d’offrir plus de décorrélation par rapport aux marchés financiers, surtout dans le contexte actuel. De la même façon, l’actif réel du bois confère une protection supplémentaire contre l’inflation. Sur ce type d’investissement, la durée d’investissement recommandée est au minimum de 5 ans.

C.F : Avec l’entrée en vigueur de la taxonomie européenne, comment accompagnez-vous les investisseurs vers des produits d’épargne plus durables ?

J.C. : Nous avons construit une offre naturellement durable. En tant qu’entreprise à mission, la démocratisation de l’investissement responsable fait partie de notre raison d’être. Aujourd’hui, nous sommes les seuls à tenir de l’empreinte carbone (directe et indirecte) dès la construction de nos portefeuilles. 

Nous continuerons d’aller au-delà des labels, en affinant notre sélection et en proposant une analyse extra-financière  rigoureuse de nos produits d’investissements. Nous excluons également les entreprises impliquées dans la production et l’extraction d’énergies fossiles.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

Voir tous les articles de Mathilde