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Le 23 octobre dernier, le label ISR immobilier a soufflé sa première bougie. Créé et soutenu par Bercy, le label investissement socialement responsable (ISR) est délivré pour une durée de trois ans renouvelables — au terme d’un audit mené par un organisme indépendant. L’ouverture du label ISR aux fonds immobiliers, notamment les SCPI, participe à la visibilité des produits durables. Il vise également à encadrer les bonnes pratiques du secteur. De quoi encourager l’innovation, à l’heure où se développe la finance à impact. Anne-Claire Barberi, Responsable RSE et Innovation chez Perial AM, répond en exclusivité au Courrier Financier.
Le Courrier Financier : Quel rôle remplit le label ISR immobilier ? Pourquoi ce label ?
Anne-Claire Barberi : Le label ISR immobilier est un outil de transparence pour les fonds d’investissement immobiliers. Il permet aux épargnants de mieux comprendre la performance extra-financière des fonds ; et il crée un cadre commun qui écarte le risque de greenwashing. Depuis plusieurs années, la finance durable connaît un essor très important. Comprendre les objectifs verts extra-financiers d’un fonds devient donc plus délicat.
Les professionnels du patrimoine ont affaire à un public de plus en plus averti. Aujourd’hui, les investisseurs particuliers veulent comprendre l’impact de leurs investissements. Ils posent des questions très précises aux conseillers en gestion de patrimoine (CGP) et aux sociétés de gestion de portefeuille (SGP). Les acteurs de la place ont donc avancé sur le sujet, afin d’adapter le label ISR — créé en 2016 — aux impératifs du secteur immobilier.
C.F. : Quel bilan pour le Label ISR pour les fonds immobiliers après un an d’existence ?
A.C.B. : L’apport est énorme à l’heure de l’accélération de la réglementation européenne sur la finance durable. Aujourd’hui en France, le label ISR pour les fonds immobiliers représente 23 milliards d’euros de capitalisation. Ce sont 18 SGP qui proposent au moins un fonds d’investissement immobilier labellisé ISR. Si nous nous concentrons sur le T3 2021, l’ISR immobilier représente 11 % de la capitalisation totale des fonds grand public et 20 % de la collecte nette de ces mêmes fonds.
Le label ISR pour les fonds immobiliers immobilier connaît une forte dynamique depuis un an. D’une certaine façon, tout le monde s’y met. Certaines SGP historiques ont labellisé des fonds anciens, quand d’autres ont obtenu la labellisation ISR sur des fonds plus récents. Perial AM participe au groupe de travail présidé organisé par l’ASPIM.
C.F. : Quel usage faites-vous du label ISR Immobilier chez Perial AM ? Comment le label ISR Immobilier affecte-t-il votre collecte ?
A.C.B. : Perial AM a obtenu le label ISR pour deux de ses fonds. Tout d’abord, nous avons labellisé la SCPI PFO2 — qui investit majoritairement dans les actifs de bureaux dans les grandes métropoles françaises et de la zone euro depuis sa création en 2009, représentant aujourd’hui plus de 2,5 milliards d’euros d’actifs sous gestion. En capitalisation, PFO2 est la deuxième plus grosse SCPI labellisée ISR en France.
Ensuite, nous avons la SCI Perial Euro Carbone (PEC) qui a obtenu le Label ISR Immobilier dès sa création en décembre dernier. Aujourd’hui, le label ISR couvre plus de 50 % des encours de nos fonds. Sur PEC, notre objectif consiste à maîtriser, éviter, réduire, voire à compenser les émissions carbones correspondant aux consommations d’énergie des bâtiments dans lesquels nous investissons.
Pour bien choisir les projets de compensation que nous financerons, nous favorisons les projets qui contribuent également à améliorer la qualité de vie des usagers, en plus de réduire les émissions carbone localement. Nous pensons que le label ISR a soutenu notre collecte. En 2020, notre SCPI PFO2 affiche 4,5 % de TDVM. C’est le plus important : nous avons démontré qu’une démarche extra-financière ambitieuse n’est pas antinomique avec une performance financière, bien au contraire.
C.F. : Le label ISR va être remanié. Qu’est-ce qui va changer ?
A.C.B. : Le 25 mars dernier, le Gouvernement a lancé la réforme du Label ISR. Il y a une accélération de la réflexion sur le sujet, qui doit également permettre de porter la voix de la France à l’échelle européenne, et éviter aussi que le label devienne moins contraignant que la réglementation européenne à venir. Aujourd’hui, nous devons surtout intégrer la notion de finance à impact dans le Label ISR.
Le groupe de travail organisé par l’ASPIM travaille sur plusieurs propositions d’amélioration. L’objectif est de permettre aux investisseurs et aux épargnants de comprendre facilement les objectifs extra-financiers de leurs investissements, et in fine leur impact individuel et collectif.
C.F. : Comment continuer à innover sur les sujets ESG ? Quel avenir pour le label ISR Immobilier ?
A.C.B. : Le Label ISR Immobilier doit permettre de transformer les pratiques. Certaines thématiques environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) ne sont pas encore représentées. Nous pouvons citer la protection de la biodiversité , à l’heure où l’IPBES tire la sonnette d’alarme. Ou encore un exemple qui me tient à cœur : le cas d’une résidence étudiante où la rénovation du bâti aurait un impact immédiat sur la réussite scolaire des étudiants.
Chez Perial AM, nous voulons valoriser une logique de bâtiments centrée sur les utilisateurs — plutôt qu’une logique purement financière. Cela nous permet de nous aligner sur la demande de nos clients. Qu’il s’agisse de particuliers ou d’institutionnels, ils nous demandent de plus en plus de données de mesure d’impact. C’est donc notre responsabilité d’innover sur les thématiques ESG.
