COP27 : quels engagements financiers pour le climat ?

Responsabilité sociale - Les négociations de la COP27 ont pris fin ce dimanche 20 novembre, à Charm-el-Cheikh en Egypte. Qu'en est-il du financement du fonds « pertes et préjudices » ? Quelle feuille de route pour réduire l'utilisation des énergies fossiles ? Plus de détails avec Le Courrier Financier.

COP27 : quels engagements financiers pour le climat ?

Conception Mathilde Hodouin – Réalisation Amandine Victor

Comment limiter le réchauffement global à 1,5° Celsius ? Après de longues négociations, les participants à la COP27 — la 27e conférence annuelle des Nations unies (ONU) sur le climat — ont enfin trouvé un terrain d’entente, ce dimanche 20 novembre à Charm-el-Cheikh (Egypte). L’accord entérine la création d’un fonds « pertes et préjudices », rapporte Reuters. Ce dispositif doit aider les pays en développement face aux conséquences financières du changement climatique — comme les tempêtes et les inondations. Aucune mesure supplémentaire n’est prévue pour réduire l’usage des énergies fossiles, principales responsables des émissions de gaz à effet de serre (GES).

Transition climatique, qui paiera la facture ?

Les pays du Sud — plus vulnérables au changement climatique — ont fait du lancement de ce fonds une priorité, contribuant à prolonger les débats au-delà de la date butoir de vendredi dernier. A titre d’exemple, le ghanéen Henry Kokofu, porte-parole du Climat Vulnerable Forum, avait appelé de ses vœux « un engagement clair concernant le soutien financier destiné aux pertes et dommages pour les plus vulnérables ». Toutefois, la décision définitive sera prise l’an prochain. Un « comité de transition » devrait formuler des recommandations à destination des différents pays lors de la COP28, qui se tiendra en novembre 2023.

Ces recommandations devraient notamment porter sur « l’identification et l’élargissement des sources de financement ». En d’autres termes, il faudra attendre l’année prochaine pour savoir qui seront les contributeurs au nouveau fonds. Certains pays riches craignent de devoir assumer de lourdes responsabilités financières, au titre de leur contribution passée à l’accumulation des GES dans l’atmosphère. Pour l’heure, 230 millions de dollars ont déjà été promis pour alimenter le fonds. D’après l’ONU, la transformation mondiale vers une économie bas carbone devrait nécessiter 4 à 6 billions de dollars d’investissement par an.

Réduire les énergies fossiles…

Autre point sensible, l’accord de la COP27 n’inclut pas de restriction progressive de l’utilisation de « tous les combustibles fossiles ». Cette demande portée par l’Inde et l’Union européenne (UE) reste donc lettre morte. L’accord se contente d’appeler les participants à « l’abandon progressif du recours au charbon et la suppression des aides publiques inefficaces aux carburants fossiles », conformément aux engagement de la COP26 à Glasgow (Écosse). « Trop de parties ne sont pas prêtes à avancer aujourd’hui dans le combat contre la crise climatique », déplore Frans Timmermans, responsable de la politique climatique de l’UE.

Le 15 novembre dernier, par son intermédiaire, l’UE s’est dite prête à réduire davantage ses émissions de GES — dans la ligne de l’Accord de Paris de 2015. « L’UE est prête à mettre à jour ses Contributions déterminées au niveau national (CDN) », a déclaré Frans Timmermans. L’UE prévoit de réduire ses émissions nettes de 55 % d’ici à 2030, par rapport aux niveaux de 1990. Elle s’est aussi engagée à les éliminer complètement d’ici 2050. En raison de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, le Vieux Continent utilise temporairement davantage de charbon cet hiver. Objectif, limiter sa dépendance énergétique au gaz russe.

…le sujet qui fâche

Les progrès apparaissent en demi-teinte. Nous avons « avancé légèrement à propos des conséquences mais fait du surplace concernant les causes », déplore Laurent Fabius, président de la COP21 qui s’était tenue en France en 2015. Les pays insulaires, en première ligne face à la montée du niveau des mers, pointent un manque d’ambition pour réduire les émissions. « Nous avons échoué sur l’atténuation [du changement climatique]. Nous devons être plus ambitieux afin que les émissions culminent d’ici 2025. Nous devons sortir des carburants fossiles », a regretté Aminath Shauna, ministre du Climat des Maldives.

Deux semaines de négociations n’auront pas suffi à enterrer les énergies fossiles. Le texte final inclut encore notamment une référence à « l’énergie à faible émission ». De quoi ouvrir la porte vers une utilisation croissante du gaz naturel, carburant fossile émetteur de CO2 et de méthane ? Dans la lutte contre le réchauffement climatique, il y a encore des batailles à mener.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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