Journée de la Terre 2021 : l’essor de la finance durable

Responsabilité sociale - Ce jeudi 22 avril se tient la 51e édition de la Journée de la Terre. L'occasion pour l'Europe et les Etats-Unis de s'engager à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). Quel rôle la finance durable en plein essor peut-elle jouer dans cette équation ? Comment les CGP peuvent-ils orienter l'épargne de leurs clients vers des fonds plus verts ? Tour d'horizon avec Le Courrier Financier.

Un nouveau souffle pour la lutte contre le changement climatique ? Le sujet revient en pleine lumière ce jeudi 22 avril, pour la Journée de la Terre. Cette 51e édition est placée sous le thème « Restaurer la Terre ». L’Europe et les Etats-Unis ont choisi cette occasion pour dévoiler leur agenda climatique. La finance durable y occupe une place centrale. De quoi renforcer la nécessité pour les conseillers en gestion de patrimoine (CGP) de se former sur le sujet, afin de répondre à la demande croissante des investisseurs.

L’UE prépare sa loi climat

L’Union européenne (UE) a ouvert le bal dès ce mercredi 21 avril, avec l’adoption d’un objectif ambitieux. Les députés européens et les 27 Etats membres se sont engagés sur une réduction nette « d’au moins 55 % » des émissions de gaz à effet de serre (GES) de l’UE d’ici 2030, par rapport au niveau de 1990. Cet accord sera intégré dans une « loi climat » en cours d’élaboration. « Notre engagement politique à devenir le 1er continent climatiquement neutre d’ici 2050 est désormais également légal. La loi sur le climat place l’UE sur la voie verte pour une génération », a twitté Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne.

« Nous sommes parvenus à un accord ambitieux pour inscrire notre objectif de neutralité climatique dans une législation contraignante qui guidera nos politiques pour les 30 prochaines années. La loi sur le climat façonnera la relance verte de l’UE et assurera une transition écologique socialement juste », assure Frans Timmermans, vice-président exécutif chargé du pacte vert pour l’Europe. Les écologistes se sont toutefois émus de l’inclusion des « puits de carbone » dans l’objectif climatique de l’UE. « Le Green Deal n’est pas à la hauteur des grands discours de la Commission », proteste Michael Bloss, principal négociateur des Verts au Parlement européen.

Etats-Unis, un retour en fanfare

Cette décision est arrivée la veille du Sommet sur le Climat, organisé cette année en visioconférence par les Etats-Unis, du jeudi 22 au vendredi 23 avril. Trois mois après son entrée à la Maison Blanche, Joe Biden signe ainsi le retour de l’Oncle Sam dans la lutte contre le réchauffement climatique. Washington reçoit à cette occasion 40 présidents et chefs de gouvernement à son sommet virtuel — parmi lesquels le président chinois Xi Jinping et le russe Vladimir Poutine. Objectif de cette réunion, « faire avancer l’ambition » d’un réchauffement limité à 1,5 degré Celsius. Chaque pays était ainsi invité à renforcer ses engagements.

Joe Biden a ainsi annoncé le nouvel objectif climat 2030 des États-Unis — réduire de 50 % à 52 % leurs émissions de GES, par rapport à 2005. « Les pays qui décident d’agir maintenant pour créer l’industrie du futur seront ceux qui récolteront les bénéfices du boum à venir de l’énergie verte », a déclaré Joe Biden. L’actuel président des Etats-Unis s’était engagé pendant sa campagne à atteindre la neutralité carbone en 2050. Il avait également promis une production d’électricité totalement décarbonée d’ici 2035. Reste à savoir ce que les pays auront à proposer pour la COP26 qui se tiendra à Glasgow (Royaume-Uni) en novembre prochain.

Finance durable, une pierre à l’édifice ?

L’économie verte a besoin de financement. Lors du Sommet sur le Climat, Emmanuel Macron a appelé à « transformer en profondeur notre système financier » en donnant notamment un prix au carbone. La France promet de prendre « toutes ses responsabilités dans les prochains mois pour aller plus loin sur le sujet de cette finance au service du climat ». Emmanuel Macron a mis en avant le rôle Network for Greening the Financial System (NGFS), un réseau de 83 banques centrales et superviseurs financiers. Lancé en décembre 2017 lors du Paris One Planet Summit, il vise l’accélération de la mise en place d’une finance mondiale verte.

Comment traduire ces impératifs dans les portefeuilles ? En France, les CGP peuvent se référer au label investissement socialement responsable (ISR). Toutefois, difficile d’évaluer en un clin d’œil l’impact climatique d’un fonds. « L’empreinte carbone devrait figurer obligatoirement dans le Document d’information clé pour l’investisseur (DICI) — que le fonds soit ISR ou pas ! », réagit Stéphane Fantuz, président de la CNCEF Patrimoine. Cela permettrait à l’investisseur de faire un choix éclairé, estime-t-il. L’association vient de remettre sa contribution à la consultation lancée le 25 mars dernier par le Trésor afin de réformer le label ISR.

La CNCEF Patrimoine propose de créer une échelle carbone, à l’image de celle qui existe déjà pour le risque financier (gradué de 1 à 7). « Ce serait un bon outil pour redonner du sens à l’épargne, et reconnecter l’investisseur avec l’économie réelle », insiste Stéphane Fantuz. Pour le président de la CNCEF Patrimoine, « il est important que les CGP se forment pour sensibiliser leurs clients, qu’ils suivent les évolutions de la loi et se familiarisent avec les bonnes pratiques européennes. » Et rendre une telle formation obligatoire, à l’image de ce qui se pratique contre le blanchiment ? « Nous ne voulons pas créer une contrainte réglementaire de plus », tempère Stéphane Fantuz.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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