CAC 40 ESG : l’étoile montante de la bourse ?

Responsabilité sociale - Lancé en mars 2021, le nouvel indice d'Euronext surfe sur la vague des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Parfaitement adapté au marché des ETF, pourra-t-il à terme supplanter le traditionnel CAC 40 ?

Feu vert pour l’investissement responsable. Le 22 mars dernier, Euronext annonçait la création de l’indice « CAC 40 ESG ». Il se compose des 40 sociétés cotées à la Bourse de Paris affichant les meilleures pratiques en termes de normes environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). En complément du CAC 40 traditionnel, cet indice vient répondre à une demande des investisseurs institutionnels et des gestionnaires d’actifs. Amundi, BNP Paribas AM et Lyxor ont déjà manifesté « un intérêt très fort pour cet indice » notamment pour créer des ETF, d’après Euronext. Mais les critères de sélection retenus ne font pas l’unanimité.

Sans aucun doute, le CAC 40 ESG bénéficie d’un contexte porteur. « Les entreprises, en particulier les grandes, sont parfaitement conscientes de ce qu’on attend d’elles en matière d’ESG (…) C’est un marqueur qui confirme le développement de l’ESG. Il y a déjà des indices ESG mais le fait qu’il s’appelle CAC 40, c’est un signe assez fort », pointe Jean-Baptise Morel, responsable de la recherche ESG chez Arkéa Investment Services. En arrière-fond, il y a le plan d’action de l’Union européenne (UE) pour la finance durable, lancé en 2018. Objectif, attirer les capitaux afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) définis par les Accords de Paris.

Polémique sur la sélection

Vigeo Eiris assure la sélection des sociétés du CAC 40 ESG. L’agence de notation — partenaire d’Euronext et filiale de Moody’s — s’appuie sur le label français investissement socialement responsable (ISR) jugé « pertinent pour des produits financiers grand public » par les clients d’Euronext. Elle exclut les activités jugées incompatibles avec la finance durable comme l’industrie du tabac, du charbon et des armes controversées — ou encore les entreprises qui ne respectent pas les critères de bonne conduite de l’ONU. Des valeurs du CAC 40 classique comme Airbus, Alstom, Arcelormittal, Dassault Systèmes, EssilorLuxottica, Hermès, Saint-Gobain, Thales et Total n’apparaissent ainsi pas dans sa déclinaison ESG.

Tout ne va cependant pas pour le mieux dans le meilleur des mondes ESG possibles. La création du CAC 40 ESG « met en évidence les groupes qui n’en font pas partie et dont on peut se demander pourquoi ils ont été exclus », explique Corinne Grignan-Ollivier, directrice conseil et responsable du pilotage de la performance chez Keyrus Management. Par exemple, pourquoi ne pas sélectionner Saint-Gobain, « leader mondial de l’habitat durable » ? Par ailleurs, « la présence d’un groupe comme Pernod Ricard peut questionner lorsque l’on connaît les effets de l’alcool sur la santé », ajoute cette experte en ESG et en responsabilité sociétale des entreprises (RSE).

Le paradis des ETF verts

Du côté des sociétés gestion, l’indice CAC 40 ESG tombe à point nommé pour la création de nouveaux fonds indiciels cotés (ETF). Pour rappel, ces paniers de valeurs s’adossent à un indice dont ils répliquent la performance. Le nouvel indice « a vocation à être un support pour les ETF », confirme Arnaud Llinas, responsable des ETF et de la gestion indicielle chez Lyxor Asset Management. Cet outil va « accompagner d’une façon encore plus volontariste l’évolution des valeurs françaises cotées à la Bourse de Paris sur les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance ». Toutefois, le nouveau tracker devra encore faire ses preuves.

Certains gérants préfèrent opter pour des indices de référence plus étoffés. « En termes de benchmark, nous n’utilisons pas vraiment d’indices franco-français. Nous sommes plutôt sur des indices zone euro, un peu plus larges en termes de valeurs », prévient Jean-Baptiste Morel. Reste par ailleurs la crainte de perdre en rendement à mesure que l’investissement gagne en durabilité. « Les sociétés de gestion peuvent aussi avoir la volonté d’aller se confronter plutôt à un indice classique avec un fonds ISR parce qu’elles croient qu’elles peuvent ainsi générer de la performance », note-il. Alors, future star de la bourse ou feu de paille ?

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

Voir tous les articles de Mathilde