Private Equity : une démocratisation en marche

Private Equity - Longtemps réservé aux investisseurs professionnels, le private equity s’ouvre de plus en plus à une clientèle retail. Le retour de la volatilité et de l’inflation couplé à un excès de liquidités à investir incite les épargnants à la recherche de performance à s’intéresser au non coté dont le capital investissement. Le point avec Michel Ivanovsky, Fondateur & Président de Mipise.

Fer de lance du financement de l’innovation, le capital investissement français monte en puissance avec une collecte record en 2021 de 11,6 milliards d’euros à travers 784 opérations, selon le bilan annuel d’EY. Le capital investissement est soutenu par une situation macro-économique particulière marquée par un retour de l’inflation et de la volatilité sur les marchés financiers dans un contexte géopolitique de plus en plus incertain.  

La recherche de diversification et de performance

L’engouement pour le private equity a plusieurs origines. Pour tourner la page de la crise sanitaire, les pays membres de l’Union Européenne ont scellé un accord historique sur un plan commun de relance nommé NextGenerationEU qui permet d’injecter massivement des liquidités dans les économies européennes. Le but : construire une économie plus résiliente, plus verte et plus numérique en l’adaptant aux défis actuels et futurs. 

Le secteur du capital investissement bénéficie pleinement des politiques monétaires ultra-accommodantes des banques centrales qui inondent les marchés de liquidités. En réponse aux obligations d’Etats et d’entreprises devenues moins attractives en raison des taux bas, les investisseurs se tournent vers la finance non traditionnelle en plaçant leurs capitaux dans des véhicules non cotés plus risqués avec des perspectives de rendement plus importantes.

Malgré le risque d’illiquidité des fonds de capital investissement et de capital risque (FCPR, FCPI, FIP), le private equity s’affirme comme une solution de diversification avec des performances moyennes qui surperforment les marchés boursiers. Au cours de la dernière décennie, le rendement net des fonds de private equity s’élevait à 10 % contre 7 % pour le CAC 40. Le contexte économique et géopolitique mondial marqué par le conflit russo-ukrainien , les tensions sur l’approvisionnement des énergies fossiles et le retour de l’inflation devrait favoriser l’investissement dans le non coté ces prochains mois en fléchant les capitaux vers les acteurs de petites et moyennes tailles proches de l’économie réelle.

La tech attire les capitaux

L’appétit des sociétés de gestion pour le secteur de la tech avec ses nombreuses start-up ne se dément pas. L’année 2021 est même historique à plus d’un titre. La French Tech a réalisé des levées de fonds records à hauteur de 11,2 milliards d’euros et l’écosystème a vu émerger pas moins de 12 nouvelles licornes. Parmi celles-ci, le secteur de la fintech affiche un fort dynamisme.

Ledger, Lydia ou encore PayFit sont quelques-unes des licornes dans la finance. La pression réglementaire sur le secteur bancaire et le manque d’agilité des institutions bancaires qui s’appuient sur une organisation pyramidale de leurs équipes créées des opportunités pour les nouveaux entrants. Les start-up de la finance permettent au secteur bancaire de prendre le virage du numérique en développant des solutions B2C en particulier autour du paiement mobile à l’image de Lydia dont la solution de paiement couplée à une stratégie de marketing virale est plébiscitée par les jeunes générations.

Si les fintechs tirent leur épingle du jeu, la tech française développe des pépites dans d’autres secteurs. La crise sanitaire a mis en avant la société Doctolib dans le secteur de la santé. Ce fleuron français de la prise de rendez-vous médical est lui aussi valorisé à plus d’un milliard d’euros. Plus largement, le secteur des biotechs, de l’agrotech, des énergies renouvelables ou encore des services internet avec Manomano ou BackMarket attirent les investisseurs sur le segment du growth equity dont les encours ont doublé entre 2016 et 2021.

Un accès simplifié au capital investissement

L’investissement dans les entreprises innovantes a longtemps été réservé aux investisseurs professionnels avec un ticket d’entrée élevé de 100 000 euros. Les temps ont changé. Le private equity s’ouvre aux petits épargnants avec le lancement de véhicules adaptés grâce à une gestion du risque sur mesure. Les tickets d’entrée sont plus abordables entre 2 000 et 5 000 euros.

La démocratisation du capital investissement est en partie portée par des plateformes d’agrégation. Elles font la jonction entre les petits investisseurs et les professionnels en développant des fonds intermédiaires ouverts aux particuliers qui investissent dans des fonds de private equity.

La digitalisation du capital investissement converge par ailleurs avec les plateformes de crowdfunding. Les levées de fonds en investissement en capital sur ces plateformes ont doublé en 2021 pour atteindre les 102 millions d’euros, selon le baromètre de Mazars. L’enjeu pour le secteur sera de poursuivre son ouverture au plus grand nombre afin de répondre pleinement à son rôle de financement de l’économie réelle.

Michel Ivanovsky - MIPISE

Cofondateur et président

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