Investir en entreprise : 1 Français sur 3 serait prêt à y placer son épargne

Private Equity - Comment les épargnants actifs préparent-ils leur avenir ? Quelle place l'investissement en entreprise tient-il dans leurs plans ? Private Equity, entreprises cotées en bourse ou encore fonds d'investissement... Infopro Digital dévoile cette semaine une étude sur la diversification de l'épargne vers les entreprises et l'économie réelle.

En termes d’éducation financière, les Français s’estiment assez médiocres. D’après une étude dévoilée ce mercredi 13 novembre par Infopro Digital, les deux tiers d’entre eux (66 %) jugent avoir de « mauvaises connaissances financières ». L’enquête a été réalisée en ligne auprès des actifs de 25 à 55 ans, à partir d’un échantillon de 1 000 personnes représentatives de la population française (méthode des quotas). Il en ressort que les Français connaissent mal l’investissement en entreprise. résultat, ils s’en méfient. Pour Olivier Cénille, directeur du développement Études chez Infopro Digital, « c’est sans aucun doute cette méconnaissance qui est à l’origine du manque de confiance ».

Méfiance et méconnaissance

Les Français épargnent d’abord pour leur retraite (66 %) ou leur patrimoine (56 %). Dans cette optique, ils boudent les entreprises. Seul un sondé sur six affirme épargner pour créer sa propre entreprise (16 %) ou soutenir une entreprise (13 %). En pleine réforme des retraites, les épargnants actifs cherchent des supports familiers qui les rassurent. Leur placement idéal reste le livret d’épargne réglementée (67 %), l’assurance vie (74 %) et l’investissement immobilier (81 %)… Peu d’entre eux considèrent l’investissement en entreprise, « qui peut pourtant répondre à un besoin rapide de liquidités et s’avérer plus rentables que les supports traditionnels », relève Olivier Cénille.

Cotées ou non cotées, les stratégies d’investissement en entreprise s’avèrent sous-exploitées. Seuls 37 % des épargnants actifs y voient la technique « la plus efficace pour préparer son avenir ». La confiance des épargnants fond comme neige au soleil dès qu’il devient question de marchés financiers. Ainsi, seuls 48 % des épargnants actifs déclarent faire confiance aux placements en SCPI, malgré à l’heure où les SCPI de rendement connaissent un succès fulgurant ! La confiance chute encore lorsqu’il est question de fonds d’investissement (37 %) et de sociétés cotées en bourse (30 %). Les entreprises non cotées et le Private Equity arrivent bon derniers du palmarès (27 %).

Faible appétence au risque

Cette méfiance des Français reflète leur faible appétence au risque. En temps normal, cette prédisposition culturelle les encourage à privilégier l’épargne liquide et garantie. Cette tendance amplifie les préjugés défavorables envers l’investissement dans les entreprises. Les sociétés cotées en Bourse (58 %), les fonds d’investissement (42 %) et les sociétés non cotées (35 %) sont ainsi considérés « trop risqués ». Cette désaffection reflète surtout la méconnaissance. Dans l’étude, les épargnants actifs admettent volontiers qu’ils connaissent mal le Private Equity (55 %), les fonds d’investissement (44 %) et le marché actions (32 %). Intimidés, les Français optent pour la prudence.

Faut-il être un expert pour diversifier son épargne dans les PME-ETI ? Dans l’esprit d’une majorité de sondés, cela nécessiterait « des bases solides en économie » (75 %) et serait « réservé uniquement à des initiés et/ou à des personnes aisées » (65 %). Cette certitude pousse les épargnants à se tourner massivement vers leur banquier (30 %), leur CGP (15 %) ou encore la presse spécialisée (14 %). Point intéressant à souligner, l’entourage arrive en quatrième position (13 %). « Il faut tenir compte de la psychologie du client final », commente Guillaume-Olivier Doré, auteur du Manuel de survie dans le monde hostile de l’épargne. Le rôle de conseil en patrimoine demeure indispensable.

Devenir actionnaire, un rêve français ?

Un actionnaire sur trois (32 %) serait prêt à devenir actionnaire d’une ou plusieurs entreprises, à condition qu’elles s’engagent envers les hommes et l’environnement. En d’autres termes, l’épargnant se préoccupe des critères extra-financiers à portée écologique, sociale et de gouvernance (ESG). Il attend notamment d’une entreprise qu’elle s’engage pour le bien-être de ses salariés (40 %), la défense de l’environnement et la juste rémunération de ses fournisseurs (32 %). Ces préoccupations « citoyennes » coexistent avec des arguments financiers plus prosaïques, comme augmenter le rendement de son épargne (30 %) et payer moins d’impôts (16 %). En somme, les Français nourrissent un rêve d’actionnariat.

L’étude « Comment les actifs préparent-ils l’avenir grâce à l’épargne et l’investissement en entreprise ? » a été réalisée à l’occasion de la 22e édition du salon Actionaria, dédié à l’investissement en entreprise, qui se tiendra du 21 au 22 novembre prochain à Paris. « Actionaria est le plus grand rassemblement entre actionnaires individuels et entreprises en Europe. Nous attendons cette année encore 16 000 visiteurs sur deux jours. Ils auront l’opportunité de rencontrer et dialoguer avec des entreprises, cotées et non cotées, souhaitant partager avec eux leurs stratégies et dernières innovations », explique Jean-Baptiste Alline, co-commissaire général d’Actionaria. De quoi devenir actionnaire en toute confiance.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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