Mars 2019 : l’assurance vie trace son sillon

Patrimoine - Les collectes restent positives depuis le début de l'année pour le Livret A et l'assurance vie. Les Français préfèrent l'épargne de précaution aux investissements financiers plus risqués. Comment les produits d'assurance vie tirent-ils leur épingle du jeu ? Philippe Crevel, Président du Cercle de l'Epargne, partage son analyse.

Avec 2,4 milliards d’euros selon la Fédération Française de l’Assurance, l’assurance vie enregistre sa troisième collecte nette consécutive. Mars est traditionnellement un mois correct pour le premier produit d’épargne des Français. La collecte brute au mois de mars a été de 12,3 milliards d’euros, contre 12,5 milliards d’euros en février. En mars 2018, cette même collecte atteignait 12,1 milliards d’euros.

De leur côté, les prestations se sont élevées à 9,9 milliards d’euros contre 9,3 milliards d’euros en février. A titre de comparaison, elles atteignaient 10,4 milliards d’euros en mars 2018. La collecte en unités de compte (UC) a atteint 2,8 milliards d’euros, soit moins de 23 %. Ce ratio est inférieur à la moyenne de 2018 (28 %). Les unités de compte souffrent des fluctuations enregistrées par les marchés financiers ces derniers mois.  

L’assurance vie en rythme de croisière

Depuis un an, les résultats de l’assurance vie sont assez stables, à l’exception des unités de compte. La collecte nette sur le premier trimestre a été de 7,9 milliards d’euros contre 7,5 milliards d’euros sur la même période en 2018. La collecte brute a été de 38,7 milliards sur les trois premiers mois en 2019 contre 37,1 milliards d’euros en 2018.

Les prestations se sont élevées à 29,7 milliards d’euros contre 31,1 milliards d’euros en 2018. Toujours sur le premier trimestre, les versements sur les supports unités de compte représentent 8,7 milliards d’euros, soit 23 % des cotisations. L’encours des contrats d’assurance-vie s’élève à 1 737 milliards d’euros à fin mars 2019, en progression de 3 % sur un an.

Plus d’épargne et moins d’investissements

Que ce soit pour le Livret A ou pour l’assurance vie, les collectes sont positives depuis le début de l’année. Les Français mettent de l’argent de côté par précaution afin de faire face aux incertitudes de la vie quotidienne. Cette motivation est ressortie nettement en tête dans la dernière enquête du Cercle de l’Épargne/Amphitéa.

Source : Enquête 2019 Cercle de l’Épargne/Amphitéa

Les Français réduisent leurs dépenses d’investissement comme le soulignent les premiers résultats de la croissance du 1er trimestre. L’investissement des ménages a diminué de 0,3 %. Cette baisse se traduit par une diminution des achats de logements. La baisse des mises en chantier au cours du 1er trimestre en est une autre illustration. De ce fait, les ménages puisent moins dans leur épargne financière et ont tendance à l’accroître. L’enquête de l’INSEE sur le comportement des ménages du mois d’avril signalait également que le désir d’épargner est en hausse.

L’assurance vie toujours attractive pour les ménages 

Pour les Français, l’assurance vie fait presque jeu égal avec l’investissement immobilier locatif pour l’intérêt du placement. Selon l’enquête du Cercle de l’Épargne/Amphitéa l’assurance vie — produit jugé intéressant par 58 % des interviewés (+7 points en un an) — ce taux est de 71 % chez les épargnants (+9 points en un an).

Source : Enquête 2019 Cercle de l’Épargne/Amphitéa

En termes de rentabilité perçue par les ménages, l’assurance vie fait jeu égal avec l’immobilier, selon l’enquête 2019 Cercle de l’Épargne/Amphitéa.

Source : Enquête 2019 Cercle de l’Épargne / Amphitéa

En revanche, les Français ne sont pas prêts à s’engager fortement en unités de compte. Seuls 7 % seraient réellement disposés à transférer une partie importante de leur épargne investie en fonds euros vers des unités de compte.

Source : Enquête 2019 Cercle de l’Épargne / Amphitéa

L’assurance vie devrait poursuivre sur sa lancée dans les prochains mois. Les Français entendent de ne pas trop s’exposer à des risques financiers. Le débat sur les retraites en vue d’une réforme systémique est par nature anxiogène, ce qui conduit à renforcer l’épargne.

Philippe Crevel - Cercle de l'Epargne

Directeur

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