Gestion de trésorerie : le crédit court terme, un placement à privilégier

Patrimoine - Alors que les marchés financiers bénéficient d’injections massives de liquidités de la part des gouvernements et des autorités monétaires, les placements de trésorerie à 1 an représentent aujourd’hui une belle opportunité pour des trésoriers en quête de rendement ou des investisseurs prudents. Mais la fenêtre de tir est relativement courte dans un contexte de normalisation. Les explications de Matthieu Bailly, directeur général délégué et gérant obligataire chez Octo AM.

Après plusieurs semaines de turbulences sur les marchés financiers dans le contexte de la pandémie du Covid-19, l’heure de la normalisation a visiblement sonné. Un constat qui vaut aussi bien pour les marchés actions — le CAC 40 a allégrement dépassé les 5 000 points — que pour les marchés obligataires. Sur ces derniers, des opportunités d’investissement ont clairement vu le jour, notamment sur le segment du crédit court terme.

La question de la liquidité

De fait, les gouvernements et les institutions, à l’instar de la Banque centrale européenne (BCE) fournissent des liquidités en masse afin que les entreprises puissent faire face à leurs échéances sur leurs dettes court terme. Dans cet environnement, les placements de trésorerie à 1 an représente une sérieuse opportunité importante pour optimiser sa gestion de trésorerie.

Après des années de taux nuls voire négatifs, ces placements ont pu — au cours de la crise que nous avons traversé — offrir des rendements entre 2,5 % et 3 % pour un portefeuille obligataire équilibré. Soit un rendement qu’un grand nombre d’investisseurs espéraient, il y a encore quelques mois, sur des actifs longs risqués et/ou peu liquides ! Certes, depuis le marché s’est normalisé et les rendements ressortent désormais entre 1,5 % et 2 % en moyenne. Mais il n’en demeure pas moins que ces placements de trésorerie à court terme demeurent toujours attractifs à l’heure actuelle.

Endettement croissant des entreprises

Plusieurs éléments jouent en effet en faveur du crédit court terme. Un très grand nombre d’entreprise ont pâti de sérieux problèmes de trésorerie du fait de la baisse drastique voire de la disparition pure et simple de chiffre d’affaires pendant la crise du coronavirus. Les interrogations se multipliaient donc sur la capacité de certaines entreprises à survivre à cette crise inédite et d’une ampleur sans précédent, engendrant du même coup un réel problème de liquidité sur les marchés.

Pour pallier ce problème, la BCE et les gouvernements ont donc procédé à des injections massives de liquidités, participant ainsi activement à l’amélioration des possibilités de remboursement des échéances courtes, mais par un accroissement de l’endettement des entreprises. Un endettement croissant qui intervient alors même qu’un grand nombre d’entreprises sont fragilisées par la crise économique issue de la pandémie du Covid-19 et doivent couper drastiquement dans leurs dividendes, réduisant du même coup leur capacité à générer des bénéfices. Or, cette dette devra bien, un jour ou l’autre, être remboursée.

Rendements proches de 2 %

Dans un tel contexte, le crédit court terme bénéficie d’une rémunération particulièrement attrayante et dont l’investisseur serait bien inspiré de profiter. Ces placements de trésorerie à 1 an étaient particulièrement intéressants pour tous les investisseurs attentistes en cette période de crise ou pour ceux qui, traditionnellement, privilégiaient des durations longues de 5 à 10 ans pour obtenir, in fine, un rendement de 2 à 3% ces dernières années sur le crédit de bonne qualité.

Un rendement que peuvent leur offrir aujourd’hui les obligations courtes. Les placements de court terme s’avèrent d’autant plus attractifs que le marché des titres de créances négociables s’est littéralement asséché durant la crise, la liquidité ayant quasiment disparu, ce qui a créé de multiples opportunités pour un risque final de non remboursement très limité.

Autant d’éléments qui plaident donc en faveur du crédit court terme. A l’heure actuelle, y compris sur des dettes notées BBB sur une maturité d’un an, l’investisseur peut espérer un rendement de 1,5 à 2 %. Pour obtenir une telle rémunération il y a un an sur ce type d’obligations, l’investisseur devait aller sur des maturités au-delà de 5 ans ! Investir sur des placements de trésorerie à 1 an constitue donc une sérieuse opportunité d’investissement. Mais le temps presse dans un contexte de normalisation rapide des marchés financiers et a fortiori des obligations de maturités très courtes.

Matthieu Bailly - Octo AM

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