Frais bancaires : il faut plus de pédagogie financière pour les Français

Patrimoine - Les épargnants français manquent connaissent mal les rouages des frais bancaires dont ils s'acquittent. Davantage de pédagogie s'impose pour améliorer leur éducation financière. La loi PACTE va déjà dans ce sens, mais la CNCEF Crédit pense qu'il faut renforcer cette volonté avec l'autorégulation du courtage.

Les frais prélevés en direction des consommateurs lorsqu’ils effectuent un retrait d’argent liquide aux distributeurs des banques suscitent à nouveau le débat ce matin. Depuis le 1er janvier 2020, l’augmentation des commissions que chaque établissement financier prélève par opération à ses concurrents aurait augmenté de 56 %. Soit en moyenne 89 centimes par retrait contre 57 auparavant.

Pour le moment, cette hausse n’a pas été répercutée aux consommateurs. Ce dossier pose plus largement deux interrogations : les frais bancaires qui sont appliqués aux détenteurs d’un compte professionnel et/privé et les initiatives prises par les pouvoirs publics en la matière. Mais aussi la situation des établissements financiers dans un contexte économique de faible croissance française et européenne.

Comprendre les frais bancaires

Tout d’abord, qu’entendons nous par frais bancaires ? Ils représentent le prix payé par un client pour la réalisation d’une opération, la fourniture d’un produit ou la mise à disposition d’un service. Ils peuvent aussi être liés à des irrégularités de fonctionnement d’un compte bancaire ou à des incidents de paiement. Deux visions s’opposent sur les frais facturés. D’un côté, il y aura toujours une école pour défendre l’absence totale ou partielle de frais, sur laquelle les néobanques ont trouvé un terrain favorable à leur développement.

De l’autre, selon les politiques qu’ils peuvent pratiquer individuellement, les établissements financiers qui font varier leur grille tarifaire. Dans les deux cas, l’excès ne débouche jamais sur une solution pérenne pour les Français. Particuliers ou professionnels, tous attendent un conseil humain, des possibilités de financement pour leurs projets et des outils digitaux pour gérer leur patrimoine financier. Par ailleurs, ils tout à fait aptes à comprendre que tout service appelle un coût, si la transparence et la pédagogie sont de mise. Ceci dans tous les domaines de la vie quotidienne.

Aussi, la focalisation dans le débat public qui consiste à pointer uniquement la responsabilité des établissements financiers en matière de frais bancaires est limitante pour la compréhension du plus grand nombre. Elle appelle plutôt à une réflexion et une mobilisation de tous les acteurs qui contribuent au financement de l’économie réelle. C’est-à-dire les banques et les courtiers crédits, qui doivent pratiquer une plus forte pédagogie financière auprès des particuliers comme des professionnels.

La loi et la pédagogie financière

Nous disposons d’une législation en France qui plafonne les frais bancaires pour les dépassements de découvert, le rejet de chèque ou de prélèvement. De plus, les publics fragiles peuvent être protégés par une offre spécifique. Simultanément, le législateur a renforcé l’obligation de transparence et d’information du client. Depuis 2014, un corpus de lois oblige notamment les banques à communiquer périodiquement les frais qu’elles seraient amenées à prélever.

Plus récemment, les pouvoirs publics ont introduit dans la Loi PACTE, une incitation à la pédagogie financière des Français, constant que 77 % estimaient ne pas avoir le niveau de connaissance suffisant. Plus largement, une stratégie nationale d’éducation économique, budgétaire et financière a été mise en place en 2016. L’ambition est de permettre à chacun de disposer de meilleures compétences et pratiques en ces domaines.

A ce titre, sous contrôle du Législateur, la Banque de France a été désignée opérateur national de cette stratégie, chargée de promouvoir et coordonner les initiatives des acteurs publics, associatifs et professionnels.

Vers l’autorégulation du courtage

En conclusion, nous disposons d’un arsenal législatif suffisamment développé pour l’heure, de façon à ce que les acteurs du financement puissent répondre aux attentes des particuliers et des professionnels, tout en informant et protégeant ces derniers. Les courtiers crédits, acteurs de proximité qui travaillent en coopération avec les établissement financiers sont particulièrement engagés sur ce thème de la pédagogie financière.

Force de conseil et d’expertise, ils contribuent à la concrétisation des projets de financement. Ils sont aussi des chefs d’entreprises responsables, qui ont conscience de la nécessité de répondre aux besoins et à la stabilité l’économie réelle, dans une architecture ouverte où tous les acteurs du financement ont leur place, dans le respect de la législation.

Dans cette optique, l’autorégulation du courtage — qui fait actuellement l’objet d’une proposition de loi — est nécessaire. Mieux former et accompagner les professionnels, mieux éduquer les Français, permettre un dialogue interprofessionnel… Tel doit être notre objectif commun, au service de la croissance de notre pays et de l’épanouissement du plus grand nombre.

Christelle Molin-Mabille - ekoStratégie

Présidente de la CNCEF Crédit

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