EXCLUSIF / Savoir, c’est pouvoir : comment l’éducation financière sert l’indépendance économique des femmes

Patrimoine - L'éducation financière des femmes reste la voie royale vers l’investissement particulier — qui leur assure une indépendance économique et financière. Où en sommes-nous en France ? Comment accompagner les femmes dans cette direction ? Les explications de Valérie Kalifa, Directrice marketing France d’eToro.

Loin va sans dire que l’émancipation financière des femmes n’est encore complète. Dans une récente note, la fondation des femmes déplorait que « le patriarcat dépossède les femmes de leur indépendance économique ». Quelques semaines après la Journée internationale des droits des femmes, ce constat à quelque chose de révoltant. Ce sentiment ne doit toutefois pas charrier la fatalité. Au contraire, l’émotion a toujours été un appel à l’action. Je crois que la démocratisation de l’accès à l’éducation financière, formidable levier d’émancipation économique, est l’une des pistes les plus prometteuses pour répondre à ce défi.

Investir pour s’affranchir

Le 13 juillet 1965, le Parlement votait une loi autorisant les femmes à ouvrir un compte bancaire en leur nom, sans le consentement de leur mari. Jalon de l’émancipation financière des femmes, cette date est restée célèbre, à l’inverse du 2 mars 1967. C’est pourtant ce jour que la journaliste Annik Beauchamps était la première femme à visiter la Bourse de Paris à l’occasion d’un reportage.

Alors que les femmes sont enfin autorisées à accéder au Palais Brongniart, il faudra encore attendre l’admission de Sylvie Girardet à la fonction d’agent de change à la Bourse de Lyon, en 1985, pour qu’une Française puisse réellement investir. Rien d’étonnant donc à ce qu’il reste encore du travail à mener, moins de 40 ans après ! Si l’émancipation à ouvert le droit à l’investissement, l’investissement est réciproquement porteur d’émancipation. À se demander si ce n’est pas en partie pour cela que l’accès y est encore restreint pour les femmes…

La diversification des sources de revenus et les perspectives d’amélioration du niveau de ressources des investisseuses leur offrent une sécurité et une indépendance en pleine cohérence avec la perspective d’un monde égalitaire entre les femmes et les hommes. D’ailleurs, le dernier baromètre de l’investissement particulier par eToro révélait que 47,3 % de l’ensemble des investisseurs — et jusqu’à 51,1 % parmi les femmes — investissent pour assurer leur sécurité économique à long terme.

L’indépendance financière est certes sécurisante économiquement parlant, mais cela va au-delà : elle offre la liberté de choix et l’affranchissement. Parce qu’encore aujourd’hui, l’argent entretient le rapport de domination des hommes sur les femmes. Sans qu’ils ne puissent se substituer à la responsabilité de la puissance publique, les acteurs de l’investissement particulier ont un rôle à jouer pour rééquilibrer la balance.

L’éducation financière précède l’investisseuse particulière

Permettre aux femmes de s’affranchir au travers de l’investissement particulier requiert de démocratiser l’accès à l’éducation financière. Aujourd’hui, d’après la Banque de France, seules 14 % des femmes contre 26 % des hommes estiment avoir une connaissance élevée sur les questions financières… C’est encore trop peu !

De nombreuses initiatives s’astreignent à faciliter l’accès à l’éducation financière en auto-apprentissage. C’est par exemple l’objectif du média Plan Cash, créé par Léa Lejeune et Morgane Dion après qu’elles eussent constaté que « les médias masculins parlent aux hommes d’investissement, de la prise de risque, de cryptomonnaies ; alors que les magazines féminins parlent aux femmes de soldes. »

Du côté des brokers, c’est aussi le cas de l’Académie du Trading par eToro qui propose différents MOOC et webinaires destinés à accompagner les investisseurs en herbe. Ou bien encore le portail Mes questions d’argent par la Banque de France, un dispositif institutionnel très complet mais encore peu connu, la Banque de France ayant elle-même rapporté que seuls 17 % des Français en avaient entendu parler.

Au-delà de l’auto-formation, selon la même étude, 84 % des Français aspirent à ce que l’éducation financière et budgétaire soit enseignée à l’école. L’Éducation nationale a ainsi un fort rôle à jouer pour permettre à tous, et toutes, d’accéder à l’investissement particulier.

Pas de croissance économique sans égalité

En plus de leur rôle à jouer, les acteurs économiques ont également tout intérêt à s’engager dans l’émancipation financière des femmes. La société perd à se priver d’une force vive, un véritable péril dans un contexte de multiplication des crises — financières, pandémiques, climatiques, etc.

Dans son plaidoyer de 2018 pour l’égalité des sexes, le FMI a démontré une corrélation entre la stabilité financière des entreprises et la présence de femmes au sein de leurs conseils de direction. Les femmes seraient motrices de la croissance économique, alors même qu’elles ne représentent que 23,5 % des codirs et des comex des entreprises du CAC 407 et qu’elles gagnent en moyenne 22,3 % de moins que les hommes (source étude Insee).

Somme toute, l’accès à l’éducation financière doit être pris en compte par les pouvoirs publics dans la lutte contre les inégalités entre les femmes et les hommes. Mais il est aussi possible d’agir à son niveau. Qu’importe votre niveau de vie : lancez-vous ! Le baromètre trimestriel de l’investissement particulier par eToro à révélé que l’on n’a pas besoin d’un salaire à cinq chiffres pour se lancer puisque près de la moitié des investisseuses gagnent 30 000 euros par an ou moins.

Si vous avez peur de franchir le cap, prenez le temps de vous former en vous rappelant que l’investissement particulier viendra vous apporter une sécurité financière bienvenue dans ce contexte d’explosion de l’inflation. De nombreuses ressources existent et vous permettront d’apprendre par la pratique.

Valérie Kalifa - eToro

Directrice marketing France

Voir tous les articles de Valérie