Épargne : les femmes plus durement touchées par la crise sanitaire ?

Patrimoine - La COVID-19 a eu un impact direct sur l'épargne des Françaises. Ce lundi 8 mars, Le Cercle de l’Épargne/Amphitéa publie une enquête Ifop menée en septembre 2020 en partenariat avec AG2R La Mondiale. Comment les femmes ont-elles adapté leur effort d'épargne pendant la crise sanitaire ? Sarah Le Gouez, Secrétaire Général du Cercle de l’Épargne, partage son analyse.

Selon l’enquête Cercle de l’Épargne/Amphitéa réalisée en septembre 2020 en partenariat avec AG2R La Mondiale, 57 % des femmes déclarent ne pas avoir changé leurs habitudes d’épargne depuis l’émergence de la crise sanitaire — soit presque autant que les hommes qui sont 59 % à partager cette position.

Elles sont toutefois plus nombreuses que les hommes à considérer avoir réduit leur effort d’épargne pendant la crise. Ainsi, 22 % d’entre-elles déclarent avoir épargné moins que d’habitude contre 17 % des hommes et 20 % de la population totale.

Effort d’épargne pour les plus aisés

Dans le même temps, seulement 21 % de femmes estiment avoir épargné plus que d’habitude contre près d’un homme sur cinq (24 % exactement). Cet écart tient sans nul doute aux différences de salaires entre hommes et femmes, qui s’élevaient, selon l’Insee, à 16,8 % en moyenne au profit des premiers, en 2017 dans le secteur privé.

Or, si les Français sont traditionnellement fourmis, l’effort d’épargne est concentré sur les hauts revenus. Ainsi, en temps normal le taux d’épargne du dernier quintile est de 30 % contre moins de 3 % pour le premier (source Insee). Ce phénomène se serait même renforcé pendant la crise sanitaire. Selon une étude réalisée par le Conseil d’analyse économique, les 20 % des Français les plus aisés en termes de revenus sont à l’origine de 70 % de l’épargne Covid-19.

Épargne : les femmes plus durement touchées par la crise sanitaire ?
Source : sondage Cercle de l’Épargne / AMPHITEA / AG2R LA MONDIALE / CECOP – IFOP

Epargner malgré des moyens limités

De fait, si 26 % des Français déclarent ne pas avoir les moyens d’épargner, 29 % des femmes indiquent ne pas être en mesure de le faire contre 23 % des hommes. Cet écart est, une fois de plus, imputable à la différence de revenus mais également au fait que les femmes contribuent plus que les hommes aux dépenses courantes.

Interrogés sur l’usage de l’épargne constituée depuis le mois de mars 2020, près des deux tiers des Français (65 %) préconisent de la conserver en vue de faire face à des difficultés à venir quand seulement 35 % privilégient la consommation. Davantage fourmis que les hommes, 70 % des femmes penchent en faveur de l’épargne contre 59 % des hommes.

Épargne : les femmes plus durement touchées par la crise sanitaire ?
Source : sondage Cercle de l’Épargne / AMPHITEA / AG2R LA MONDIALE / CECOP – IFOP
Épargne : les femmes plus durement touchées par la crise sanitaire ?
Source : sondage Cercle de l’Épargne / AMPHITEA / AG2R LA MONDIALE / CECOP – IFOP

L’assurance vie avant l’immobilier

Les femmes sont légèrement moins « pierre » que les hommes, néanmoins l’immobilier conserve, tout particulièrement en période de crise, son étiquette de « valeur refuge ». Moins promptes à prendre des risques en matière de placements, les femmes sont peu enclines à se tourner vers le marché « actions ». Ainsi 42 % des hommes jugent-ils les actions intéressantes contre 33 % des femmes.

Ces dernières leur préfèrent l’assurance vie, citée par 49 % des femmes contre 46 % des hommes parmi les placements jugés intéressants. Privilégiant la constitution d’un patrimoine en vue de la transmission, les femmes accordent une importance toute particulière à la sécurisation de leur épargne. Or, l’assurance vie — avec son fonds euros — offre la garantie en capital qu’elles recherchent. Par ailleurs, l’assurance vie constitue un placement de choix pour préparer sa succession.

Épargne : les femmes plus durement touchées par la crise sanitaire ?
Source : sondage Cercle de l’Épargne / AMPHITEA / AG2R LA MONDIALE / CECOP – IFOP

Sécurité et liquidité avant tout

Sans surprise elles citent également davantage que les hommes le Livret A  (30 % pour les premières contre 28 % pour les seconds) et le compte courant (respectivement 32 % et 28 %) parmi le produits d’épargne intéressants. Cet intérêt manifeste des femmes pour l’épargne de précaution et les liquidités s’est matérialisé dans les actes par le poids conséquent de l’argent laissé sur le compte courant de ces dernières et dans leur épargne de court terme.

Épargne : les femmes plus durement touchées par la crise sanitaire ?
Source : sondage Cercle de l’Épargne / AMPHITEA / AG2R LA MONDIALE / CECOP – IFOP

De fait, 52 % des femmes ont privilégié leur compte courant depuis le début de la crise contre 49 % des hommes. La crainte de subir une baisse de revenus ou de perdre son emploi qui a conduit nombre de Français à renforcer l’épargne de précaution semble encore plus vive chez les femmes davantage confrontés aux emplois précaires.

Sarah Le Gouez - Le Cercle de l'Epargne

Secrétaire Général

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