Assurance vie : avril 2020, victime de la préférence absolue pour la liquidité

Patrimoine - Le confinement aura fortement pesé sur l'épargne des Français au printemps 2020. Au mois d'avril, les épargnants ont privilégié la liquidité. Quelles seront les conséquences à long terme de cet épisode économique exceptionnel ? Le point avec Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l'Epargne.

Comme en mars, l’assurance vie a enregistré au mois d’avril une décollecte. Celle-ci s’est élevée à 2,1 milliards d’euros contre 2 milliards d’euros en mars 2020. Le mois d’avril a été marqué par le confinement total de la population française.

Faiblesse de la collecte brute

Le montant de la collecte brute a été extrêmement faible — 6,4 milliards d’euros contre une moyenne de 11 milliards d’euros avant la crise sanitaire. Les rachats ont été également modestes à 8,5 milliards d’euros contre 10 milliards d’euros avant crise. Ces faibles montants traduisent l’impossibilité matérielle pour les épargnants de réaliser des opérations sur leurs contrats d’assurance vie.

L’assurance vie, à la différence du Livret A, n’a pas bénéficié de l’augmentation de l’épargne des ménages au cours du mois d’avril. Cette différence s’explique par le fait que contrairement au Livret A ou au LDDS, le recours à Internet pour les arbitrages est moins fréquent.

UC et épargne de précaution

Malgré la chute du cours des actions, la proportion des unités de compte (UC) dans la collecte brute a atteint 33 %. Les assurés ont assumé de prendre des risques ou ont considéré que le marché offrait de réelles opportunités de plus-values pour l’avenir.

En pleine crise sanitaire qui se double d’une crise économique, les Français ont privilégié l’épargne de précaution, la liquidité, pour faire face à une éventuelle baisse de revenus. Le haut degré d’incertitudes dissuade les ménages à s’engager sur le moyen et le long terme. Le faible montant des rachats témoigne du fait que les épargnants restent néanmoins confiants vis-à-vis de leurs contrats.

Demain sera un autre jour

La période de confinement est évidemment historique et atypique. Elle ne permet pas de dégager des conclusions pour les prochains mois. La sortie progressive du confinement et le lourd contexte économique devraient conduire les ménages à conserver une importante poche d’épargne de précaution.

Son dégonflement sera fonction de la levée des hypothèques sanitaires et économiques. Si la situation économique continuait à se détériorer, l’assurance vie pourrait en pâtir. En revanche, un retour à la normale en fin d’année devrait profiter au placement préféré des Français dont l’encours atteint, fin avril, 1748 milliards d’euros.

Philippe Crevel - Cercle de l'Epargne

Directeur

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