PEA : le nombre de litiges a explosé en 2021 d’après l’AMF

Patrimoine - Ce mercredi 20 avril, le médiateur de l'Autorité des marchés financiers (AMF) a rendu son rapport annuel. Il en ressort une hausse inédite des demandes de médiation. Par ailleurs, le PEA représente le premier motif de saisine. Qu'est-ce que ces chiffres révèlent du profil des investisseurs particuliers en bourse ? Le point avec Le Courrier Financier.

Une véritable explosion. Ce mercredi 20 avril, le médiateur de l’Autorité des marchés financiers (AMF) a publié son rapport annuel 2021. La médiation de l’AMF a reçu 1 964 dossiers de réclamation en 2021, soit une hausse +33 % par rapport à 2020. Marielle Cohen-Branche, médiateur de l’Autorité des marchés financiers (AMF), a rendu 763 recommandations (+51 % par rapport à 2020), en grande majorité favorables aux demandeurs (54 %). Les Plans d’épargne en actions (PEA) représentent désormais le premier motif de saisine, devant l’épargne salariale. Cette évolution tiendrait à deux facteurs : la digitalisation, et l’arrivée massive d’investisseurs novices sur les marchés actions.

Le profil des investisseurs a changé

En 2021, le rebond économique a créé un environnement très porteur pour les marchés actions. Politiques de soutien économique, attitude accommodante des banques centrales, réouverture des économies… Les circonstances ont alimenté la croissance des profits des entreprises — en hausse de près de +40 % en 2021 d’après MorningStar. Le retour de l’inflation n’a pas entraîné de hausse des taux directeurs, et les indices boursiers ont terminé 2021 sur une note très positive — hors Chine et Brésil. Par exemple, le CAC 40 affiche cette année-là un bond de +31,1 % (dividendes inclus). Cette hausse des marchés actions repose sur des bases saines, puisqu’elle s’explique par des facteurs fondamentaux.

Dans ce contexte, la bourse attire davantage les particuliers. D’après les chiffres de l’AMF, 1,6 million de particuliers ont effectué au moins un achat ou une vente d’actions en 2021. Signe de ce dynamisme, les investisseurs particuliers ont rajeuni de huit ans en moyenne entre 2018 et 2021 pour s’établir en-dessous de 50 ans. Le phénomène s’explique aussi par l’émergence des néo-brokers (en français néo-courtiers) dont les services sont accessibles uniquement en ligne, souvent via une application mobile. Leurs clients choisissent des actions plus volatiles que la clientèle des autres intermédiaires, pour des transactions plus fréquentes avec des ordres qui portent sur de plus faibles montants.

Le PEA, nouvelle pomme de discorde

Rappelons que le PEA est un produit d’épargne réglementé. Il permet d’acquérir des actions d’entreprises européennes, en échange d’une exonération d’impôt sur le revenu (sous certaines conditions). Les versements sont plafonnés à 150 000 euros, à l’exception du PEA-PME dont le plafond monte à 225 000 euros, précise Bercy. Toute personne majeure domiciliée fiscalement en France peut ouvrir un PEA, dans la limite d’un plan par personne. C’est un produit financier très accessible pour boursicoter. Sans surprise, les demandes de médiation au sujet du PEA ont été multipliées par deux en 2021. Dans près de deux cas sur trois, elles concernent les délais de transfert entre deux établissements.

Plus de 100 dossiers concernent les difficultés rencontrées après l’acquisition d’un intermédiaire par un autre, du fait de l’absence d’articulation des systèmes informatiques et du rallongement significatif de la durée de ces transferts. Le médiateur de l’AMF recommande donc davantage de transparence aux établissements gestionnaires. Autre signe du caractère amateur des nouveaux investisseurs, les réclamations liées aux ordres de bourse ont doublé entre 2020 et 2021. Ce chiffre reflète « une méconnaissance ou une mauvaise compréhension des différents ordres et services choisis par les investisseurs », avertit l’AMF. De quoi renforcer l’importance du rôle du conseil financier.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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