Assurance vie et comptes-titres : face à l’inflation, les CGP adaptent leurs arbitrages

Patrimoine - Cette semaine, Nortia publie son Observatoire du Conseil Financier Indépendant. Après un S1 2021 marqué par la reprise économique française, comment les CGP adaptent-ils leurs arbitrages face à l'inflation ? Quelles tendances pour l'assurance vie et les comptes-titres ?

Nortia — Groupe DLPK — publie ce jeudi 21 octobre son Observatoire du Conseil Financier Indépendant. L’étude dresse un panorama de l’activité en assurance vie et comptes-titres des quelques 1 000 conseillers en gestion de patrimoine (CGP) du réseau Nortia. L’Observatoire s’appuie sur la collecte (versements initiaux et complémentaires) et sur les arbitrages. La reprise économique en France s’est fait sentir au premier semestre. En revanche, le T3 a été marqué par l’inflation et le retour des incertitudes économiques. Sur toute la période concernée, les CGP plébiscitent les compte-titres afin de saisir des opportunités sur les produits structurés.

Une économie portée par la reprise

En ce qui concerne l’assurance vie, le S1 2021 est marqué par une collecte brute en hausse sur les unités de comptes (UC). Elles drainent 62 % de la collecte brute, contre 38 % en fonds euros au T1 2021. Cette tendance exceptionnelle perdure au T2 2021, qui enregistre 59 % de la collecte brute en UC. « La reprise de l’économie au premier semestre s’est traduite par une accélération des campagnes d’arbitrage dans les contrats d’assurance vie. Cela a permis d’opérer les changements adéquats dans les allocations, pour répondre aux incertitudes du marché grandissantes sur la période », déclare Philippe Parguey, Directeur Général de Nortia.

« Pendant la Covid, les Français ont considérablement épargné en raison du climat économique incertain. Avec la reprise et la confiance qui revient, l’épargnant a envie de faire fructifier son capital et se tourne naturellement vers l’assurance vie qui est un produit très souple », confirme Jean-Dominique Lelong, co-fondateur de la plateforme Perlib, contacté par Le Courrier Financier. Pour mesurer l’intensité de l’activité des CGP, Nortia s’intéresse au taux de rotation — qui traduit les arbitrages sur le stock en assurance vie. Ce taux de rotation atteint respectivement 3,6 % et 3,8 % au deux premiers trimestres 2021.

L’inflation, du transitoire qui dure ?

L’inflation s’empare des marchés financiers au T3 2021. « L’attentisme et le manque de direction ont laissé les CGP adopter une posture plus défensive dans leur gestion », note Philippe Parguey. Les CGP se tournent vers des supports à faible volatilité pour se prémunir contre les rotations brutales de marché — avec 48 % de collecte brute en fonds euros pour l’assurance vie. « Les fonds obligataires en profitent légèrement, en attirant 16 % de la collecte brute. En dépit de cette approche plus défensive, 20 % de la collecte brute reste tout de même orientée vers des fonds actions », précise Adrien Lhermitte, Directeur de l’Ingénierie Financière de Nortia.

Transitoire ou non, telle est la question. L’inflation devrait se prolonger en 2022, au rythme des pénuries — matières premières, semi-conducteurs — alimentées par une demande mondiale très forte. « Transitoire ne veut pas forcément dire de courte durée », a prévenu Randal Quarles, gouverneur de la Fed, ce mercredi 20 octobre. « Nous entrons en territoire inconnu. Les stimulus monétaires des banques centrales s’adressent à un patient en bonne santé, puisque l’économie s’est déjà remise de la crise sanitaire. C’est une conjoncture inédite en temps de paix », nous explique David Kalfon, Président de Sanso IS, ce jeudi 21 octobre.

« La hausse de l’inflation n’est pas encore trop intégrée par les épargnants. Elle favorisera l’immobilier, les fonds actions et obligataires avec une gestion dynamique ou opportuniste. En revanche, cela va être une menace pour le fonds euros si elle reste « forte et pérenne ». Les fonds actions sur les matières premières seront gagnants mais que sur l’aspect ISR », précise Philippe Parguey, contacté par Le Courrier Financier.

Et maintenant, où on va ?

Dans ce contexte, faut-il continuer à investir en unités de compte ? « Les performances 2021 des UC dépassent largement l’inflation. En dehors des UC l’argent serait placé sur du fonds euros ou sur des livrets rémunérés à 0,5 %. Dans ce cas de figure, l’épargnant perd de l’argent. Les UC restent donc le placement le plus efficace et conseillé pour investir », tempère Jean-Dominique Lelong. D’après l’Observatoire Nortia, les supports immobiliers sont davantage plébiscités au T3 2021. Le sous-jacent reste résilient à l’inflation — notamment à travers les SCI, qui permettent de s’exposer à la classe immobilière au sens large.

Une SCI présente moins de volatilité que les OPCI, et moins de frais à l’entrée que les SCPI… et parfois aussi, des caractéristiques responsables adaptées au développement de l’ESG/ISR. « Novaxia R est la première unité de compte d’immobilier résidentiel et responsable issue du recyclage urbain, éligible à l’assurance vie », nous confiait ainsi Mathilde Krieger, Directrice Générale de Novaxia Investissement, le 5 juillet dernier au Grand Forum du Patrimoine à Paris. « Les UC en assurance vie dans l’immobilier résidentiel sont vues par les investisseurs comme des placement plus résilients », conclut Mathilde Krieger. L’occasion de marquer l’investissement en 2022 d’une pierre blanche ?

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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