Immobilier : quelles perspectives pour les courtiers ?

Immobilier - L'immobilier reste une classe d'actifs plébiscitée par les consommateurs français en 2019. Dans ce contexte, les courtiers gardent plusieurs atouts dans leur manche à l'heure où leur profession se dirige vers l'autorégulation. Christelle Molin-Mabille — Présidente de la Chambre Nationale des Conseils Intermédiaires en Opérations de Banque — et Didier Kling — Président de la Chambre Nationale des Conseils Experts en Immobilier Patrimonial — partagent leur analyse.

Le contexte national de ces derniers mois a mis en lumière de nombreuses problématiques sociales, financières et économiques… Ces facteurs influent sur la manière dont les Français veulent construire leurs projets. Dans le lot, l’immobilier bénéficie pour le moment d’une situation de taux bas mais qui n’échappe pas aux remous de la conjoncture.

Baisse du pouvoir d’achat, hausse du coût de la vie, sur-taxations, retraite et dépendance, mobilité… Autant de facteurs qui pèsent sur les intentions des consommateurs, pour réaliser ou non un investissement immobilier et rechercher des solutions de financement.

Confiance dégradée VS projets immobiliers

L’immobilier est une classe d’actifs plébiscitée des consommateurs. Il n’en demeure pas moins qu’un débat s’est instauré dans le milieu de la gestion de patrimoine et du financement, pour analyser les raisons d’un ralentissement des affaires. Est-ce à cause d’une remontée des taux ou simplement à la suite d’une dégradation de la confiance ? Une récente enquête de l’institut IFOP — publiée fin février 2019 — nous enseigne que 7 Français sur 10 portent un regard morose sur l’avenir économique et politique du pays. 56 % des sondés estiment que l’action des pouvoirs publics a eu un impact négatif sur le marché de la pierre.

En tant que courtiers en crédit immobilier, comment se positionner ? 60 % des sondés estiment qu’il est toujours intéressant d’acquérir un bien, avec une tendance plus prégnante chez les 18 à 24 ans. Ceci suppose qu’à la lueur de la loi PACTE, nous allons devoir prendre encore plus au sérieux la question de l’éducation financière. Viennent ensuite les CSP+, les Franciliens et les retraités. Mais du projet à la signature, il y a un pas. Seulement 30 % des Français envisagent un projet immobilier en 2019.

Savoir identifier la clientèle cible

En 2019, les moins de 35 ans réfléchissent à un achat immobilier — 45 % des sondés — ainsi que les CSP + (49 %). Que veulent-il faire exactement ? Un quart d’entre eux vont acquérir un bien et 17 % d’entre eux ont l’intention de vendre. Cela conduira t-il à une tension sur le marché et à une diminution de l’offre ? Il faut observer ce paramètre avec attention. La frilosité des Français peut être source d’opportunités pour notre profession, puisque sa raison est identifiée. 45 % d’entre eux pointent en premier, la baisse du pouvoir d’achat.

Il nous appartient de faire jouer à plein la recherche des meilleures conditions de financement, sans pour autant omettre la plus-value du conseil et de l’accompagnement sur le long terme. D’autant plus que le recours à un crédit pour acquérir sa résidence principale reste stable, mais que les Français sont prêts à s’endetter plus longtemps — plus de 21 ans — pour être propriétaires. Enfin, les  différentes mesures gouvernementales — PTZ, reconduction du dispositif Pinel, suppression de la taxe d’habitation — sont considérées comme favorables aux achats immobiliers.

Tendances et perspectives pour les courtiers

Parmi les facteurs importants à l’achat, les Français sont de plus en plus nombreux à se tourner vers « l’immobilier vert ». La performance énergétique et — plus généralement — les enjeux environnementaux sont toujours perçus comme de véritables enjeux immobiliers, avec une incidence sur le comportement des Français. Au même titre que leur possibilité de mobilité, même si les acheteurs ou vendeurs motivés peuvent pallier à ce manque par le télétravail.

Face à la complexité de la conjoncture et de l’accès aux crédits immobiliers, les consommateurs s’ouvrent de plus en plus aux intermédiaires. Leur motivation ? Les courtiers sont pour eux gage de sécurité et d’optimisation, tant pour le prêt que l’assurance crédit. La part des courtiers en immobilier devrait approcher les 50 % sur ce marché à l’horizon 2022. Il faudra donc miser davantage sur le conseil, l’expertise et l’accompagnement.

A plus forte raison que le courtage en crédit — comme les autres métiers du financement — vont prochainement être autorégulés. Cette évolution devrait concourir à une plus grande visibilité de la profession auprès du grand public, et une reconnaissance certaine de la Place.

Christelle Molin-Mabille & Didier Kling

Voir tous les articles de Christelle Molin-Mabille