Vincent Aurez – Novaxia : immobilier, « le marché va devoir s’adapter aux aléas climatiques »

Immobilier - Quel rôle le secteur immobilier peut-il jouer dans la lutte contre le dérèglement climatique en France ? A quels enjeux ses acteurs sont-ils désormais confrontés ? Vincent Aurez, directeur de l’Innovation et du Développement Durable chez Novaxia, répond au Courrier Financier.

Le 28 février dernier, le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) a publié son sixième rapport. Quel rôle le secteur immobilier peut-il jouer dans la lutte contre le dérèglement climatique en France ? A quels enjeux ses acteurs sont-ils désormais confrontés ? En 2020, la construction de logements en France représentaient 68 % des sols artificialisés, d’après le premier rapport de l’Observatoire national de l’artificialisation des sols. Les activités commerciales (25 %) et les infrastructures publiques (moins de 4 %) pèsent beaucoup moins lourd dans l’équation. Vincent Aurez, directeur de l’Innovation et du Développement Durable chez Novaxia, répond en exclusivité aux questions du Courrier Financier.

Le Courrier Financier : D’après le dernier rapport du GIEC, quel rôle l’immobilier peut-il jouer face au changement climatique ?

Vincent Aurez - Novaxia : immobilier, « le marché va devoir s’adapter aux aléas climatiques »
Vincent Aurez

Vincent Aurez : L’immobilier est présent dans presque toutes les parties du rapport, ce n’est pas anodin. Il évoque notamment les inégalités de logements entre les populations liées au dérèglement climatique. Il y a une fracture entre les plus pauvres, qui sont dans des logements soumis aux risques physiques climatiques et les plus riches, qui sont dans des logements qui seront moins affectés par le changement climatique.

Pour y remédier, le rapport met en avant le fait que les différents acteurs doivent travailler ensemble : urbanistes, public, privé, etc. Cela leur permettra de repenser leur manière de faire du logement. En France, nous avons de l’avance, en témoignent les initiatives innovantes telles que la Loi Climat et Résilience, Imaginer la Métropole du Grand Paris, etc. Il faut conserver cet esprit d’innovation, parce que les besoins changent et vont encore changer. Autrefois, nous pouvions dire que l’immobilier avait un impact sur le changement climatique et malheureusement, l’inverse est vrai aussi.

C.F. : En France, comment la « loi climat et résilience » (promulguée en août 2021) s’applique-t-elle dans ce secteur ?

V.A. : Pour résumer, la loi dit « Halte à l’étalement urbain ! ». Cette loi impose la réduction par moitié en 2030 de l’artificialisation des sols et son arrêt en 2050. C’est une très bonne initiative. En devenant entreprise à mission, Novaxia Investissement a décidé de se conformer à l’objectif 2030 à partir de… 2021 ! La loi climat et résilience fait partie d’autres lois qui visent à améliorer l’impact de l’immobilier sur le dérèglement climatique.

Il sera bientôt interdit de louer des passoires thermiques, avec des performances énergétiques en dessous du « classement F », soit de très mauvaises performances. C’est une opportunité pour le recyclage urbain ! Ces bâtiments décotés vont arriver sur le marché et ils pourront être recyclés dans du logement plus performant du point de vue énergétique.

C.F. : Comment le marché immobilier français s’adapte-il au risque d’inondations et de montée du niveau de la mer ?

V.A. : Pour le moment, la France est plutôt préservée. Cela dit, ce n’est pas parce que le problème ne nous concerne encore pas qu’il ne nous arrivera pas. Le littoral ouest, par exemple, est le littoral qui s’artificialise le plus rapidement. Ce ne sera pas sans conséquences. Un mètre carré de terre artificialisé se paie cher. C’est de la biodiversité qui disparaît, où la chaleur s’accumule et surtout, où l’eau ne s’infiltre plus.

Le marché va devoir s’adapter aux aléas climatiques, les investisseurs qui l’ont déjà compris ont une longueur d’avance. Ils font des projets qui sont plus en phase avec les attentes des élus, des territoires et des citoyens. Ce sont des projets qui trouveront plus facilement leur place et qui seront mieux acceptés de manière durable.

C.F. : Quel rôle les promoteurs peuvent-ils jouer dans la renaturation des espaces ? Pourquoi s’y intéressent-ils ?

V.A. : Les promoteurs doivent s’inscrire dans la renaturation des villes. Ils s’y intéressent parce qu’ils voient bien qu’il n’est plus possible de construire la ville comme avant, que le confort de vie passe aussi par la nature. Il y a non seulement une pression de la population, mais aussi la loi climat ne leur laissera bientôt plus le choix.

Les collectivités, les citoyens et la réglementation les poussent à avoir de l’impact, comme avec l’objectif « zéro artificialisation nette » (ZAN) par exemple. C’est devenu une nécessité de construire la ville sur elle-même. Aujourd’hui, s’ils veulent que leur immeuble ait une valeur sur le marché à l’avenir, ils doivent impérativement s’adapter.

C.F. : Le recyclage urbain peut-il contribuer à un investissement immobilier plus responsable ?

V.A. : Oui, c’est la raison d’être du recyclage urbain. Il permet de créer du logement dans les zones tendues, en utilisant des parcelles déjà artificialisées. Le recyclage urbain permet la réhabilitation, le réemploi de matériaux, l’utilisation de matériaux biosourcés, l’amélioration énergétique des bâtiments obsolètes… Le recyclage urbain c’est aussi renaturer la ville !

Chez Novaxia Investissement, nous avons renaturé 65 000 m² de pleine terre en 2021, tout cela grâce au recyclage urbain. Investir dans un fonds de Novaxia Investissement, c’est donc concrètement participer à la renaturation des villes. 

C.F. : Dans ce domaine, quelles stratégies Novaxia Investissement propose-t-elle aux investisseurs ?

V.A. : Novaxia Investissement commercialise trois fonds responsables labellisés ISR : Novaxia R (Assurance vie et PER), Novaxia Neo (SCPI) et Novaxia One (PEA-PME et 150 0-b-Ter). Tous ont la même thématique : le recyclage urbain. Novaxia R, par exemple, le premier fonds responsable disponible en assurance vie qui est dédié au recyclage de bureaux en logements. Sur une seule année de commercialisation, il a engagé la renaturation de 11 000m² en zone urbaine.

Pour répondre aux attentes de nos investisseurs, chaque euro investi par Novaxia Investissement est solidaire et responsable. Le S (pour social) de ESG (environnement, social, gouvernance) est souvent délaissé dans les démarches extra-financières. Novaxia R est pionnier dans le domaine. C’est le premier fonds immobilier doublement labellisé ISR et Finansol. Nous défendons une approche 100 % solidaire en plus de notre approche environnementale.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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