Les taux bas immobilier : une menace pour la santé du marché ?

Immobilier - À 1,46% en moyenne au premier trimestre 2017, la France pratique les taux d'intérêt les plus bas d'Europe. En lien direct avec le fort dynamisme du marché de l'immobilier, ils sont aussi la cause de la forte hausse des prix des loyers presque partout en France, faisant peser la menace d'une nouvelle bulle immobilière...

Si les taux d’intérêt du crédit immobilier se maintiennent à un niveau aussi bas, c’est parce qu’ils sont lésés par les taux d’usure, selon Bruno Deletré, directeur général du Crédit Foncier. Les taux applicables ne devant pas dépasser un seuil équivalent aux quatre tiers des taux du marché du trimestre précédent, lorsque les taux du marché tendent vers zéro, il devient difficile d’inverser la tendance. Ainsi, lorsque les taux du marché repartent à la hausse, ce n’est pas le cas des taux d’usure. Ce qui crée un décalage entre les taux induits par le marché et les taux appliqués.

Ce sont les consommateurs qui en profitent le plus : leur pouvoir d’achat n’a jamais été aussi fort. Les prévisions de volume de crédit à l’habitat devraient atteindre, cette année, 170 milliards d’euros, soit l’équivalent du volume d’avant-crise. Les ventes, boostées par le Prêt à Taux Zéro, la loi Pinel ainsi que les taux d’intérêts faiblement élevés, ont augmenté de 8% par rapport à l’an dernier. À cela s’ajoute une accession rapide des ménages à leur bien : 71% d’entre eux achètent leur logement en moins d’un an de recherche, soit 18% de plus qu’en 2014.

Le marché de l’immobilier, en France, connaît un dynamisme en voie d’égaler celui d’avant-crise.

Cependant, gare à la spéculation. Les taux maintenus à un niveau extrêmement bas ne sont pas en accord avec le marché. Le pouvoir d’achat des Français est donc artificiel.

Ce regain de mobilité des ménages se traduit par une tension sur les prix. Partout en France, la hausse des prix de l’ancien est significative. À Paris, en un an, les loyers se sont hissés à 8240 €/m² pour un T3 – récent ou ancien. Le rayonnement du marché francilien influence toutes les grandes villes de France. Le développement de transports (lignes TGV, tramway…) et le dynamisme économique de ces villes accentuent le phénomène d’augmentation générale des prix de l’immobilier. Seule Marseille stagne à 2 600 €/m², victime de sa mauvaise réputation.

Et c’est là que pèse le risque de bulle immobilière : une augmentation rapide et non contrôlée des prix en est un premier symptôme. Certains experts de l’immobiliers, encore traumatisés par la crise de 2008, déclenchée par l’éclatement de la bulle immobilière, tirent la sonnette d’alarme, alimentant ainsi les craintes. Bruno Deletré, prudent, affirme qu’il n’y a pas de bulle mais que le risque persiste.

Reste à savoir si la crainte d’une nouvelle bulle immobilière est justifiée ou si elle est le fruit du traumatisme de la crise financière…

Charlyne Alloin

Rédactrice - Le Courrier Financier

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