En 2022, le financement participatif (crowdfunding) se consolide grâce au secteur immobilier. Le 9 février dernier, Mazars & Financement Participatif France (FPF) ont publié leur Baromètre du financement participatif en France 2022. D’après ce document, le crowdfunding immobilier a franchi l’an dernier le cap symbolique du milliard d’euros — soit plus d’1,6 milliard d’euros levés en 2022, ce qui représente une hausse annuelle de +40,2 %. « Le crowdfunding immobilier obligataire constitue la locomotive du financement participatif en France, et pèse pour un peu plus des deux tiers de la collecte globale », indiquent les auteurs.
Un marché en pleine croissance en 2023
Pour le particulier, c’est un placement très rentable (9,4 % de TRI moyen) avec un horizon court terme (21 mois, c’est-à-dire moins de deux ans). De leur côté, les marchands de biens (56 % des porteurs de projets) et les promoteurs (35 %) y trouvent une manière facile et rapide d’augmenter leurs fonds propres. « Les besoins des promoteurs immobiliers sont constants sur les dernières années. Cependant, l’accès au crowdfunding immobilier leur permet de se financer à moindre coût. Les opérateurs conservent ainsi plus de marge », explique Quentin Romet, cofondateur d’Homunity, contacté par Le Courrier Financier.
Une rustine devenue presque incontournable. « En 2023, les banques exigent 35 % de fonds propres. C’était 20 % auparavant. Nous prévoyons une croissance supérieure à +30 % pour le marché du crowdfunding cette année », nous explique Alexandre Toussaint, Président et fondateur de Baltis. Avec un ticket moyen d’environ 6 000 euros, le crowdfunding immobilier permet de diversifier son portefeuille en quelques clics. « Une collecte dure en moyenne 15 heures, mais nous avons déjà bouclé des levées de fonds sur notre plateforme en quelques minutes ! Les investisseurs savent à quelle heure se connecter, ça va très vite », raconte Alexandre Toussaint.
L’agrément PFSP redéfinit la place du CGP
Aujourd’hui, le marché français du crowdfunding immobilier s’est consolidé autour de 32 plateformes — dont les quatre plus importantes représentent près de 60 % de la collecte totale. La première d’entre elles, ClubFunding, a levé 125 millions d’euros le 22 septembre dernier afin de nourrir sa croissance européenne. « Nos 15 000 investisseurs particuliers sont notamment sensibles aux investissements en Europe afin de diversifier leur patrimoine, et ce dès 1 000 euros », explique David Peronnin, Président de ClubFunding Group. Avec l’évolution de la règlementation, 2023 sera une année charnière pour le secteur.
Dès le 10 novembre prochain, toutes les plateformes françaises devront disposer du statut de prestataire de services de financement participatif (PSFP). « Ce statut harmonise les règles au sein de l’UE. Par exemple, le financement maximum par projet tombe à 5 millions d’euros, contre 8 millions d’euros actuellement en France. Chez Baltis, nous avons vocation à creuser en région, mais nous ne nous interdisons pas d’aller investir en Europe [en Belgique notamment, NDLR] Le statut PSFP va séparer très nettement l’activité de conseil — qui revient au CGP — de notre activité de placeur d’ordres en tant que plateforme, depuis la collecte jusqu’au débouclage des fonds », précise Alexandre Toussaint.
Après le rachat de Proximea l’été dernier, Baltis reste ancrée dans les territoires. « Nous aspirons à financer des startups à impact dans les secteurs de l’immobilier, la transaction et de la rénovation énergétique. Nous sommes aussi en phase de réflexion pour lancer de nouveaux produits dans les énergies nouvelles et renouvelables (éolien, photovoltaïque, solaire), toujours accessibles à partir de 1 000 euros », indique Alexandre Toussaint. Déjà présente à Paris et Lille (Nord), Baltis a ouvert d’un bureau à Lyon (Rhône). Objectif, accélérer son développement en Auvergne-Rhône-Alpes et son implantation à Nantes (Loire-Atlantique) et Bordeaux (Gironde)
Trois questions à… Quentin Romet, cofondateur d’Homunity

Le Courrier Financier : Chez Homunity, comment accompagnez-vous les épargnants qui souhaitent investir dans l’immobilier ?
Q.R. : Le conseil de l’investisseur est probablement le plus important. Il est essentiel que l’investisseur diversifie ses placements, en sélectionnant des opérations et des opérateurs différents. Il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Si vous investissez 10 000 euros, vous avez tout intérêt à faire 10 lignes d’investissement de 1 000 euros, plutôt que d’investir 10 000 euros dans une seule et même opération.
C.F. : Comment votre nouvelle offre en PEA-PME permet-elle aux investisseurs de se protéger contre l’inflation ?
Q.R. : A condition de détenir un PEA-PME depuis plus de 5 ans, la nouvelle fiscalité n’est plus de 30 %, mais de 17,2 %. Avec une imposition diminuée, votre rendement net après impôts ne fait que se bonifier. Le crowdfunding immobilier est ainsi un rempart efficace contre l’inflation.
C.F. : Comment le crowdfunding contribue-t-il au développement de l’immobilier durable ?
Q.R. : Nous accompagnons l’immobilier durable à travers le positionnement d’un certain nombre d’opérations. Certaines d’entre elles sont des opérations de rénovation et de réhabilitation. Elles donnent une nouvelle vie à l’actif immobilier, avec entre autres une nouvelle vie énergétique de l’immeuble. Pour ce qui est de l’immobilier neuf, nombreux sont les actifs qui sont énergétiquement autonomes, qui prévoient une seconde vie, etc.