Crédit immobilier : un Français sur deux pense que ce n’est pas le moment d’emprunter

Immobilier - Ce mercredi 23 mars, Artémis Courtage dévoile son dernier baromètre « Les Français et l'immobilier, quel état d'esprit au 1er trimestre 2022 » — réalisé avec OpinionWay. Comment les Français perçoivent-ils le marché du crédit immobilier ? Quel rôle accordent-ils aux courtiers ? Le point avec Le Courrier Financier.

De la crise sanitaire à la guerre en Ukraine, la France tombe de Charybde en Scylla. Début 2022, quel rapport les Français entretiennent-ils avec l’immobilier et le crédit ? Ce mercredi 23 mars, Artémis Courtage — société indépendante de courtage en prêt immobilier et assurance emprunteur — publie la sixième édition de son baromètre, réalisé par OpinonWay. Cette étude a été menée auprès de 1 073 Français âgés de 18 et plus (méthode des quotas). « Les Français, déjà préoccupés par leur pouvoir d’achat, redoutent une flambée des prix immobiliers, déjà élevés, ainsi que des difficultés accrues d’accès aux crédits immobiliers », déclare Ludovic Huzieux, co-fondateur d’Artémis courtage.

Hausse des prix de l’immobilier

En 2021, la France a connu un fort rebond économique. D’après la Banque de France, la production de crédits à l’habitat a atteint 274 milliards d’euros. L’an dernier, c’est le dynamisme du crédit immobilier (+ 6,4 %) qui a porté la croissance des encours de crédit aux particuliers. « 2021, c’était vraiment une belle année pour le crédit », commente Ludovic Huzieux. Mais depuis le T4 2021, la France connaît une forte poussée inflationniste. Le 8 février dernier, l’Insee estimait que l’inflation devrait « se situer entre 3 % et 3,5 % » d’ici juin prochain. De quoi peser sur le moral. D’après Artémis Courtage, 73 % des Français se disent pessimistes à l’égard de la situation économique française.

Cette inquiétude se répercute sur la perception du marché immobilier. Plus d’un Français sur deux (55 %) se déclare pessimiste à ce sujet, notamment les femmes (62 %) et les moins de 35 ans (62 %). La crise sanitaire a accéléré le développement des villes moyennes — de 20 000 à 99 999 habitants — et entraîné une hausse des prix. D’après l’indice des Notaires de France, le prix des logements anciens en France (hors Mayotte) enregistre ainsi une hausse de +7,1 % sur un an glissant au T4 2021. D’après le baromètre, les Français perçoivent davantage cette hausse dans les petites et moyennes villes de province (73 %) et dans les grandes métropoles (72 %) qu’en région parisienne (65 %).

Crédit immobilier : un Français sur deux pense que ce n’est pas le moment d’emprunter
Source : Artémis Courtage
Crédit immobilier : un Français sur deux pense que ce n’est pas le moment d’emprunter
Source : Artémis Courtage

Contrairement à certains voisins européens comme l’Allemagne, la France reste un pays de propriétaires. Au 1er janvier 2021, la France (hors Mayotte) comptait 37,2 millions de logements dont 82 % de résidences principales selon l’Insee. La part des propriétaire reste stable depuis une décennie, aux alentours de 58 %. D’après Artémis Courtage, seul un quart des locataires (25 %) déclare aujourd’hui ne pas vouloir accéder à la propriété. Acheter sa résidence principale représente une aspiration assez partagée, mais qui dépend de l’accès au crédit immobilier. Or, au regard de la conjoncture, plus d’un Français sur deux (52 %) estime la situation défavorable pour emprunter.

Un accès au crédit plus difficile ?

Les Français citent en premier lieu des banques devenues plus exigeantes (88 %) pour accorder un emprunt. Depuis le 1er janvier 2022, les recommandations du Haut Conseil de stabilité financière (HCF) sur le crédit immobilier sont juridiquement contraignantes. Le taux d’effort est plafonné : vous ne pouvez pas consacrer plus de 35 % de vos revenus aux remboursements. La durée du prêt se limite à 25 ans (délai rallongé à 27 ans en cas de travaux). Pour l’organisme, qui dépend de la Banque de France, il s’agit de « rendre l’emprunt plus sûr et d’éviter les dossiers de surendettement ». Le HCSF accorde néanmoins aux banque une marge de dérogation, qui se limite à 20 % des crédits octroyés.

La principale source d’inquiétude, ce sont les taux des crédits immobiliers. Plus de trois Français sur quatre (77 %) estiment qu’ils augmentent. Ce ressenti a bondi (+25 %) depuis septembre 2021. « C’est certainement un effet de l’inflation qui déforme la légère hausse des taux d’intérêt en obstacle insurmontable à l’accès à la propriété, alors que ceux-ci restent malgré tout avantageux », analyse Artémis Courtage. Début mars 2022, le courtier constate une hausse des taux de crédit immobilier de l’ordre de 0,20 à 0,30 point. Cette hausse se ressent davantage dans les grandes villes (88 %). Le phénomène concerne les acquéreurs de résidences principales et secondaires, mais aussi de biens locatifs.

Crédit immobilier : un Français sur deux pense que ce n’est pas le moment d’emprunter
Source : Artémis Courtage
Crédit immobilier : un Français sur deux pense que ce n'est pas le moment d'emprunter
Baromètre des taux de crédits immobilier négociés sur février
Source : Artémis Courtage

De la création du dossier à la signature de l’acte de vente, il faut compter en moyenne 3 mois pour obtenir un crédit immobilier. Mais davantage de contraintes signifie des délais d’obtention qui s’allongent. Trois Français sur quatre (75 %) estiment qu’il faut désormais plus de temps pour valider un dossier. Cet accès jugé plus difficile pousse les emprunteurs à modifier leur stratégie. « Pour décrocher un prêt, certains emprunteurs doivent revoir leur capacité d’emprunt ou augmenter leur apport financier en puisant davantage dans leur épargne ou en faisant appel à l’aide familiale si cela est envisageable », relève Artémis Courtage. Des circonstances qui favorisent l’activité des courtiers.

Le rôle des courtiers se renforce

Pour sept Français sur dix (70 %), recourir à un courtier en crédit immobilier augmente leurs chances d’obtenir un emprunt. Sur un an glissant, cette conviction a progressé de +9 % chez nos concitoyens. « Les Français renouvellent leur confiance aux courtiers en prêt immobilier », se félicite Artémis Courtage. Par ailleurs, six Français sur dix (63 %) considèrent que le courtier facilite le recours à une assurance emprunteur extérieure. Près de neuf Français sur dix (89 %) estiment les banques favorisent la souscription d’une assurance emprunteur au sein de leur établissement (89 %). Sans le courtier, le particulier peut vite se sentir obligé de suivre cette suggestion, s’il veut obtenir son prêt.

La législation sur l’assurance emprunteur a pourtant beaucoup évolué. Durant la première année, vous pouvez résilier votre contrat au plus tard 15 jour avant la date anniversaire du contrat. Après, il faudra vous y prendre au moins deux mois avant la date anniversaire. Pourtant, seuls 12 % des Français déclarent avoir profité de cette opportunité. D’après Artémis Courtage, les habitants des villes moyennes (22 %) et des grandes villes de province (20 %) sont les plus nombreux à avoir changé d’assurance emprunteur. Notez que depuis le 22 février dernier, la loi Lemoine donne un droit de résiliation sans frais à tout moment de l’assurance emprunteur immobilier.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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