Grégory Vial – Feefty : digitaliser l’intégralité de l’investissement en produits structurés

Asset Management - Les produits structurés sont des titres de créance émis par une banque, au fonctionnement réputé complexe. Cet assemblage d’instruments financiers permet d’adapter le profil de risque aux attentes du client. Comment digitaliser le processus ? C’est le pari de la plateforme Feefty lancée au début du mois de juin 2019. L’un de ses cofondateurs, Grégory Vial, répond au Courrier Financier.

Trop compliqué, le marché des produits structurés ? Pas d’après les cofondateurs de Feefty. Julien Marette, Guillaume Dumans, Grégory Vial et Marc-Antoine Fonne ont lancé leur plateforme en architecture ouverte le 6 juin dernier. « Nous voulons simplifier cette classe d’actifs, la rendre plus accessible et transparente (…) La plateforme couvre l’intégralité du process d’investissement en produits structurés. L’idée derrière, c’était de casser ce secret jalousement gardé par les structureurs, comme quoi les produits structurés étaient complexes », explique Grégory Vial. Feefty s’adresse aux investisseurs professionnels qui souhaitent créer « une proposition commerciale sur mesure pour leur client », résume-t-il.

Dématérialisation de la souscription

Depuis deux ans, la digitalisation s’accélère dans les métiers de la gestion d’actifs. Dans cet océan numérique, la petite île des produits structurés échappe encore au raz-de-marée. Feefty ambitionne d’offrir à ses utilisateurs « toute l’expertise d’une salle de marché connectée ». L’inscription est gratuite. La plateforme se rémunère uniquement sur les transactions avec un prélèvement fixe de 0,50 % des montants traités. « C’est deux à trois fois moins cher que les intermédiaires traditionnels », nous confie Grégory Vial. Le nom de Feefty vient d’ailleurs de la contraction entre « fee » c’est-à-dire les « frais » — et « fifty » qui signifie  « cinquante » dans la langue de Shakespeare.

Le moteur de recherche sélectionne un produit parmi des centaines de milliers de combinaisons. Feefty travaille en partenariat avec les principales banques d’investissement du marché. A partir de 50 000 euros investis, le CGP peut créer un placement sur mesure pour son client. Il choisit d’abord un coupon puis sa rémunération (niveau de chargement ou « upfront »). Plusieurs filtres définissent le sous-jacent, la catégorie (« payoff »), le niveau de protection en cas de baisse du marché (disponible par intervalle de 5 %), la maturité du produit (durée de placement) et la fréquence de rendement souhaitée (trimestrielle, semestrielle ou annuelle).

Développer une approche « phygitale »

Au terme de cette sélection, l’investisseur professionnel détermine en toute autonomie le prix de son produit (en anglais « pricing »). « Feefty aide le CGP à construire un discours commercial pendant un rendez-vous client. L’interface permet de modifier à tout moment certains paramètres — comme la protection ou la rémunération du CGP — pour mesurer directement l’impact sur le rendement », précise Grégory Vial. En tant que tiers de confiance (statut CIF), Feefty applique l’obligation réglementaire « Best Execution » prévue par la directive européenne MIF. L’investisseur finalise la transaction en ligne grâce à la signature électronique. Les 8 employés de Feefty lui assurent un accompagnement « phygital ».

Investir en produits structurés via Feefty c’est donc en quelque sorte « acheter les services de son équipe d’experts », s’amuse Grégory Vial. L’outil portefeuille assure un suivi personnalisé de la cotation. Sur la version mobile de la plateforme, l’investisseur paramètre ses propres alertes. Et les ambitions de Feefty ne s’arrêtent pas là. Ses créateurs espèrent traiter 200 M€ d’ici la fin de l’année, et tablent sur un volume d’affaires de 1 Md€ d’ici début 2021. « Nous nous sommes d’abord intéressés au marché français des produits structurés, parce que c’est le plus compliqué d’Europe. A court terme, nous espérons étendre notre activité au Benelux, à la Suisse et à Monaco », conclut Grégory Vial.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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