Zone euro : la BCE renforce son soutien à l’activité

Asset Management - Au moment où Mario Draghi cède son siège de président de la BCE à Christine Lagarde, l'heure est au bilan. Quelles mesures la BCE applique-t-elle face au ralentissement de la croissance dans la zone euro ? Quels indicateurs économiques les investisseurs doivent-ils surveiller en 2019 ? Matthieu Grouès, Associé Gérant et Responsable des gestions institutionnelles chez Lazard Frères Gestion, partage son analyse.

A l’occasion de son avant-dernière conférence à la tête de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi a annoncé le 13 septembre un nouveau paquet de mesures accommodantes. Celui-ci comprend notamment : une baisse de 10 points de base du taux de dépôt, à -0,50 % ; un mécanisme d’exonération partielle pour certaines banques, afin d’amortir les effets négatifs de cette baisse du taux de dépôt sur leur compte de résultat ; le redémarrage du Quantitative Easing (QE) à hauteur de 20 milliards d’euros par mois, sans limite de temps ; des conditions plus favorables pour le TLTRO 3 et un renforcement de la forward guidance qui lie désormais l’évolution des taux d’intérêt à celle de l’inflation.

Mario Draghi à justifié ces annonces par le ralentissement de la croissance dans la zone euro au cours des derniers trimestres, la persistance des incertitudes internationales et la faiblesse des tensions inflationnistes. Ces éléments sont reflétés par les nouvelles précisions de la BCE, mettant en évidence une dégradation de ses perspectives de croissance et d’inflation pour 2019 et 2020, par rapport aux précédentes prévisions de juin dernier. Celles-ci tablent maintenant sur une croissance de +1,1 % (-0,1 point) cette année et de +1,2 % (-0,2 point) l’année prochaine, associée à une inflation de +1,2 % (-0,1 point) et de +1,0 % (-0,4 point).

Dégradation du PMI manufacturier en Allemagne

La publication des enquêtes PMI de septembre a apporté une mauvaise surprise. Après avoir été relativement stable depuis le début de l’année, le PMI composite pour l’ensemble de la zone s’est replié de 51,9 à 50,1. C’est un niveau cohérent avec une croissance proche de 0,5 % en rythme trimestriel annualisé. Ce repli reflète notamment une poursuite de la dégradation du PMI manufacturier en Allemagne, de 43,5 à 41,7 son plus bas niveau depuis 10 ans. Les statistiques d’activité allemandes disponibles jusqu’en août sont pour l’instant cohérentes avec une croissance PIB légèrement positive au troisième trimestre, après un repli de 0,3 % en rythme annualisé au 2e trimestre.

Les données relatives à la consommation dans la zone euro résistent bien, et le marché du travail continue de s’améliorer. Si les ventes au détail ralentissent un peu au troisième trimestre, elles demeurent sur une tendance haussière, affichant une hausse de 2,0 % sur un an. Les ventes de voitures ont chuté de 18,7 % en septembre, mais les statistiques des deux derniers mois ont été perturbées par un nouveau changement de normes. Le taux de chômage poursuit sa baisse et se situe désormais à 7,4 % en août, un niveau proche de son point bas historique de 7,3 % en 2008.

Matthieu Grouès - Lazard Frères Gestion

Associé Gérant et Responsable des gestions institutionnelles

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