Zone euro : Allemagne, vive la divergence

Asset Management - Le climat des affaires fait grise mine en Allemagne. La confiance dans l'économie allemande se dégrade. Quels sont les facteurs macroéconomiques qui entrent en jeu dans ce constat ? Quelles en sont les conséquences sur le marché des actions européennes ? Johannes Müller, Responsable de la recherche macroéconomique chez DWS, partage son analyse.

La confiance dans l’économie allemande s’est considérablement détériorée. L’ifo Business Climate Index — établi par l’Institut ifo de Munich — est probablement l’indicateur le plus utilisé pour évaluer l’humeur des entreprises allemandes. Comme le montre le graphique ci-dessous, l’appréciation de la situation des affaires se dégrade depuis un an. L’indice de confiance est retombé à des niveaux qui avaient été observés pour la dernière fois en 2012, c’est-à-dire au plus fort de la crise de l’euro.

L’équivalent français de l’indice ifo allemand — l’indice de climat conjoncturel établi par l’Insee — a eu tendance à avoir une corrélation assez forte avec l’ifo pendant une grande partie de son histoire. Dernièrement, cependant, leurs chemins ont divergé. Bien que le sentiment de l’autre côté du Rhin soit pire qu’il y a deux ans, l’ambiance en France a déjà commencé à s’améliorer depuis le début de l’année 2019.

Allemagne : vive la divergence

Pourquoi une telle divergence ?

Quelles pourraient être les raisons de cette divergence ? L’économie allemande est sous le feu des deux côtés. D’une part, la forte dépendance à l’égard des exportations est un désavantage en ces temps de conflit commercial mondial. De plus, le secteur industriel s’affaiblit partout dans le monde. Comme nous l’avons déjà montré en mai, la contribution de l’industrie à la valeur ajoutée totale en France est inférieure à la moitié de celle de l’Allemagne.

D’autre part, la France a un secteur public plus important. En période d’affaiblissement de la demande mondiale, cette situation s’est historiquement stabilisée à court terme. Dans une perspective à plus long terme, on pourrait adopter un point de vue plus nuancé. Cette divergence d’appréciation des perspectives économiques se reflète également sur les marchés des actions. Depuis début 2018, le CAC 40 français devance son homologue allemande le Dax de plus de 15 %, hors dividendes.

Johannes Müller - DWS

Responsable de la Recherche Macro

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