Zone de turbulence en vue sur le haut rendement ?

Asset Management - Le marché primaire de la dette à haut rendement n’est pas, ou plutôt n’est plus, si facile d’accès malgré la multiplicité des projets d’émission qui l’animent encore. Le géant sucrier français, le groupe Tereosvient à son tour d’en faire l’expérience, quelques jours après une autre société française, Antalis.

La société prévoyait d’émettre de nouvelles obligations via des titres hybrides mais a dû finalement y renoncer après avoir sondé quelques investisseurs. Tereos prévoyait d’émettre pour 200 millions de dollars d’obligations perpétuelles, avec la possibilité d’un rachat par anticipation au bout de 6 ans. Ces titres de rang subordonné auraient été noté B+, soit deux crans en dessous de la note à long terme de l’émetteur (BB). Leur statut «hybride »aurait permis de les comptabiliser à hauteur de 50% en fonds propres. Ces titres avaient été proposés à un rendement indicatif de 7,375%.

En termes de qualité de crédit, l’amélioration constatée l’an dernier grâce au redressement des prix du sucre avait permis à la coopérative sucrière de se refinancer sur le marché obligataire (un placement de 400 millions d’euros d’obligations 2023 en juin 2016). Sur le dernier exercice le levier, qui s’est beaucoup accru entre 2014 et 2016, avait ainsi pu reculer de 0,7 point à 4 fois l’Ebitda. L’exercice en cours est marqué à nouveau par un net repli des cours mondiaux du sucre (-30% depuis janvier). Ce contexte, couplé au rand subordonné des titres a donc refroidi les investisseurs.

Ceux-ci avaient déjà montré dans le dossier Antalis (le leader européen de la distribution de papiers, de la solution d’emballage et de produits de communication visuelle pour les professionnels) qu’ils pouvaient fermer la porte aux émetteurs peu connus ou présents dans des secteurs d’activités chahutés. De même, Hema l’enseigne néerlandaise spécialisée dans les produits résidentiels à bas prix, en a elle aussi fait les frais. En plein redressement après avoir traité à des niveaux dit « distressed » il y a 2 ans, la société a placé, début juillet, deux obligations mais en ayant revu à la baisse la taille de sa tranche à taux variable et payé» une marge supérieure à la fourchette proposée (625bp au lieu de 575bp).