Sans surprise, et conformément à la séquence maintes fois communiquée par ses dirigeants, la Banque centrale européenne devrait confirmer la fin de ses achats d’actifs en juin et annoncer une hausse de taux dès la réunion du 21 juillet, la première depuis 11 ans. La réunion du 9 juin marquera donc un véritable tournant dans sa politique monétaire.
Adopter un ton hawkish
Face à l’augmentation continue de l’inflation totale à +8,1% en zone euro, mais aussi de l’inflation cœur à +3,8% en mai sur un an, la BCE est sous pression. Celle-ci doit trouver une réponse adaptée et devrait être animée par un sentiment d’urgence jusqu’alors quasi inexistant dans ses actes et ses discours. De fait, 14 pays ont une inflation supérieure à 8,1% et notamment l’Allemagne (8,7%).
Christine Lagarde devrait donc adopter un « ton hawkish » et affirmer la détermination forte de la BCE à remplir son mandat de stabilité des prix.
Elle devrait également s’exprimer sur la question qui retient l’attention des marchés, à savoir le calendrier, l’ampleur et le rythme de la hausse des taux. La publication des chiffres de l’inflation en mai a, en effet, ranimé les débats au sein du Conseil des gouverneurs entre partisans d’une première hausse de 25pb et ceux d’une hausse de 50bp. Dans leurs anticipations, les marchés ont commencé à refléter la possibilité d’un pas de 50bp dès le mois de juillet ainsi qu’en fin d’année 2022, et intègrent une hausse à chaque réunion de la BCE d’ici la fin 2022.
Privilégier une hausse de 25pb
Nous estimons que la BCE devrait toutefois rester fidèle à sa ligne de conduite, parler haut et fort, mais suivre une approche graduelle et modérée. Face à un ralentissement de l’économie qui commence à se matérialiser en zone euro, notamment dans sa première économie qu’est l’Allemagne, la banque centrale devrait rester prudente et ne pas frapper trop fort dès juillet. Pour son premier pas, la BCE devrait donc privilégier une hausse de 25pb, tout en insistant sur la possibilité d’agir plus fortement si nécessaire.
En laissant ouverte la porte à des hausses de taux plus importantes, elle devrait donner des gages à la ligne dure au sein du Conseil et contenir les anticipations d’inflation. Néanmoins, ce tournant dans la politique monétaire devrait continuer à alimenter la remontée graduelle des taux à long terme en zone euro.