Un hiver moins rigoureux qu’on pouvait le craindre ?

Asset Management - La crise énergétique plane sur l'Union Européenne. Les mesures supranationales sont-elles suffisantes ? L'analyse de Xavier Chapard, Recherche & Stratégie chez La Banque Postale Asset Management (LBP AM).

Les attentes élevées du marché en ce qui concerne la réponse de l’Union Européenne à la crise énergétique ont été légèrement déçues, comme le montre le rebond du prix du gaz cette semaine de 190 à 215 euros/MWH après sa baisse de plus de 100 euros durant les deux semaines précédentes.

Le plan présenté par la Commission ce mercredi inclus des taxes sur les producteurs d’énergie, qui pourraient rapporter de l’ordre de 1 % du PIB de recettes fiscales, ainsi que des assouplissements réglementaires pour aider les distributeurs (capacités d’aide des Etats comme en Allemagne et contraintes sur les couvertures financières).

Mais, il reste vague, en particulier concernant les mesures qui permettraient de réduire la demande de gaz et d’électricité ou la possibilité d’une limite sur les prix des importations de gaz, et laisse aux Etats le soin de choisir comment soutenir leurs ménages et leurs entreprises cet hiver.

Protéger les ménages

Ce plan ne réduit pas les risques extrêmes de pénurie (il ne le peut pas) mais il donne les moyens aux Gouvernements d’agir dans un cadre européen. Et ils agissent, comme le montre la nationalisation de fournisseur d’énergie en Allemagne et le plan français qui protégera massivement les ménages.

Au total, même s’il est probable que des négociations longues et difficiles entre les états membres soient encore nécessaires, nous pensons que la réponse des Etats européens à la crise énergétique devrait permettre de réduire fortement son impact économique, de telle sorte qu’une récession en Europe au tournant de l’année reste probable mais pourrait être limitée. Vu le pessimisme des marchés sur l’Europe, cela pourrait être une bonne nouvelle.

Concernant les données économiques, l’activité en août aux Etats-Unis et en Chine a été plus résiliente qu’on pouvait le craindre, mais cela ne rassure pas les marchés car cela renforce les craintes que la Fed poursuive ses hausses de taux agressives alors que les perspectives restent toujours faibles et incertaines.

Le rebond de la croissance chinoise

En Chine, la production industrielle, les ventes au détail et les dépenses d’investissement ont toutes accélérées plus qu’attendu en août et suggèrent que le rebond économique se poursuit même si cela se fait à un rythme limité. Cela dit, la hausse des cas de Covid et des restrictions ainsi que la poursuite de la chute du marché immobilier continuent de peser sur les perspectives.

Au total, nous pensons que la croissance chinoise va légèrement rebondir au second semestre grâce aux stimuli des autorités après avoir ralenti à 2,6% au premier semestre, mais qu’elle devrait rester en dessous de la cible de 5,5%. Les marchés restent négatifs comme le montre la baisse du yuan, avec le taux de change USDCNY qui passe au-dessus de 7.0 pour la première fois en deux ans.

Aux Etats-Unis, les données d’activité pour août ont été moins mauvaises qu’attendu alors que les demandes d’allocation chômage confirment leur tendance baissière de l’été début septembre. Après la surprise à la hausse de l’inflation en septembre, les signes de résilience de l’économie et surtout de tensions élevées sur le marché de l’emploi ne vont pas pousser la Fed à assouplir son discours.