Tensions sino-américaines : la Chine reste mesurée

Asset Management - Les tensions commerciales se poursuivent entre la Chine et les Etats-Unis. En pleine crise sanitaire, la Chine choisit une voie modérée. Quelle stratégie la banque centrale chinoise poursuit-elle ? Quel rôle joue l'élection présidentielle américaine dans cette équation ? Les explications de Thomas Planell, Gérant-analyste chez DNCA.

Fidèle à sa ligne de conduite depuis le début de la guerre commerciale, la Chine, en fermant le consulat américain de Chengdu — moins important que celui de Pékin ou Hong Kong — a répondu avec tempérance à l’offensive diplomatique américaine et semble ouverte à une résolution rapide de la dispute.

Stabilité monétaire

À son crédit doit être également portée l’étonnante stabilité du yuan pendant la crise épidémique, qui lui permet de ne plus prêter le flanc au grief habituel de dévaluation de sa devise par l’administration Trump. La bonne tenue du renminbi — dont la volatilité a pu causer des chocs de marché violents par le passé — s’explique par la stratégie menée par la banque centrale chinoise.

Plus rétive que la FED à augmenter la taille de son bilan, elle n’a pas mené une politique monétaire massivement expansionniste depuis le début de la crise. Cette position fait d’ailleurs figure d’exception parmi les grands argentiers centraux et offre à la Chine une marge de manœuvre confortable au cas où le rebond de son économie montrerait des signes de faiblesse.

Pragmatisme chinois

La FED est malheureusement dans une position plus fragile : malgré l’arsenal monétaire déployé, le bourgeonnement de nouveaux foyers infectieux, le ralentissement du rebond de la consommation et des créations d’emplois depuis plusieurs semaines et le risque de voir les mesures exceptionnelles d’aides aux chômeurs ne pas être reconduites par le Congrès, du moins, pas en totalité mettent déjà en péril la reprise.

Par ailleurs, la proximité de l’échéance électorale américaine réduit la visibilité politique, ce qui est en cette période de crise de nature à exacerber la volatilité sur les marchés financiers. La fermeture d’une instance diplomatique étrangère est un acte politique grave, surtout s’il est mis au profit d’une ambition électorale, mais la Chine, pragmatique, en préparant déjà l’après Trump, devrait privilégier la voie de la désescalade.

Thomas Planell - DNCA

Gérant analyste

Voir tous les articles de Thomas