Suis-je IOB sans le savoir ?

Asset Management - Si Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, il se peut que certaines professions exercent, de fait et de bonne foi, le métier de courtier à « l'insu de leur plein-grès ».

Le métier d’intermédiaire en opérations de banque (IOB) dédié aux entreprises, est récent et en développement. Ainsi, ses frontières actuellement définies par une réglementation calquée sur celle du courtier particulier, ne sont pas suffisamment précises et méconnues de la sphère entrepreneuriale.

C’est pourquoi, malgré lui, l’expert-comptable, le broker, le conseil, le notaire, l’avocat, le manager de transition et bien d’autres, dès lors qu’ils abordent les problématiques liées au financement bancaire d’une entreprise qu’ils conseillent, dès lors qu’ils transmettent à un ou plusieurs établissements de crédit de la documentation comptables, financières ou juridiques permettant la prise de décision de financement, sont dans une démarche d’IOB. Pour une partie marginale de leur mission certes.

Néanmoins, adresser une demande de financement à une banque implique : un formalisme et un rédactionnel de dossier propre à l’analyse du banquier qui va au-delà des éléments financiers ; des contacts dans tous les établissements bancaires ; une tarification et une facturation au succès comme l’exige la réglementation ; être assuré pour cette activité et enfin être enregistré à l’ORIAS.

Alors, face à cette situation floue dans laquelle se trouvent à la fois les IOB de plein-exercice, garant d’une certaine orthodoxie sur leur métier, et le reste de la sphère des conseils aux entreprises travaillant régulièrement sur le financement, deux réactions possibles : la première, stérile, consisterait à hurler à la concurrence déloyale et perpétuer ce climat malsain qui consiste à dire à son voisin « qu’il n’a pas le droit », « qu’il est dans l’illégalité », « qu’il prend des risques ».

À la Chambre Nationale des Conseils Intermédiaires en Opérations de Banque, notre réaction est, bien au contraire, très positive, nous y voyons une magnifique opportunité d’accueillir, de former et d’accompagner de nouveaux adhérents provenant de métiers diversifiés. Clarifier la position de chacun, se protéger en cas de litige, tout en ajoutant une nouvelle corde à son arc, autrement dit de nouvelles compétences et par conséquent du business en plus ! Le processus est vertueux.

Il est tout à fait naturel qu’en qualité de conseil et lorsque la relation de confiance est forte avec votre client vous soyez amenés à être interrogés, consultés par vos clients sur des sujets de financements, bien que ces derniers soient satellites à votre mission principale. C’est d’ailleurs une belle marque de reconnaissance. Lorsqu’une question ou une situation se répète, c’est qu’il y a métier et ce métier, à la CNCIOB, nous le représentons.

Avec le poids du nombre nous pourrons également faire remonter au législateur que, si le statut d’IOB est obligatoire pour toucher au crédit des entreprises, ce statut hérité des courtiers particuliers nécessite des adaptations : droit de prendre des frais de dossier au démarrage de la mission pour compenser des temps de cycle longs, possibilité de co-courtage sur des missions complexes et bien d’autres sujets encore. Nous aurons alors le plaisir d’avoir contribué à la mise en place d’un nouveau métier.