Réserve fédérale : quels paramètres monétaires ?

Asset Management - Cette semaine, la Réserve fédérale doit se réunir pour réévaluer les paramètres de sa politique monétaire. La banque centrale américaine va-t-elle garder son attitude attentiste ? Quelles perspectives pour le guidage de ses taux d'intérêts ? L'analyse de Thomas Costerg, économiste sénior chez Pictet Wealth Management.

Ce mercredi 29 juillet, la Réserve Fédérale (Fed) devrait garder les paramètres monétaires inchangés — taux de rémunération des réserves excédentaires de 0,1 %, achats de titres à un rythme inchangé de 120 milliards de dollars par mois — mais nous nous attendons à une communication plus « dovish », c’est-à-dire un biais accommodant.

Attentisme de la Fed

La Fed est dans une attitude attentiste, mais se montrera certainement prête à ajouter des liquidités et/ou à signaler des taux pas pour encore plus longtemps. Cela est dû au ralentissement de l’économie américaine au mois de juillet en partie à cause du regain de l’épidémie, notamment dans les Etats du Sud.

Ce ralentissement peut être vu dans les indicateurs haute fréquence tels que ventes hebdomadaires d’essence ou inscriptions hebdomadaires au chômage. La position de la Fed est aussi attentiste par rapport au Congrès, qui prépare un nouveau plan d’aide budgétaire, notamment tourné vers une prolongation des allocations chômage extraordinaires qui doivent se terminer cette semaine.

Guidage des taux d’intérêt

La Fed étudie un raffinement de son guidage des taux d’intérêt (« forward guidance ») pour son prochain resserrement monétaire avec un double verrou : non seulement la reprise économique doit être durablement confirmée, mais l’inflation aussi doit être bien orientée — et la nouveauté serait un souhait pour une inflation au-dessus de 2 % durablement. Ces conditions dures à remplir font que tout resserrement est repoussé durablement dans le temps — pour nous pas avant 2024/2025.

La Fed continue d’être influencé grandement par la Théorie Moderne Monétaire (« MMT » l’acronyme en anglais), comme elle était influencée — sans jamais vraiment totalement y souscrire néanmoins — par le Monétarisme dans les années 1980. La Fed continue d’estimer que les risques de sa politique ultra accommodante pour l’allocation de capital et pour la confiance dans la monnaie sont tous deux mineurs.

Monnaie, la perte de confiance ?

Mais à notre avis, si la Fed continuait de glisser vers la pente descendante du MMT, notamment sa version puriste — rattachement de la Fed au Trésor, crédit direct des comptes en banque individuels —, une perte de confiance dans la monnaie est un risque à prendre au sérieux. 

Le regain d’intérêt pour l’or ces derniers temps reflète non seulement le faible coût d’opportunité de détention d’or dans un environnement de taux durablement bas, mais également une couverture du risque de glissade des politiques économiques vers le MMT pur.

Thomas Costerg - Pictet Wealth Management

Economiste senior

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