Relance économique : vers une réelle réouverture… au printemps

Asset Management - L'année 2021 a débuté au rythme des campagnes de vaccinations. Comment rassurer les marchés financiers, dans ce contexte propice à la reflation ? Les explications de Sebastian Paris Horvitz, stratégiste chez La Banque Postale Asset Management (LBPAM).

Avec la forte baisse des contagions, il est naturel de voir les autorités envisager une ouverture plus rapide des économies. Les contagions dans le monde ont été divisées par deux depuis le pic de la mi-décembre.  Néanmoins, les niveaux actuels restent élevés dans des nombreux pays et surtout la circulation des variants reste forte. Ce qui pousse à la prudence.

Ainsi, en Italie, alors que la réouverture des stations de ski était prévue pour aujourd’hui, le ministère de la santé a-t-il demandé à ce qu’elle soit encore repoussée. Le plus probable reste une ouverture très graduelle qui débuterait dans une ou deux semaine au plus tôt.

Vaccinations, valse lente

La situation sanitaire et ses conséquences économiques reste évidemment une contrainte à l’accélération de la reprise. Même aux Etats-Unis où l’activité a été plus dynamique qu’ailleurs, les consommateurs américains restent inquiets sur la situation présente et surtout à venir. Ce qu’indiquent clairement les enquêtes de confiance récemment, et c’est le message de celle de l’Université du Michigan à la fin de la semaine dernière. 

Relance économique : vers une réelle réouverture… au printemps

Sûrement le facteur déterminant sera l’accélération des vaccinations au cours de mois à venir ce qui conduirait à une réouverture de l’économie. Avec déjà plus de 20 % de la population ayant reçu au moins une dose, le Royaume Uni devrait être parmi les premiers à alléger de manière marquée les restrictions actuelles.

De même, les Etats-Unis pourraient suivre avec plus de 10 % de la population déjà vaccinée (au moins une dose reçue). Nous pouvons ainsi penser qu’outre-Atlantique, avec le printemps nous pourrions voir une amélioration de la confiance et un redressement de la consommation, d’autant plus que le plan de soutien en discussion actuellement au Congrès commencera à être implémenté.

Super Mario au travail

Mario Draghi est devenu officiellement le nouveau chef du gouvernement italien. Son cabinet de 23 ministres est un fin dosage entre politiques et technocrates. En particulier, le ministre de l’économie et des finances, Daniele Franco, était le Directeur général de la banque d’Italie, un proche de Draghi et dont le but est clairement de rassurer les marchés mais aussi gérer le soutien à l’économie et surtout la reprise.

En ce sens, la création d’un ministère de la transition écologique, confié à Roberto Cingolani, un chercheur, montre clairement l’ambition de Draghi d’accélérer et d’optimiser l’arrivée des fonds européens du plan de relance (The Next Generation) pour les projets environnementaux, dont le montant est de 66 milliards d’euros. 

Cette semaine, le nouveau gouvernement devrait obtenir la confiance des deux chambres sans difficulté. On verra dans les mois à venir si cet attelage subtil peut résister aux tension qui persistent entre les forces politiques italiennes. Néanmoins à court terme on peut penser que la dette italienne devrait attirer encore les investisseurs à la recherche de rendement.

Le pari reflationniste

Le pari reflationniste s’est vu confirmé en fin de semaine. Outre le retour de l’appétit pour le risque et les nouveaux plus hauts touchés par certains indices boursiers, ce pari s’est surtout reflété en une hausse marquée des taux longs. Le taux à 10 ans américains a de nouveau dépassé les 1,20 %, alors que le Bund retrouvait ses niveaux d’aout dernier à – 0,42 %. Une remontée trop rapide des taux ne serait pas la bienvenue en cette phase de reprise. Toutefois, les niveaux actuels restent assez bas, ce qui laisse encore de la marge avant que cela deviennent un problème pour les actifs risqués.

Néanmoins, il sera très important de suivre les mouvements futurs notamment sur les composantes qui poussent les taux à la hausse. Pour l’instant ce sont les anticipations inflationnistes qui ont été la force dominante. Il faudra surveiller la façon avec laquelle les anticipations de hausses de prix se diffusent dans l’économie, au-delà des facteurs temporaires dus aux effets de base associés à la reprise économique ainsi qu’aux goulets d’étranglement sur les chaines de production.

Relance économique : vers une réelle réouverture… au printemps

Les derniers chiffres de l’enquête de l’Université du Michigan montrent que les anticipations d’inflation des ménages sont reparties à la hausse. En partie ceci peut être lié à la hausse du prix de l’énergie. Il est donc sûrement trop tôt pour en dégager une tendance mais il faudra suivre ces évolutions. Ainsi malgré des sursauts, la situation encore dégradée de l’emploi incite-t-elle toujours à une tendance plutôt modérée de la progression de prix pour l’année à venir.

Sebastian Paris-Horvitz - La Banque Postale Asset Management

Economiste et stratégiste chez La Banque Postale Asset Management

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