Rebond de l’euro après les annonces de relance : un changement de tendance durable ?

Asset Management - Cette semaine a été marquée sur les marchés par la présentation du nouveau plan de relance de la zone euro, à hauteur de 750 milliards d'euros. Quel impact cette annonce a-t-elle eu sur le cours de la devise européenne ? La nouvelle tendance va-t-elle s'inscrire dans la durée ? Les explications d'Alexandre Baradez, Responsable Analyses Marchés chez IG France.

La présidente de la Commission Européenne a présenté ce mercredi 27 mai le plan de relance économique pour la zone euro de 750 milliards d’euros, nommé « Next Generation EU » incluant 500 milliards d’euros de dotations aux Etats et 250 milliards d’euros de prêts. La devise européenne a marqué dans la foulée un plus haut depuis le 1er avril à 1,1030 dollars.

Cela sachant qu’un rebond de l’euro avait déjà commencé à prendre forme la semaine dernière, après l’annonce du projet de plan de relance par le couple franco-allemand. Même si le rebond depuis les premières annonces il y a quelques jours n’est que de 200 points, l’euro passant de la zone des 1,08 dollar à 1,10 dollar, la question d’un changement de tendance progressif et plus durable se pose.

Euro contre dollar

D’un point de vue technique, la devise européenne évolue toujours dans un canal baissier très régulier depuis 2018 face au billet vert. Canal duquel elle a tenté de sortir d’abord par le haut puis par le bas lors de la phase de stress aiguë en mars, lorsque la volatilité explosait sur les marchés actions, avant d’être réintégré. Plusieurs attaques baissières ont eu lieu en direction de 1,08 dollar depuis avril mais le niveau a bien résisté et a offert un support, l’annonce du plan de relance européen ayant permis de s’extraire de cette zone.

L’euro revient donc sur la zone des 1,10 dollar ce qui pourrait ouvrir la voie à une extension sur le haut du canal baissier (proche de 1,11 dollar actuellement), dont la cassure entraînerait un retour au contact de l’oblique passant par les sommets de 2008 et 2011, actuellement à 1,14 dollar. Cette oblique de long terme avait d’ailleurs déjà été testée lors de la hausse de mars. Un élément récent, potentiellement négatif, n’a pas été sanctionné par le marché ce qui ajoute au sentiment que la devise européenne est un peu plus résiliente.

Evolution des règles budgétaires

Des sources de la Banque centrale européenne (BCE) ont indiqué que cette dernière préparait un plan de contingence pour poursuivre son programme d’achat d’obligations souveraines, dans l’hypothèse où la Cour constitutionnelle allemande empêcherait la Bundesbank d’y participer. Et qu’elle entreprendrait une action juridique contre la Bundesbank pour la forcer à revenir dans le programme. L’euro n’a pas flanché après cette information, ce qui est un signe plutôt positif.

Angela Merkel a également ajouté ce mercredi 27 mai que les négociations européennes pour valider le plan de relance seraient « difficiles » mais là encore l’euro s’est relativement bien maintenu. Sans oublier de mentionner également la stabilité du spread entre les taux 10 ans de l’Italie et de l’Allemagne. Cet écart a continué de se resserrer ces derniers jours pour tomber sous 200 points de base, soit son plus bas niveau depuis avril. Nous sommes loin des 320 points de base touchés mi-avril 2020, au plus fort de la vague de stress sur les marchés financiers.

Quelle évolution pour l’euro ?

Les positions spéculatives sur l’euro ont atteint ces dernières semaines leur plus haut niveau depuis juin 2018. Même si ce n’est pas forcément un indicateur imparable, la corrélation entre l’évolution de l’euro et celle des positions spéculatives a été bonne au cours des 10 dernières années. C’est un point positif de plus.

Même s’il serait étonnant de voir l’euro remonter brutalement, dans un contexte économique européen lourdement impacté par le Covid-19, l’hypothèse d’une base s’étant formée dans la zone 1,07 à 1,08 dollar n’est pas absurde, si nous considérons également que les taux souverains de la France et de l’Allemagne ne retourneront pas sur les plus bas historiques touchés ces derniers mois.

Alexandre Baradez - IG France

Responsable Analyses Marchés

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