Quel bilan des marchés financiers pour novembre ?

Asset Management - Après la forte correction d’octobre, certains actifs à risque ont tenté un rebond en novembre malgré de nombreux facteurs d’incertitudes, comme le Brexit, la politique budgétaire italienne et le ralentissement de la croissance européenne. Nerveux une grande partie du mois, les marchés actions ont tout de même salué la trêve dans la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine. Sur le marché obligataire, les rendements des emprunts d’Etats jugés les plus sûrs ont continué de profiter du mouvement de fuite vers les valeurs refuge. Le baril de pétrole a chuté de plus de 20% en raison de la crainte d’une surabondance d’offre mondiale.

Novembre sur les marchés actions

Wall Street a fini le mois de novembre en hausse au terme d’un parcours agité. Le mois a bien débuté après le résultat sans surprise des élections de mi-mandat et le statu quo de la Réserve fédérale, qui conforte le scénario d’une hausse des taux en décembre. Les actions ont ensuite rechuté, pénalisées par les menaces que font peser sur la croissance mondiale les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine. Alors que certains redoutaient une poursuite de la correction d’octobre, le S&P 500 et le Nasdaq ont signé à la fin du mois leur meilleure semaine depuis sept ans, portés par l’espoir d’un accord entre les Etats-Unis et la Chine à l’occasion du sommet du G20 et par des déclarations de Jerome Powell, le président de la Fed, laissant entendre que la fin du cycle actuel de hausse de taux se rapprochait.

Sur les bourses européennes, le mois de novembre n’a pas été de tout repos. Aux craintes liées à la guerre commerciale se sont ajoutées les doutes sur le Brexit et l’Italie. Les investisseurs s’inquiètent de l’éventualité d’un Brexit « dur », c’est à dire, non négocié, après les critiques d’une partie de la classe politique britannique contre les modalités de l’accord conclu entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. La détermination de Rome à creuser le
déficit budgétaire en 2019 a également pesé, notamment sur les valeurs bancaires. Pour autant, les indices ont ensuite emboité le pas de Wall Street, rassurés par l’espoir d’un accord commercial entre les Etats-Unis et la Chine. La rotation sectorielle s’est accélérée en novembre, les défensives dominant les débats. Les pétrolières et les cycliques ont en revanche continué de faire l’objet de dégagements importants.

La Bourse japonaise, a, elle aussi, repris de la hauteur en novembre après la correction d’octobre. Le Nikkei a bénéficié de l’espoir d’un accord entre les Etats-Unis et la Chine à l’occasion du sommet du G20 et des anticipations de fin du cycle de hausse de taux US. Les marchés asiatiques ont eux aussi bénéficié de ces éléments. La Chine profitant également de l’assouplissement de la réglementation sur les transactions, des levées de fonds et des introductions en Bourse et de la spéculation concernant une baisse des taux d’intérêt de la banque centrale chinoise. De leur côté, les principaux marchés actions d’Amérique Latine ont rebondi, à l’exception de la Bourse de Mexico qui a atteint son plus bas niveau depuis quatre ans et demi en raison des inquiétudes suscitées par la politique économique expansionniste du futur président Andres Manuel Lopez Obrador.

 

Les taux soumis aux incertitudes politiques

La tourmente politique du Brexit, les doutes sur la politique budgétaire italienne, les craintes d’un ralentissement mondial, la chute des cours du pétrole et la volatilité des actions ont aiguisé l’appétit des investisseurs pour les dettes souveraines jugées les plus sûres. Le ralentissement de l’inflation en novembre (+2 % après +2,2 % en octobre) en zone euro devrait de plus conforter la stratégie de la BCE de n’abandonner que très progressivement son programme de soutien à l’économie.

En Europe, les rendements des emprunts d’Etat de référence ont clôturé le mois de novembre proches de leurs plus bas niveaux depuis trois mois. Le rendement du Bund allemand à 10 ans a ainsi terminé à 0,31%, soit en baisse de sept points de base sur le mois. En France, l’OAT à 10 ans a également reculé de 7 points de base à 0,68%.

Du côté des dettes périphériques, le rendement de l’emprunt à 10 ans italien a d’abord été pénalisé par la détermination de Rome à creuser le déficit budgétaire en 2019 contre l’avis de Bruxelles avant de repartir à la baisse dans l’espoir d’un accord avec la Commission européenne. Au final, le taux a cédé près de 22 points de base à 3,21%. Le mouvement de correction s’est poursuivi sur les marchés du crédit euro en novembre.

Les incertitudes (Brexit, Italie, Chine et Etats-Unis) ont continué de peser sur les valorisations alors que la liquidité s’amenuisait à l’approche de la fin d’année, augmentant ainsi la volatilité. Les risques idiosyncratiques et les avertissements sur résultats, notamment dans le Haut Rendement, se sont confirmés. Les actifs risqués ont particulièrement souffert avec une nette sous-performance des notations High Yield et des dettes hybrides et subordonnées.

 

Le scénario des gérants

Le scénario table sur une croissance du PIB mondial plus modérée en 2019 qu’en 2017 et 2018, mais qui reste solide. L’environnement de croissance et d’inflation reste en adéquation avec la fin progressive des politiques monétaires exceptionnelles menées ces dernières années. Les politiques protectionnistes constituent les principales menaces sur les marchés mondiaux.

Aux Etats Unis, la croissance du PIB est attendue proche de 2,5% en 2019, un peu plus basse qu’en 2018, mais toujours au-dessus du potentiel. La confiance des ménages et la croissance des revenus sont encore très élevés. Nous sommes toujours convaincus que la Réserve fédérale relèvera ses taux en décembre puis à trois reprises en 2019.

Les perspectives de croissance sont moins dynamiques dans d’autres régions du monde, la Banque centrale européenne devrait relever les taux en fin d’année prochaine alors que la Banque du Japon ne devrait pas changer sa politique monétaire de façon explicite.

Dans la zone euro, nous pensons que la croissance devrait ralentir entre 1,3% et 1,5% en 2019. Une croissance de 1,5% est toujours autour du potentiel et constitue un ralentissement bienvenu pour maintenir un rythme de croissance plus soutenable. Le programme de rachats d’actifs de la BCE devrait se terminer fin 2018, suivi d’une première hausse des taux fin 2019.

Au Japon, une croissance de 1,1% nous paraît réalisable en 2019. La demande extérieure devrait rester tendue, la Chine étant le principal partenaire commercial, mais les Jeux Olympiques devraient donner un coup de pouce.

Le ralentissement en Chine se confirme. Les principales préoccupations sont les suivantes : la croissance du crédit, le marché immobilier et les tarifs douaniers. La croissance devrait se situer entre 6% et 6,2% en 2019. Les mesures de relance étant plus complexes à mettre en œuvre que par le passé.