Le potentiel de hausse reste important sur les marchés d’actions européens

Asset Management - Avril était l’un de ces mois. L’un de ces mois durant lesquels tout s’apprécie : les marchés actions, les obligations de tous types, l’euro. Ce type de configuration n’est pas totalement exceptionnel mais suppose que différentes visions du monde s’affrontent : tandis que la vision reflationniste continue à pousser les actions toujours plus haut, les pressions inflationnistes demeurent toutefois trop peu pressantes pour provoquer une hausse des taux significative.

Alors que nombre d’investisseurs avaient commencé l’année circonspects devant les anticipations de bénéfices, des croissances à deux chiffres aux Etats-Unis et en Europe comme c’est souvent le cas, la première partie des publications du premier trimestre suggère que ces prévisions ne sont peut-être pas totalement irréalistes cette fois. Avec un peu moins de 40% des entreprises ayant publié en Europe et environ 45% aux Etats-Unis, les bénéfices sur un an glissant sont dans les deux cas significativement supérieurs aux attentes, et affichent leur meilleure progression depuis plus de 6 ans. Ce constat est d’autant plus frappant que ce sont les cycliques, et plus particulièrement les financières, qui tirent les indices vers le haut : les financières américaines et européennes affichent des croissances respectives de 18% et 24%. Bien sûr, une part non négligeable de la croissance de ces douze derniers mois est aussi liée à l’effet de base positif pour le secteur de l’énergie (+64% aux Etats-Unis et +40% en Europe) mais aussi des matières premières (+30% aux Etats-Unis et +25% en Europe).

S’il convient de rester prudent pour la suite de l’année, la bonne santé des entreprises, l’action des Banques Centrales et des primes de risque élevées sont autant de facteurs qui peuvent continuer à pousser les marchés actions vers le haut au cours de l’année.

La période récente l’a bien montré : lier les événements politiques au comportement des marchés présente de grands risques pour les investisseurs. Tout d’abord parce que prévoir ces événements politiques relève du pile ou face, dans bien des cas. Mais aussi parce que la conséquence d’une élection peut s’avérer bien différente de ce qui était attendu, pour un résultat donné. Au mois d’avril, force est de constater que les résultats du premier tour des présidentielles françaises ont donné un regain d’énergie au mouvement haussier qui était déjà largement entamé auparavant.

D’un point de vue géographique, ce regain d’énergie a profité aux valeurs françaises plus qu’aux autres : alors qu’elles ne représentent qu’une quinzaine de pourcents des capitalisations européennes, elles ont contribué pour plus du tiers à la performance des actions européennes au mois d’avril. D’un point de vue sectoriel en Europe, ce sont pour la plupart des valeurs cycliques qui ont connu les meilleures progressions sur le mois, aux premiers rangs desquelles les financières, les industrielles, ainsi que les biens de consommation discrétionnaires. Au final, les valeurs européennes en général, et de la zone euro en particulier, creusent leur avance en termes de performance sur l’année.

Mais cette surperformance est loin de réduire l’avantage du vieux continent en termes de valorisation. Et cette surperformance n’a pour l’heure attiré que très modérément l’attention des investisseurs : depuis la forte baisse qui avait ouvert l’année 2016, les fonds d’actions européennes avaient connu des rachats voisins de 10% de leurs encours, ce qui était plus sévère que les retraits subis en 20083. S’il a débuté, le retour des investisseurs reste pour l’heure encore timide, Il pourrait cependant apporter un nouveau facteur de soutien.

 

Bernard Aybran

Directeur de la multigestion - Invesco Asset Management

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