Post Covid-19 : la reprise sera européenne ou ne sera pas

Asset Management - La Banque centrale européenne (BCE) confirme le retour de l'Union européenne (UE) à la stabilité financière. La coordination des politiques budgétaires et monétaires permettra-elle enfin d'enclencher la relance post Covid ? Les explications de Thomas Planell, Gérant-analyste chez DNCA.

Normalisation des conditions de financement sur les marchés obligataires, redressement de la production de crédits bancaires aux entreprises et aux ménages : les signes d’un retour à la stabilité financière étaient confirmés par la Banque centrale européenne (BCE) jeudi dernier.

Mais à la veille du sommet européen, si Christine Lagarde considère que la banque centrale est aujourd’hui « correctement positionnée », c’est qu’elle souhaite rappeler en réalité les limites de son mandat et de la portée de son action.

Concrétiser le plan de relance

En exhortant nos dirigeants politiques à prendre le relais de la banque centrale : elle souligne non seulement la nécessité mais aussi l’urgence de concrétiser le plan de relance européen. Ce projet est inédit, moins en raison de la largesse de son enveloppe (750 milliards d’euros) que du mécanisme encore sans précédent en Europe de mutualisation des risques et de transfert budgétaire entre les États qu’il implique.

Si le sommet se conclut favorablement, l’Europe emmenée par le trio féminin Ursula von der Leyen (Commission Européenne), Christine Lagarde, Angela Merkel, (Présidence de l’UE) pourrait réaliser l’action coordonnée la plus forte de son histoire contemporaine.

Volontarisme de l’Allemagne

L’engagement inédit de l’Allemagne — réticente naturelle à l’expansion fiscale — sur une voie que nous prêtions exclusivement aux constituants méridionaux de l’Union, a déjà bousculé les attentes d’un marché trop habitué aux douloureuses tergiversations de la machine politique européenne.

Le volontarisme politique de la Chancelière, s’il parvient à ébranler jusqu’aux vieilles tables septentrionales de l’orthodoxie budgétaire pourrait préfigurer un changement radical d’époque institutionnelle en Europe. Comme le notait la BCE, les perspectives de coordination des politiques budgétaires et monétaires ont déjà produit leurs effets positifs sur la confiance des acteurs économiques domestiques.

Vers un compromis européen ?

Le changement de perception des investisseurs étrangers est lui aussi considérable : sur les marchés de capitaux internationaux, il s’est déjà traduit depuis plusieurs semaines par un net renforcement de l’euro, un débouclage des positions vendeuses sur les actifs de la zone et une compression de l’écart de la prime de risque de l’Europe vis-à-vis des États-Unis.

Charge à nos dirigeants d’entendre les doléances de leurs homologues du Nord et d’aboutir à un compromis : l’enjeu n’est pas moindre que le salut économique du continent. La reprise sera européenne ou ne sera pas.

Thomas Planell - DNCA

Gérant analyste

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