Politique monétaire : la BCE maintient le cap, aucun signe de fléchissement

Asset Management - Début 2021, la Banque centrale européenne (BCE) conserve l'orientation expansionniste de sa politique monétaire. Comment l'organisme va-t-il accompagner la relance post crise sanitaire dans la zone euro ? L'analyse d'Ulrike Kastens, Economiste Europe chez DWS.

Alors que les marchés financiers discutent d’une diminution des achats d’obligations aux États-Unis (« tapering ») depuis le début de l’année, cette question ne concerne pas la Banque centrale européenne (BCE) dans un avenir prévisible. Récemment, en décembre 2020, la BCE a encore renforcé sa politique monétaire, en augmentant de 500 milliards d’euros son programme d’achat d’urgence en cas de pandémie (PEPP), le portant à 1 850 milliards d’euros, et en prolongeant sa durée jusqu’en mars 2022 au moins.

Covid-19, soutenir la zone euro

Les principales raisons de cette mesure résident dans la faiblesse de la croissance économique, la persistance de l’incapacité à atteindre l’objectif d’inflation et le degré élevé d’incertitude économique résultant de la pandémie. Cette situation n’a pas changé depuis la dernière réunion de la BCE. Au contraire, pour le premier trimestre en cours en particulier, les mesures de confinement déjà adoptées dans les pays de la zone euro indiquent une nouvelle baisse du PIB.

À cet égard, la BCE devrait confirmer son évaluation des risques lors de la réunion de janvier 2021, malgré le début des vaccinations contre le Coronavirus. Il est donc peu probable qu’elle modifie quoi que ce soit dans sa communication. Concrètement, cela signifie que la BCE est prête à ajuster tous ses instruments. Et il est probable qu’elle évitera tout signe qui pourrait être interprété comme « restrictif » ou comme un changement dans sa communication.

Orientation expansionniste…

La question est plutôt de savoir si la BCE devra fournir davantage de stimulation monétaire si sa perspective déjà prudente de croissance du PIB de 3,9 % pour 2021 doit être révisée à la baisse en raison des confinements prolongés. Nous ne pensons pas que ce soit le cas. Bien que la reprise économique risque de subir un revers au cours de l’hiver en raison des multiples approvisionnements en vaccins, les chances d’une reprise significative à partir de l’été 2021 ont augmenté.

La BCE continuera à assurer des conditions de financement favorables avec ses achats mensuels. Le volume du PEPP est suffisant, sur la base des achats mensuels moyens de ces derniers mois. Il comprend même une sorte de « marge de sécurité » au cas où un volume d’achat plus important serait nécessaire en cas d’éventuelles distorsions du marché. Dans ce contexte, il est probable que la BCE maintienne son statu quo ces prochains mois.

…une constante en 2021 ?

La décision sur la manière de procéder devrait alors être prise au cours du second semestre 2021, lorsque la révision de la stratégie sera également achevée. Mais il serait illusoire de s’attendre à ce que l’orientation fondamentalement expansionniste de la politique monétaire change.

Ulrike Kastens - DWS

Economiste

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