Politique budgétaire : la flèche cachée de Shinzo Abe

Asset Management - Matières première, guerre commerciale, risque politique... La semaine dernière, les marchés financiers ont affiché d’importants accès de volatilité. Comment tirer parti de ce contexte économique ? Quelles allocations privilégier ? César Pérez Ruiz, Responsable des Investissements et CIO chez Pictet Wealth Management, partage son analyse.

Les pays de l’OPEP et leurs alliés se sont réunis à Vienne la semaine dernière afin de déterminer une stratégie de prix à l’approche de 2020. Compte tenu des pressions à la baisse que le ralentissement de la croissance mondiale et l’augmentation de l’offre de pétrole de schiste américain exercent sur les cours, l’Arabie saoudite a appelé les autres Etats pétroliers à réduire encore leur production.

Les négociations se sont prolongées jusqu’à tard dans la soirée de jeudi, et vendredi, un accord prévoyant de nouvelles baisses de production en vue de faire remonter les cours était signé. Nous restons positifs à l’égard du secteur de l’énergie.

Vers une guerre des monnaies ?

Donald Trump a tweeté ses dernières salves commerciales la semaine dernière, annonçant tout d’abord l’imposition de droits de douane sur les importations d’acier et d’aluminium en provenance du Brésil et de l’Argentine, après les récentes dévaluations du real brésilien et du peso argentin. Ce n’est pas la première fois, cependant, que les offensives commerciales du président américain prennent des allures de guerre des monnaies.

Donald Trump a ensuite brandi la menace d’une imposition de droits de douane additionnels de 100 % sur l’équivalent de 2,4 milliards de dollars de produits français. Raison invoquée : le caractère discriminatoire, aux yeux de l’administration américaine, de la taxe française visant les géants américains d’Internet. L’Union européenne n’a pas été épargnée non plus. Washington envisage désormais d’étendre les taxes douanières frappant les produits européens, en raison des subventions illégales accordées à Airbus. La riposte ne s’est pas fait attendre.

Relance budgétaire au Japon

Les réjouissances ne se sont toutefois pas arrêtées là, puisqu’à l’occasion d’une conférence de presse, Donald Trump s’est dit prêt à attendre que l’élection de 2020 ait eu lieu pour conclure un accord avec Pékin. Les marchés ont par conséquent affiché d’importants accès de volatilité, un thème que nous entendons exploiter, sachant que de tels épisodes semblent appelés à se répéter. Les options de vente (puts) que nous avons acquises récemment protégeront également les portefeuilles si aucun accord commercial n’est signé.

Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a annoncé un programme massif de relance budgétaire, deux mois à peine après la hausse de la TVA. Ce train de mesures — le premier de ce type depuis 2016 et l’un des plus importants depuis la crise financière mondiale — laisse penser que le Japon s’apprête à mettre en œuvre une version de la théorie monétaire moderne, les Etats profitant de taux d’intérêt extrêmement bas pour accroître leurs dépenses et soutenir leurs économies fragiles.

Quelle allocation privilégier ?

Nous privilégions le Japon ainsi que d’autres marchés bénéficiant directement de mesures de relance budgétaire. Les élections législatives au Royaume-Uni constitueront le temps fort de cette nouvelle semaine, puisque les Britanniques éliront jeudi un nouveau parlement, avec à la clé une perspective plus claire quant à l’issue du Brexit. La semaine qui commence sera également marquée par les dernières réunions de 2019 pour de nombreuses banques centrales.

César Pérez Ruiz - Pictet Wealth Management

Directeur des investissements & CIO

Voir tous les articles de César