Pétrole : quel impact de la baisse du baril sur le secteur bancaire européen ?

Asset Management - La crise du coronavirus a plongé les marchés financiers dans la panique. Dans ce contexte d'incertitudes extrêmes, les investisseurs sont confrontés à un choc pétrolier. Quel impact la baisse du prix du pétrole peut-elle avoir sur le secteur bancaire européen ? Les explications de Scander Bentchikou, Analyste-gestionnaire au sein de Lazard Frères Gestion.

Le prix du baril subit actuellement un choc d’office de grande ampleur qui, s’il s’avérait durable, devrait avoir des implications positives à moyen terme pour l’économie mondiale. Ce choc d’offre se conjugue avec une baisse de la demande. D’après l’Agence Internationale de l’Energie, la demande de pétrole pourrait baisser pour la première fois depuis 10 ans.

Impact sur la filière pétrolière

Bien que ce déséquilibre offre/demande puisse fragiliser les finances publiques des pays exportateurs de pétrole (Iran, Emirats arabes unis, Qatar, Bahreïn, Irak, Nigéria, Angola, Vénézuela, Equateur, Russie), la baisse du baril est une bonne nouvelle pour le monde en général, et pour l’Europe en particulier.

En revanche, elle aura des conséquences notables sur la filière pétrolière. Première conséquence de la baisse du cours du pétrole, la diminution des investissements pourrait se traduite par un fort ralentissement de l’activité des sociétés de services pétroliers, mais aussi par une forte réduction de la profitabilité des exploitants de pétroles de schiste.

Europe, exposition et risques

Le secteur bancaire européen catalyse une nouvelle fois les craintes du marché en la matière, et baisse dans les mêmes proportions que le Brent depuis la mi-février (plus de 30 %). Sans grande surprise, l’exposition des banques européennes au secteur pétrolier est significative, que ce soit en proportion de ses crédits ou — plus important encore — de ses fonds propres.

Pour autant, les montants d’exposition brute de chacune des banques européennes n’apportent en réalité que peu d’enseignements. Certains segments de la filière ne présentent pas — par nature — un profil de risque élevé : trade finance/négoce, majors/pétrolières intégrées, midstream/transport & stockage, entreprises publiques, filière gaz. D’autres à l’inverse, seront tout particulièrement exposés : producteurs indépendants, pétrole de schiste et services parapétroliers.

Pétrole : quel impact de la baisse du baril sur le secteur bancaire européen ?

Fonds propres des banques

En 2015 et 2016, le secteur bancaire européen avait également souffert des inquiétudes liées à la dégradation des perspectives du secteur pétrolier en abandonnant la moitié de sa capitalisation boursière. A l’époque, les encours sur le secteur pétrolier pouvaient paraître significatifs.

Mais nous avons depuis pu constater que l’exposition aux segments les plus risqués — secteur parapétrolier et producteur indépendants — n’était pas de nature à menacer significativement les fonds propres des banques européennes. Nous devrions donc bientôt en avoir la confirmation. A ce stade, nous estimons que moins de 5 % des fonds propres du système bancaire européen sont réellement à risque.

Scander Bentchikou - Lazard Frères Gestion

Analyste-gestionnaire

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