Pays d’Asie émergente : où en est la croissance ?

Asset Management - Fin mai 2019, les chiffres officiels montrent un ralentissement de la croissance dans les pays d'Asie émergente. Cette zone subit le contrecoup de la guerre commerciale sino-américaine. Quelles perspectives se dessinent pour les investisseurs ? Julien-Pierre Nouen, Directeur des études économiques et de la gestion diversifiée chez Lazard Frères Gestion, partage son analyse.

La plupart des pays d’Asie émergente ont publié leurs chiffres de croissance pour le premier trimestre, y compris l’Inde qui a publié le 31 mai. En supposant que le ralentissement attendu de la croissance indienne se confirme, la croissance des pays d’Asie ressortirait à +5,7 % sur un an au premier trimestre, contre +5,9 % lors des deux trimestres précédents. Cela constituerait un nouveau plus bas depuis dix ans.

Le détail des différents postes de la demande — que ne publie pas la Chine — montre que le ralentissement de la croissance en Asie émergente depuis deux trimestres s’explique principalement par l’investissement et les exportations. Par contre, la consommation privée reste globalement bien orientée dans ces économies.

Tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis

La montée des tensions protectionnistes explique sans doute une bonne partie de ces évolutions. Consécutivement à l’augmentation des droits de douanes sur les importations américaines de produits chinois, les exportations de la Chine vers les Etats-Unis ont chuté.

Le choc s’est diffusé aux autres pays d’Asie par le biais des chaînes de production, la Chine réduisant ses importations de produits intermédiaires, notamment de produits électroniques. Les tensions commerciales ont également eu un impact négatif sur la confiance. Il n’est donc pas étonnant que l’investissement s’affaiblisse.

Vers une amélioration du cycle manufacturier global ?

Les dernières statistiques dans les pays en amont de la chaîne de production — comme la Corée du Sud et Taiwan — montraient une légère amélioration du sentiment et des exportations depuis le point bas de février, ce qui laisse espérer du mieux sur le cycle manufacturier global.

Toutefois, cette amélioration coïncidait avec un apaisement des tensions commerciales sino-américaines qui n’est plus d’actualité, ce qui fait craindre une inversion de ce mouvement. La publication des enquêtes PMI de mai apportera un premier élément de réponse.

Julien-Pierre Nouen - Lazard Frères Gestion

Directeur des études économiques et de la gestion diversifiée

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