Or, mines et ressources naturelles : dégradation temporaire

Asset Management - L’or a finalement terminé le mois d’avril en légère hausse, loin cependant du sommet atteint en milieu de mois ($1295/oz). Si les tensions géopolitiques russo-américaines liées aux bombardements décidés par Donald Trump en Syrie, mais aussi aux provocations nord-coréennes ont pu soutenir le métal jaune, la moindre aversion au risque des investisseurs après les résultats du 1er tour de l’élection présidentielle française, ont calmé les ardeurs des investisseurs.

Du côté des marchés directeurs de l’or, la faiblesse du dollar US, au plus bas depuis novembre 2016 a constitué un élément positif. L’annonce d’élections anticipées par le 1er ministre UK Theresa May, entraînant la livre britannique au plus haut contre le dollar US depuis 7 mois a contribué à cette situation. Pas de réel soutien en revanche du côté des taux réels US qui sont restés stables sur la période, ni des anticipations inflationnistes, qui s’effritent depuis le top observé début janvier.

Sur le physique, les encours d’ETF adossés à l’or ont progressé de 28 tonnes (78 tonnes depuis janvier). Les positions ouvertes nettes acheteuses sur les marchés à terme ont augmenté de 5.2 Moz, soit environs 162 tonnes.

Tendances du marché de l’or pour le 1er trimestre 2017

Le World Gold Council a publié son rapport trimestriel, sur les grandes tendances du marché de l’or. Il en ressort que la demande d’or s’est établie à 1034.5 tonnes au 1er trimestre, en retrait de 18% par rapport au 1er trimestre 2016. Rappelons cependant que la demande observée en 2016 était la plus forte jamais observée pour un 1er trimestre.

Côté bijouterie, la demande demeure faible, ne totalisant que 480.9t, 1% seulement supérieure à celle du 1 er trimestre 2016 qui était le plus bas depuis 7 ans, et 18% inférieure à la moyenne des 5 dernières années (587.7t). A noter cependant, un rebond significatif de la demande indienne, +16% (92.3t). La demande chinoise, en revanche, s’est légèrement contractée (-2%) à 176.5t (vs 179.2t au T1/16).

Les banques centrales ont continué d’être nettes acheteuses d’or au 1er trimestre 2017, mais à un rythme moindre, 76.3t (-27% contre 16 104.1t au Trimestre 1). Les principaux acheteurs ont été une fois de plus la Russie, représentant à elle seule 64.9t, portant ses réserves à 1680,1t, soit 17% de ses réserves de change, au plus haut depuis le T1/2000. De son côté, le Kazakhstan a poursuivi ses achats pour le 54ème mois consécutifs, ajoutant 9.6t à ses réserves durant le T1/17.*

De son côté, l’offre d’or s’est contractée de 12% au 1er trimestre (1032t). Si la production minière a été relativement stable au 1er trimestre par rapport à l’année dernière (764t vs 768.8t au T1/16), l’or recyclé s’est affiché en forte baisse de 21%, mais par rapport à un très fort 1er trimestre 2016 (28t vs 360t). On notera enfin un 3ème trimestre consécutif de de-hedging (-15t vs +47.5t au T1/16) par l’industrie aurifère.

Quid des autres commodities ?

Marché globalement en berne pour les autres « Commodities » en avril, en dehors du charbon, métallurgique particulièrement, en rebond de plus de 60% sur le mois, alors que de violents cyclones ont affecté la production en Australie. La dégradation observée des indicateurs économique chinois et les tensions de son marché interbancaire ont pesé sur la tendance, s’ajoutant aux interrogations quant aux promesses de Mr Trump. Rappelons néanmoins que la demande américaine sur les commodities, si importante soit elle, est significativement inférieure à celle de la Chine. En avril, les cours de la plupart des métaux ont abandonné environs 2%/5% en avril, ceux du minerai de fer de près de 15%, pénalisés par ailleurs par la mauvaise orientation du marché de l’acier chinois.

Faiblesse du pétrole également dont les cours sont repassés en deçà du seuil des $50/b (Brent), après avoir testé de nouveau les $55/b en début de mois. La contraction observée des stocks US, encore trop modeste, n’a pas permis de soutenir les cours, alors que les positions spéculatives sur les marchés à terme se sont réduites de leur côté. La prochaine réunion de l’OPEP, prévue le 25 mai, sera clé pour la tendance à venir. Eu égard à la tendance récente observée, la probabilité d’un maintien de sa politique de réduction de sa production est élevée, et pourrait soutenir alors les cours.

Point boursier

Le momentum des Ressources Naturelles par rapport aux actions globales s’est globalement dégradé. Les tentatives de reprise du mois dernier ont fait long feu. Les matériaux s’en sont mieux sortis, notamment les valeurs papetières et du secteur du bois qui ont enregistré une fois de plus les meilleures performances en avril. La chimie, soutenue par de bonnes publications trimestrielles, et les matériaux de construction se sont bien comportés également. A l’inverse, les minières industrielles ont poursuivi leur consolidation, pénalisées par la baisse du cours des métaux, et du minerai de fer en particulier. Le secteur de l’énergie, a repris le chemin de la baisse en avril, dans la lignée des cours du pétrole.

Les mines aurifères, quant à elles, terminent le mois d’avril de nouveau en baisse, se rapprochant progressivement de leur niveau de début d’année. On notera la contre-performance significative des petites valeurs (GDXJ) ces dernières semaines. Une grande partie de ce mouvement s’explique par le changement de méthodologie opéré par le plus gros ETF investi sur ce compartiment dont la capitalisation ne dépasse pas les $25 Mds. En raison de ses importantes positions et le risque d’être dans l’obligation de marché de lancer des OPA sur les titres canadiens, dont il détiendrait plus de 20% (Ontario take-over bid rules), Van Eck a décidé d’étendre son univers d’investissement aux capitalisations allant de $2 Mds à $3 Mds, alors qu’il se limitait à celles inférieures à $2 Mds jusqu’à maintenant. L’annonce de cette nouvelle méthodologie qui prendra forme fin juin, avec à la clé une rotation de environs 55% de ses actifs, a entraîné immédiatement une pression vendeuse sur les petites valeurs présentes dans l’ETF au profit des valeurs moyennes potentiellement candidates.

Arnaud du Plessis

Gérant actions thématiques spécialisé sur l’or et les ressources naturelles

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