Or et actions : la fin d’un paradigme ?

Asset Management - Face à la crise du coronavirus, les banques centrales ont mis en place des programmes massifs de rachats d'actifs. A la clé, des liquidités abondantes. Ce phénomène inédit soutient donc en même temps les actions et l'or, valeur refuge par excellence. Quelles conséquences pour ce changement de paradigme ? Les explications de Thomas Planell, Gérant-analyste chez DNCA.

Le record de l’or cette semaine (1 600 euros l’once) est d’autant plus remarquable qu’il ne succède pas à un repli notable des actifs risqués. Au contraire, alors que le propre de leur relation est d’être inversement corrélés, le métal précieux et les actions s’expriment de concert à la hausse depuis plusieurs semaines. 

L’hégémonie mondiale des taux réels négatifs est au cœur de ce changement de paradigme. Afin de soutenir leurs économies, les banques centrales des États-Unis, de l’Europe et du Japon qui capitalisent plus de 50 % de la richesse mondiale ont ancré leurs taux de référence sous le niveau de l’inflation : une disposition particulièrement favorable à l’or.

Record mondial de liquidités

L’accroissement des agrégats monétaires globaux orchestré par les programmes de rachats d’actifs des argentiers centraux portera en 2020 la masse de la liquidité mondiale à un niveau-record. C’est autant un soutien pour les actifs financiers et réels (immobilier, or) qu’un sujet de préoccupation quant à la valeur de la monnaie, à terme.

Déjà déformée par les programmes de rachats d’actions financés à crédit au cours des dix dernières années, la structure financière des entreprises devrait continuer de loger toujours plus de dette, souscrite afin de faire face aux retombées de la crise pandémique.

L’or comme actif de réserve

Dans la sphère publique, l’endettement est également exponentiel et devrait persister. En Europe comme aux États-Unis, la lutte contre le chômage ne conditionne pas seulement la reprise économique : face au risque populiste ou à l’accroissement des inégalités, c’est aussi un enjeu de stabilité politique propre à rendre subalternes, pour les prochaines années, les conséquences budgétaires de son financement.

Dans ce contexte de liquidités abondantes, d’endettement public et privé record, d’incertitudes quant à leur effet à terme sur l’inflation et sur la valeur de la monnaie, l’or devient l’actif de réserve international et prospère quand bien même les signes de reprise macroéconomique soutiennent les actions.

Thomas Planell - DNCA

Gérant analyste

Voir tous les articles de Thomas