Marchés obligataires : une volatilité exceptionnelle

Asset Management - Que se passe-t-il sur les marchés obligataires ? Comment comprendre l'intervention de la Banque d'Angleterre (BoE) ? L'analyse de Julien-Pierre Nouen, CFA, Directeur des études économiques et de la gestion diversifiée chez Lazard Frères Gestion.

L’annonce par le gouvernement britannique d’un nouveau « mini-budget » composé essentiellement de baisses d’impôts non financées n’a été bien reçue ni par la Banque d’Angleterre, ni par le FMI, et encore moins par les marchés. En trois séances de cotation, la livre a baissé de 6 % contre le dollar et le taux à dix ans est passé de 3,50 % à 4,50 %. 

Contagion britannique

Des mouvements d’une telle ampleur sont le signe d’un marché qui ne fonctionne plus correctement. Ce mouvement a d’ailleurs forcé la Banque d’Angleterre à annoncer mercredi 28 septembre une intervention exceptionnelle par laquelle elle achètera 5 milliards de livres d’obligations du Trésor britannique par jour sur une période de 13 jours. Le taux à dix ans, qui s’était approché de 4,60 % à l’ouverture de mercredi, a ainsi clôturé la séance à 4,0 %. 

La volatilité des taux britanniques s’est propagée aux autres marchés. Cette phase exceptionnelle s’inscrit dans un mouvement plus large de forte hausse de la volatilité sur les marchés obligataires depuis plusieurs mois. Le graphique ci-dessous montre la volatilité sur six mois des futures sur les obligations à dix ans. 

Marchés obligataires : une volatilité exceptionnelle
Source : Bloomberg, au 29 septembre 2022.

Nervosité des investisseurs

Aux Etats-Unis, la volatilité reste encore inférieure aux sommets atteints lors de la crise financière de 2008-2009. Sur les taux allemands, elle dépasse en revanche les niveaux atteints lors de la crise de la zone euro. Une telle volatilité sur les actifs de référence, souvent les plus liquides, est le signe de la grande nervosité des investisseurs dans un contexte de dégradation de la liquidité des marchés. Tant que les incertitudes ne seront pas levées sur la trajectoire à venir des taux des banques centrales, il est probable que cette volatilité va perdurer.

Achevé de rédiger le 30 septembre 2022 

Julien-Pierre Nouen - Lazard Frères Gestion

Directeur des études économiques et de la gestion diversifiée

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