Marchés financiers : the art of the deal

Asset Management - Malgré la persistance des risques économiques, les marchés actions sont repartis à la hausse. Quelles sont les perspectives pour l'allocation 2020 ? Faut-il s'attendre à une croissance molle ou à une récession ? Igor de Maack, Gérant et porte parole de la Gestion chez DNCA Finance, partage son analyse.

Donald Trump a encore semé la zizanie sur les marchés en défendant publiquement les Ouïghours, cette minorité musulmane habitant le Xinjiang, une région montagneuse du Nord-Ouest de la Chine. Après la défense des manifestants à Hong Kong, c’est la deuxième brèche que le Président américain ouvre dans les affaires intérieures chinoises.

Ces passes d’armes sont peut-être le symbole de l’état paroxystique des négociations commerciales entre les deux superpuissances. L’art du « deal » consiste à faire douter sa contrepartie jusqu’à la signature pour maintenir une pression destinée à obtenir des concessions. Les investisseurs envisagent toujours la signature d’un accord mais le chemin pour y parvenir demeure sinueux.

Hausse des marchés actions

Après cette correction, les marchés actions sont repartis à la hausse. La situation des taux d’intérêts n’a guère évolué et tous les regards commencent à se tourner vers 2020 : risques à la hausse ou à la baisse pour l’économie ? Intervention ou non des banques centrales ? Retour de l’inflation ou non ? Les prévisionnistes écartent pour l’instant l’hypothèse d’une récession, tout au moins, au premier semestre aux Etats-Unis comme ailleurs.

Les pessimistes avancent toujours les mêmes arguments et ce, depuis longtemps : la croissance mondiale reste faible (inférieure à 3 %), les problèmes politiques persistent — mais il y en a toujours eu — et les politiques monétaires accommodantes ont accouché d’un monde sans rendement — mais les dividendes versés par les actions sont élevés.

Relative sérénité économique

L’allocation pour 2020 devrait rester assez identique à celle proposée en 2019 et ce, malgré la hausse de plus de 20 % des indices actions. Il n’existe pas d’alternative aux actions dans un scénario de relative sérénité économique. Même si les bénéfices ne sont pas forcément au rendez-vous de leurs prévisions, les entreprises parviennent à contourner ce manque de croissance organique par la croissance externe.

L’apaisement temporaire des tensions commerciales peut également créer un cadre plus propice à la reprise des échanges mondiaux. Loin d’être des optimistes convaincus, il faut toutefois se rendre à l’évidence. Une fois encore, le monde ne s’est pas écroulé en 2019. Même si la thématique d’urgence écologique doit être entendue, l’humanité n’est pas encore au bout de son existence. Elle doit, elle aussi, « négocier » désormais avec son environnement, qui lui rappelle l’importance de son équilibre et de sa saine gestion.

A quand le changement ?

Des talents de négociateur, il en faudra aussi à Emmanuel Macron qui affronte une grève sans précédent — à part peut-être celle de 1995 — contre la réforme du régime des retraites. Le Président français dispose de peu de marges de manœuvre après son recul à la suite du mouvement des gilets jaunes fin 2018.

Son prédécesseur — et mentor — lors de sa campagne présidentielle avait pourtant décrété que « le changement c’est maintenant ! » Pourtant, le changement semble encore bien difficile à enclencher en France.

Igor de Maack - Vitalépargne Paris

Associé – Dirigeant

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