Marchés financiers : restrictions

Asset Management - La pandémie continue de progresser, les restrictions devraient donc se renforcer en Europe. Un scénario « en W » s’impose petit à petit comme le cas central en Europe. En Turquie la dépréciation de la lire s’accélère, une réaction forte de la banque centrale semble inévitable.

Nous en avions parlé à plusieurs reprises par le passé, la lire turque est sous pression et les derniers jours montrent une accélération très marquée de la dépréciation. Depuis le début de l’année, la lire a perdu 36% de sa valeur contre dollar et 44 % contre euro. 

Cette crise est essentiellement le résultat d’une politique économique hasardeuse en particulier avec une politique monétaire inappropriée parce que beaucoup trop laxiste pour une économie qui connait de profonds déséquilibres financiers tant extérieurs qu’intérieurs.

Turquie en chute libre

Nous en avions parlé à plusieurs reprises par le passé, la lire turque est sous pression et les derniers jours montrent une accélération très marquée de la dépréciation. Depuis le début de l’année, la lire a perdu 36 % de sa valeur contre dollar et 44 % contre euro. 

Cette crise est essentiellement le résultat d’une politique économique hasardeuse en particulier avec une politique monétaire inappropriée parce que beaucoup trop laxiste pour une économie qui connait de profonds déséquilibres financiers tant extérieurs qu’intérieurs.

La banque centrale a bien augmenté ses taux le 23 septembre pour juguler la baisse, mais cela est resté trop timide. Les taux directeurs restant largement sous le niveau de l’inflation, cela nous semblait donc très insuffisant. Il faut aussi noter que les réserves de change ont baissé de 47 % depuis le début de l’année, en particulier la banque centrale a essayé de freiner la dépréciation entre mars et juillet sans grand succès.

Quelle suite ? La banque centrale avait augmenté ses taux de 200 pdb en septembre cette année, mais en 2018 lorsque la devise était là aussi sous pression elle avait été obligé de faire 850 pdb le 28 mai suivi de 125 pdb le 7 juin. Nous nous acheminons tout droit vers un scénario similaire, ce qui aura évidemment des conséquences très négatives sur l’économie.

Bien sûr cette crise économique a aussi un corolaire politique, avec le risque que le pouvoir en place veuille faire diversion sur des sujets géopolitiques pour faire oublier à la population le problème économique.

Pandémie de Covid…

La progression de l’épidémie un peu partout en Europe reste le sujet principal à court terme. Même si beaucoup de commentaires se concentrent sur le nombre de contaminations, cet indicateur n’est pas le meilleur, il dépend du nombre de tests effectués et de leur sensibilité. Il est donc illusoire de comparer les deux vagues avec ces chiffres.

En revanche les données du gouvernement sur le nombre d’hospitalisations et le nombre de réanimations sont toujours sur un chemin exponentiel comme le montrent nos agrégations sur le graphique suivant. Seul (petit) point positif, le taux de « transition », c’est-à-dire la proportion de personnes admises à l’hôpital qui vont en réanimation, a baissé très nettement depuis la première vague, il est passé de 25 % à 15 %.

Un signe que les traitements alternatifs fonctionnent mieux. Mais ce n’est évidemment pas suffisent. Toujours d’après le gouvernement le taux d’occupation des lits en réanimation était de 54,6 % ce lundi 26 octobre, un niveau qui dépasse largement la cote d’alerte.

…et restrictions

Il faut donc craindre, une fois de plus de nouvelles mesures. Le cas français n’est pas isolé. L’Italie a instauré la fermeture de des lieux culturels et sportifs, alors que les restaurants doivent fermer à 18h. L’Espagne a de nouveau mis en place cette semaine un couvre-feu à 23h.

La progression en Allemagne fait aussi craindre des mesures additionnelles. En termes économiques nous percevons déjà les effets négatifs. Ce lundi 26 octobre, l’indice allemand Ifo de confiance dans l’industrie a faibli, avec en particulier les attentes qui se sont repliées de plus de deux points.

Nous restons très loin du plongeon du printemps dernier, mais l’effet est incontestable. Au-delà de l’impact direct du confinement, ces chiffres montrent aussi qu’il y aura des effets indirects, en particulier sur l’investissement qui devrait rester très prudent et donc qui va peser sur la reprise.

Autre point à souligner l’écart qui se creuse avec la Chine. Les chiffres préliminaires du PMI européen ont fléchi en octobre et font craindre une croissance du PIB au T4 très faible, et même probablement négative tant l’indice dans les services à baissé (46,2). En revanche en Chine l’indicateur était à 55,9 le mois dernier et il est attendu en légère hausse.

Un découplage Chine/Europe notable avec une sortie de crise qui se poursuit en Chine alors qu’un scénario « en W » s’impose petit à petit comme le cas central en Europe.

Stéphane Déo

Stratégiste au sein de la gestion à la Banque Postale Asset Management.

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