Marchés financiers : rentrée (et lutte) des classes ?

Asset Management - Cette semaine, le Groupe Vitalépargne publie sa deuxième lettre mensuelle d’informations nommée « La Plume ». Cette lettre est rédigée par Igor de Maack, ancien gérant de fonds chez DNCA, qui a récemment rejoint Vitalépargne pour accompagner les Associés Fondateurs dans la gestion de leurs fonds, renforcer la communication financière du Groupe et développer une clientèle Family Office.

Le mois de septembre a sonné la rentrée des classes après six mois d’interruption pour les écoliers et les étudiants. Pour les épargnants, ce mois de septembre devait confirmer la reprise et c’est le cas même si la Chine demeure le grand bénéficiaire de la relance dans le reste du monde.

Les exportations chinoises qui avaient souffert dès la mise en quarantaine de Wuhan en janvier ont dépassé de 10 % leur niveau d’août dernier. Alors que les pays développés vont afficher des déficits abyssaux (entre 10 et 15 points de PIB), la Chine contrôle mieux ses outils budgétaires.

La guerre tarifaire menée par le gouvernement de Donald Trump n’aura rien changé. Les Chinois continuent d’être incontournables dans le système économique global tant sur la production que sur la consommation.

Covid, impact économique…

Sur les marchés actions, le mouvement dichotomique entre les indices à dominante technologique et les indices « value » se poursuit. Ainsi, même si le Nasdaq a enregistré des baisses journalières importantes, il continue toutefois d’afficher une performance insolente de + 24 % contre – 19 % pour le CAC 40 depuis le début de l’année.

Les mesures de confinement partiel plus larges en cas de deuxième vague conséquente de la Covid continueront de favoriser l’indice actions phares du monde technologique. Avec cette rentrée des classes, il est évidemment aussi question de « lutte » des classes car la crise de certains secteurs va déclencher de nombreux licenciements.

Aux États-Unis, les compagnies aériennes ont annoncé des plans de départ massifs — 19 000 employés pour American Airlines, 2 000 pilotes pour Delta Airlines. En France, la vague des plans sociaux dans l’industrie s’annonce aussi (Nokia, Airbus, etc.).

…et accélération des inégalités

La Covid est un accélérateur mais elle accélérera aussi les inégalités, comme toute crise. Il faudra s’en souvenir au moment de mettre des bulletins dans les urnes aux différentes élections qui se profilent dans le monde développé dans les deux prochaines années.

À côté de la lutte des classes sociales, il faut aussi observer la lutte des classes…d’actifs. Les investisseurs restent polarisés entre sécurité/valeurs technologiques et le monde plus volatile des actions européennes/pays émergents.

Les obligations d’État sont toujours un refuge confortable malgré leur déficience de rendement. Le philosophe grec Platon avait incité l’homme moderne à s’instruire et s’éveiller par la connaissance en sortant de sa « caverne ». La Covid, elle moins philosophe, risque de nous imposer de demeurer confinés encore un peu plus longtemps dans nos cavernes.

La valeur du mois : Véolia

L’offre de Véolia sur son concurrent français Suez Environnement impliquant Engie qui possède 31,7 % du capital de ce dernier créera le leader mondial des services à l’environnement au sens large. Un monde global nécessite des leaders globaux (Total, Air Liquide, LVMH). C’est le projet de Veolia.

Mais les dirigeants de Suez Environnement remuent ciel et terre pour empêcher une opération qui aurait déjà dû avoir lieu. Ils ont d’ailleurs placé les activités de distribution d’eau en France de Suez Environnement au sein d’une fondation de droit néerlandais pour les rendre inaccessibles à tout prédateur.

Étrange Europe qui autorise et tolère des mécanismes contraires à la libre circulation des capitaux et à l’exercice du droit de la propriété. Ce potentiel ménage à trois sous l’égide d’un État actionnaire parfois peu diligent démontre à quel point le capitalisme publico-étatique doit être définitivement réformé en France.

Le mot de la fin

Selon le célèbre média « The New York Times », plus de 73 millions de spectateurs — hors streaming — ont assisté au premier des trois débats opposant Donald Trump à Joe Biden. Au regard de leurs échanges, peut-on supposer que la télé-réalité ait encore de beaux jours devant elle ?

Igor de Maack - Vitalépargne Paris

Associé – Dirigeant

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