Marchés financiers : l’inflation en ligne de mire

Asset Management - En dépit d'un environnement propice à la hausse des taux, les marchés restent mesurés dans l'ajustement — malgré une forte volatilité sur les taux et la pente des taux. Le point avec Olivier Guillou, Directeur de la gestion chez Ecofi.

L’actualité économique de la semaine a été dominée par les statistiques américaines. L’inflation américaine « headline » a de nouveau dépassé les attentes en octobre : celle-ci est passée de 5,4 % à 6,2 % au plus haut depuis novembre 1990, alors que l’indice core a progressé de 4 % à 4,6 %, au plus haut depuis août 1991. Le pic reste encore à venir avec une possibilité de 7 %.

Ambivalence des marchés

Suite à ce chiffre d’inflation, les rendements obligataires se sont tendus : le taux à 10 ans américain est ressorti en hausse de 11 points de base sur la semaine, à 1,56 %. En dépit d’un environnement propice à la hausse des taux, les marchés restent mesurés dans l’ajustement malgré une forte volatilité sur les taux et la pente des taux. Cette ambivalence traduit un contexte incertain à plusieurs égards :

  • En premier lieu, les banques centrales — et particulièrement la Réserve fédérale — semblent piégées par le caractère non transitoire et partiellement structurel de cette inflation et peinent à communiquer sur un calendrier clair ;
  • En second lieu, la Chine est confrontée à un marché du Fixed Income particulièrement heurté, en lien avec la débâcle du secteur immobilier ;
  • En troisième lieu on constate des tensions géopolitiques persistantes : Biélorussie/Union européenne ; Ukraine/Russie ; Taiwan/Chine ; Royaume-Uni/ Union européenne (Irlande du Nord) ;
  • Enfin, la situation liée au Covid inquiète en Europe du Nord, à l’exception de la Suède, et conduit certains pays à durcir leur doctrine sanitaire.

Stratégie des banques centrales

Néanmoins, la stratégie des banques centrales risque de se heurter à une modification de la perception des investisseurs, qui devront prendre en compte le caractère non transitoire des effets de la hausse des prix. Même si l’effet de base de l’énergie va s’effacer, d’autres composantes peuvent alimenter la hausse (prix des matières agricoles, salaires).

Nous constatons que le consensus pour l’inflation américaine s’établit à plus de 3 % pour 2022 — niveau peu compatible avec un taux à 10 ans nominal de 1,5 %. Un objectif de taux à 1,75 % fin 2021 nous semble plus réaliste.

Quelles perspectives à venir ?

Dans cet environnement qui aurait pu déclencher un mouvement de « flight to quality », les marchés d’actions ont bien performé (CAC40 à 7091 points, soit +0,7 % sur la semaine), soulignant la confiance des investisseurs dans la poursuite du rebond des économies, dans la réduction des désordres des chaînes d’approvisionnement et dans le rebond des stocks.

A court terme, la tendance future est plus incertaine — compte tenu du chemin parcouru avec une hausse de l’or sur la semaine de +2,6% à 1864,9 dollars l’once qui pourrait être le signal d’une pause/correction pour la fin d’année.

Olivier Guillou - Ecofi

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