Marchés financiers : les perspectives de rendement sont-elles contagieuses ?

Asset Management - Les marchés semblent avoir fait abstraction du coronavirus. En attendant, les perspectives de rendement continuent d'être peu encourageantes. Qu'espèrent les investisseurs ? Thomas Bucher, stratège actions chez DWS, partage son analyse.

Ce fut rapide : après quelques jours de panique boursière due au nouveau coronavirus, les marchés financiers semblent être à nouveau en phase de reprise. C’est du moins ce que nous pouvons penser en observant le S&P 500, qui est à peu près revenu dès ce mercredi à son niveau d’avant crise, lorsque l’épidémie en Chine a commencé à être largement signalée. Cela est remarquable : même si le virus venait à être maîtrisé, de nombreux dommages économiques ont déjà été causés. En outre, les coûts économiques risquent d’augmenter chaque jour, probablement bien au-delà du pic des nouvelles infections.

L’impact économique

Cette « contagion économique » touche également les entreprises américaines, par exemple celles qui dépendent des touristes chinois, des vols vers la Chine, des consommateurs en Chine ou des usines de production de la province du Hubei. L’impact se fera probablement sentir principalement dans les chiffres du premier trimestre, avec des effets similaires sur les chiffres de l’année entière : les cours d’actions pourraient rester similaires mais avec des bénéfices plus faibles.

Cela peut également impliquer que le S&P bénéficiera à nouveau d’une augmentation de la valeur — le seul facteur presque entièrement responsable du rallye du S&P 500 en 2019, si nous prenons comme base les bénéfices de 2019, qui n’ont pas augmenté par rapport à 2018. Pour l’instant, le marché est tourné vers l’avenir. Et pour 2020, il s’attend (encore ?) à ce que le S&P 500 affiche une hausse des bénéfices de 8,5 % selon les prévisions collectives de revenus.

Marchés financiers : les perspectives de rendement sont-elles contagieuses ?

Sauvetage des banques centrales

Ce qui pourrait le plus faire bouger les marchés à moyen terme, sont les changements de prévisions. Comme le montre notre graphique de la semaine, les perspectives semblent plutôt sombres. Depuis juillet 2019, le S&P 500 a gagné 17 %, mais les estimations de bénéfices pour 2020 ont baissé de 3,6 %. Sans surprise, les secteurs cycliques en sont responsables, tandis que les secteurs défensifs — services publics, soins de santé, immobilier et consommation défensive — ont si peu contribué à cette évolution qu’ils se sont même pas inclus dans le graphique ci-dessus.

La seule valeur positive a été une fois de plus le secteur technologique, qui a réussi à dépasser les attentes élevées pour le quatrième trimestre de 2019. Mais dans l’ensemble, il est peu probable que l’impact du virus se reflète encore dans les prévisions générales. Alors pourquoi les investisseurs prétendent-ils si nonchalamment être à l’abri d’une nouvelle alerte sanitaire ? Peut-être parce qu’ils attendent ce qu’ils considèrent comme le bon remède pour les économies et les marchés faibles : l’argent facile des banques centrales. La Banque populaire de Chine a déjà servi la première dose.

Thomas Bucher - DWS

Stratège actions

Voir tous les articles de Thomas