Marchés financiers : le tube de dentifrice

Asset Management - Cette semaine, le Groupe Vitalépargne publie sa sixième lettre mensuelle d’informations « La Plume ». Cette lettre est rédigée par Igor de Maack, ancien gérant de fonds chez DNCA, qui a rejoint Vitalépargne pour accompagner les Associés Fondateurs dans la gestion de leurs fonds, renforcer la communication financière du Groupe et développer une clientèle Family Office.

Karl Otto Pöhl — ancien banquier central de la Bundesbank qui a commencé sa carrière comme journaliste sportif — avait l’habitude de dire que l’inflation devait être combattue car comme le dentifrice. Une fois sortie de son tube, il est difficile de l’y remettre.

L’instant marché financier

Sa clairvoyance, probablement dûe à un souvenir historique des années d’hyperinflation sous la République de Weimar, a éclairé les débats sur le monétarisme allemand des années 1980 et a conduit quasiment toutes les banques centrales du monde à lutter contre ce fléau financier; cette arme de destruction massive de l’épargne.

Les récentes anticipations de hausse d’inflation aux États-Unis et en Europe au-dessus des objectifs cibles, ont récemment fait grimper les taux d’intérêt. Fruits d’une hausse des prix des facteurs de production après l’arrêt des économies lié à la pandémie, ces hausses des indices des prix ont pris à revers les investisseurs notamment sur les valeurs les plus chères du marché, très sensibles à la montée des taux longs.

Le prix du baril vise désormais les 70 dollars — ce qui ravive l’intérêt pour les valeurs pétrolières — et partout dans le monde les matières premières ou les produits manufacturés d’assemblage (les semi-conducteurs, par exemple) souffrent de pénuries en raison des récentes ruptures de production et de la reprise de la demande.

…la repentification des taux

Pour les investisseurs financiers, un changement radical de l’environnement obligataire constitue un risque et d’abord une potentielle remise en question. Ainsi, le taux de l’obligation d’État américain, à 10 ans, a-t-il atteint la semaine dernière 1,6 % et continue de peser sur la courbe de taux longs et sur les marchés boursiers.

Cette pentification des taux est pourtant de bonne augure et naturelle car elle épouse le mouvement économique court terme. Elle reflète le mouvement de reprise même si celle-ci peut encore être contrariée par le développement du virus et le succès encore mitigé de la campagne de vaccination. Elle entraîne naturellement la correction des valeurs de croissance et des valeurs technologiques (notamment le Nasdaq). Qui s’en plaindrait après ces performances hors du commun ?

Les liquidités déversées sur les économies et marchés par les banques centrales et les plans de relance produisent ce qu’on leur demande de produire : la reflation… Ce scénario, nous l’avons connu après la grande crise de 2008. Certains s’en plaignent et doutent de la légitimité des mesures. Pourtant, il n’existe aucune autre solution actuellement. Sauf peut-être pour Donald Trump, qui est réapparu en Floride dans l’hypothétique course à la Présidentielle américaine de 2024.

La valeur du mois : HRS

Cette valeur « verte » spécialisée dans la fabrication de stations d’hydrogène a connu un démarrage spectaculaire en bourse après son introduction sur le marché (+ 67 %).

Dans le sillage de McPhy Energy — dont le cours a explosé depuis sa mise sur le marché en 2014 —, ces valeurs liées à l’hydrogène pourraient être les nouvelles pépites technologiques de l’Europe, à défaut d’avoir des valeurs numériques et internet..

Le mot de la fin

L’année 2021 est l’année du buffle de métal dans le calendrier chinois, comme douze ans avant en 2009, ce qui pourrait être une heureuse coïncidence. Le buffle ou le taureau sont des symboles d’année providentielle en bourse. Le métal étant souvent assimilé au labeur dans la symbolique chinoise, pouvons-nous alors en déduire que la performance passera donc par le labeur ?

Igor de Maack - Vitalépargne Paris

Associé – Dirigeant

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